samedi 26 janvier 2008

Ce blog est jeune, excusez sa fougue !

KBB, je te répondais en commentaire et voilà que là encore, ça s'étend, ça s'allonge et je me dis que ce sera le post de ce samedi... merci ;o)
Bon, il est tôt ce matin et tu me prends au saut du lit, KBB, mais je vais essayer de te répondre de façon intelligente, sans faire ma chroniqueuse du "dimanche"...

Alors tout d'abord, je ne sais pas ce que tu veux dire par ne pas accorder autant d'intérêt à tous mes lecteurs, je suis honorée (sincèrement) qu'autant de gens prennent le temps de lire ce qui n'est qu'une façon "d'exorciser mes démons", je suis impressionnée de voir que ce que je dis peut toucher, intéresser ou interpeller... et je suis encore plus heureuse quand je vois que ce que j'écris donne lieu à d'autres écrits comme tous vos commentaires (le tien, par sa longueur me réjouit encore plus et j'ose dire qu'il me flatte...) j'ose croire que le temps que tu m'as accordé (en rédigeant ce comm') est le témoin d'un petit intérêt pour ce que j'écris, malgré tous mes défauts...

Pour en terminer avec la forme, je ne prétends pas à l'objectivité, loin de là, et c'est aussi pour cela que l'avertissement au lecteur existe... on me l'avait recommandé et je crois que c'était nécessaire: effectivement, dans mon "autre" vie, je retranscris des événements de façon hyper objective et sans aucun jugement (positif ou négatif), j'ai donc vu les points les plus importants et les personnes concernées lors de cette conférence, rassure toi...
Ce billet, publié dans un blog qui plus est, était plus "humoristique" (oui, c'est pas le mot... mais j'en trouve pas d'autres, là! sarcastique ? ironique ? ), disons comme quelque chose qui devait sortir, que je devais dire, comme tous mes "coups de sang", qui, je crois, sont un peu la "marque de fabrique" de ce blog...

"Je voulais te tomber dessus, estimant raisonnablement que quelques mois seraient suffisants pour que tu aies exorcisé ces « démons » ramenés d’outre méditerranée et qui, je le déplore, gâchent un tel talent et par la même, le plaisir de te lire. Les formules genre « le plus beau pays du monde » etc ne me paraissent pas en être dignes. Il y a des scribouillards à la petite semaine dont c’est le sport favori. Pas toi."
leplusbeaupaysdumonde est pour moi, bien sûr, la plus belle des ironies et un petit truc entre nous...
Maintenant mes démons, je ne sais si je pourrais les exorciser même en plusieurs années (c'est grave, docteur?), ils ne viennent pas que de l'autre côté de la Méditerranée comme tu dis. Me ballader dans le Maroc réveille des démons, comment pourrait-il en être autrement avec tout ce que j'y vois... je termine mon billet sur quelques exemples: la mortalité infantile augmente! et on se fout de la gueule des Maliens ou des Somaliens? les élections sont une grosse blague, le système de santé me rend malade, Abbas et plusieurs de ses collègues sont incolores, inodores, effacés alors que le Maroc n'a besoin que d'hommes prêts à prendre des décisions, à faire bouger les choses, comme ces milliers de gens que j'ai rencontré artistes, ministres, associatifs, journalistes, simples humains qui me redonnent le sourire après tout ça, sourire que je reperds aussitôt en voyant autre chose... c'est ça, mes démons, et je crois qu'ils habitent beaucoup d'autres...
seulement moi je ne sais pas (encore?) les exprimer de façon raisonnable, posée, calme etc... je te l'accorde


maintenant sur le fond: tu as raison, tu avais l'air d'y être en plus (je savais, j'aurais du supprimer le "manteau rouge"!!! grillée!)...

oui, c'était au Habbous, mais les Habbous sont à côté de la primature... (et on nous a fait un petit suspense d'une demi-heure, genre attendez, on sait pas si ça aura lieu à la primature ou au Habbous, à la fin la moitié d'entre nous nous ont rejoint en panique aux Habbous...) mais ça n'excuse pas le manque de précision, tu as raison...
alors oui, mes jugements sont "indécents", j'ai d'ailleurs beaucoup hésité avant de publier un billet qui nomme Abbas (impossible de mettre son nom de famille, tu as vu, ce qui en a induit plusieurs en erreur... mais je me sentais mal de le nommer complètement, en même temps sans nom, quel intérêt?) Maintenant, j'ai grandi en France et pour moi critiquer Sarko, Le Pen, Hollande, Royal et tous les autres, les traiter de tous les noms est très facile, mais ici j'ai plus de scrupules, va savoir pourquoi (encore un démon ?, le Maroc et moi ont est pas encore complètement réconcilié, disons qu'on s'est pas totalement adoptés tous les deux... en même temps, je sais que c'est plus dur ici de parler de tout cela, même si, Chams a raison, il y a mille fois pire chez nos voisins!)

oui, je ne connais pas bien le Maroc d'avant que je sois née (ni celui d'uajourd'hui d'ailleurs), mais je persiste à penser qu'Abbas a ânonné son discours, qu'il n'a pas été à la hauteur... et qu'à Marrakech (où je ne suis pas allée pour lui, rassure toi, j'ai appris au dernier moment qu'il était présent à l'exposition que je couvrais...), qu'à Marrakech, donc, sans Chami (encore) qui lui soufflait les noms des gens, des entreprises etc... il n'aurait pas su quoi faire... et puis, avouons-le Abbas est aussi là pour ça, un Premier Ministre est aussi et surtout le fusible qui se prend tout dans la gueule pour son boss (Fillon est un "couillon", Raffarin, le "crétin" de service, Abbas l'a dit lui-même, il ne prendra pas de décisions de son propre chef, il est un exécutant et se cantonne trèèèèèèès bien à ce rôle...)

pour les flics, je n'ai pas exagéré, au moins trois quatre fois, ils ont pris ma carte nationale, vérifié mon nom avec le "commissariat central" et en plus, ces "men in black" (non, pas SORTIS d'Hollywood, tu as raison, mais QUI SE CROIENT sortis d'Hollywood) m'ont interrogées (on en est même arrivés à aslik mnin? sans commentaires...)
non, je ne relèverai pas ton ironie concernant mon manteau et les flics attirés... même analyste du dimanche, je ne me focalise pas que sur des détails...
un détail cependant (non, je ne me contredis pas!!! ;o) d'ailleurs je crois que c'est toi qui te contredis: tu parles de "ton post ( aussi mérité soit-il ) prétend ( avec brio ) au rang de chronique et, à ce titre, devrait se plier aux exigences d’un tel exercice" puis tu en fustiges " la prétention": ce post n'avait aucune prétention, comme tous les autres, je ne suis ni diplômée en politique (;o) comprenne qui pourra), ni professionnelle de la chronique, je m'exprime c'est tout! pour les quelques lecteurs qui daigneront, comme toi, porter leurs regards vers mes écrits...
tu es toujours le bienvenu en tout cas, et continue avec tes commentaires, en fait, ça m'aide vachement, en faisant le point avec toi, je me mets aussi au clair avec moi et "mon" Maroc (qui lui est vraiment le plus beau pays du monde (mais en 6 mots cette fois, tu noteras)) beaucoup de parenthèses à fermer, je me suis encore égarée...

deux tous petits points pour KBB: tu étais là? tu étais qui?
et peux-tu m'expliquer: "dans ces médias, « qui ne sont pas caniches », où tu as publié cette humeur" (je n'ai publié cette humeur nulle part ailleurs que sur ce blog, qui n'est pas un média... pas compris là, j'avoue...

jeudi 24 janvier 2008

Abbas dans tous ses états

Vendredi dernier, conférence avec... Abbas (yes, the real one !) et j’en avais vu de toutes les couleurs, mais je m’abstenais d’écrire. Et hier, je me suis encore retrouvée avec ce grand homme… alors là, il l’a bien mérité son post !

Bon, je vous passe le spectacle affligeant de moi, à la primature, perdue au milieu de tous les flics qui veulent m carte nationale, ma carte de presse, qui font semblant de vérifier sur leurs talkie-walkie que je suis pas rentrée en fraude, alors que tous les cinq mètres, des petites grappes de mecs sortis tout droit d’Hollywood avec le kit costume-lunettes noires-oreillettes, me questionnent, font semblant de m’indiquer la direction (ra7 hna ehe fi hadek jay…)… genre j'ai l'air d'une terroriste avec mon petit manteau rouge et mon sac à main ? Et puis, franchement, Abbas a des ennemis???!!! ah, bon, on peut se faire des ennemis, même en ne faisant rien? sérieux?

Bref, finalement accédé au saint des saints ! Tout ça pour entendre le bon Abbas nous dire (dans son français chancelant, comme un enfant de quatre ans qui lit, ânonnant… et les points et les virgules, c'est juste facultatif et tu connais le mot "la modernalisation" toi? ), mais ne soyons pas mauvaise langue, apprécions la teneur du discours, ne délaissons pas le fond au profit de la forme : Abbas déclare, donc, [je resitue le contexte : signature entre Renault et le Maroc pour la réalisation de l'entreprise la plus compétitive de Renault à Tanger Med: 36.000 emplois, 600 millions d'euros investis et 400.000 voitures produites], et le Abbas nous sort : "c'est bien parce que ça crée des emplois, après ça fait du développement, et comme en plus sa majesté a impulsé la réforme de la justice et que le Maroc a déjà fait des progrès énormes en terme de démocratie! voilà ça va se chiffrer très vite, tout ça, ça va être visible"... putain le con...., nan mais ce mec c'est un puit sans fond de connerie, c'est même pas un sophisme, ce qu’il sort, c'est pire! et il l'a répété trois fois ce raisonnement imparable! Peut-être pour se convaincre, car même pour lui la pilule doit être difficile à avaler…

Bon, après nous avoir rappelé subtilement, de façon logique et incontestable que nous étions bien dans leplusbeaupaysdumonde, le Abbas décide de mettre fin à ce douloureux exercice et de passer quand même la parole au boss de Renault et là… gros blanc : maintenant je passe la parole à monsieur.......................... toute l'assistance, suspendue aux lèvres du Abbas, première fois de sa vie, il savoure le con! ............... en même temps on se rend compte qu'il a vraiment oublié, il commence à paniquer là, il s'enfonce, il baisse la tête..... et Chami, petit ministre plein d'entrain, fait de son mieux, on le voit qui remue les lèvres, sourit, crie presque, détachant chaque syllabe – ch-ri-st-i-an flenfleni, rappelant au passage qu’il s’agit du directeur de Renault (on sait jamais…) ………..... et Abbas qui enchaîne, repart sur le sempiternel - sa majesté aussi vos remercie car lui…..bla bla bla.... que dieu l'assiste bla bla bla .........


Voilà pourquoi notre plusbeaupaysdumonde s'enfonce plus bas que terre, mais tout ça dans la joie et avec un large sourire ! Voilà pourquoi Le Matin arrive à remplir 40 pages par jour et les journaux télévisés durent aussi longtemps (en réussissant à n’aborder aucun des problèmes essentiels bien sûr, l’essentiel est de donner une bonne image, comme par exemple en décidant du nombre de morts auquel on s’arrête, si on en découvre d’autres, tant pis ! ça déborde du cadre prévu) [toute ressemblance avec des faits survenus dans un immeuble en construction à Kénitra serait bien sûr purement fortuite] !

Mais revenons à nos moutons et au plus illustre de tous les disciples de Panurge au Maroc, notre grand Abbas, qui lui, est humain et peut faillir, ça arrive, il s’est emballé et a lancé comme ça, sans s’en rendre compte « ça va se chiffrer en terme de croissance et puis le déficit commercial va baisser » (quoi? déficit? nan, nan, vous virez ça...)

Juste avant il y avait une autre conférence mais seul un photographe y a eu accès (indéfini le photographe, genre sorti tout droit de la poche de Basri) on m'a dit qu’il bossait pour Le Matin, on m’a dit qu’il était avec le ministère, avec Jettou, avec Abbas, avec l'Intérieur... bref, le journaliste de poche, celui que tu sors quand tu veux pour faire la comm')...

La deuxième fois que mon chemin a croisé celui d’Abbas c’était hier pour l’Aero expo, j’ai eu l’impression d’être transportée à une autre époque, en d’autres lieux… l’exercice (apparemment habituel, mais je suis nouvelle…) consistait à suivre le Abbas dans toute l’exposition, au milieu d’une masse de caméras braquées sur lui, l’oreille tendue pour capter un mot ou deux… j’ai cru être à la Cour, quand Louis XIV tenait ses nobles par la possibilité de le voir manger, se coucher, se lever, marcher… et là, on était des dizaines à suivre l'insignifiante personne du tout aussi insignifiant Abbas, j’ai eu honte !


Ca me fait tellement mal de voir que c'est pas demain que les médias (je parle des médias, pas des caniches) vont évoluer... Apparemment, on préfère insulter l’intelligence des Marocains, les prendre pour des cons en leur donnant l’image d’un pays imaginaire, où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, où passer de la 79ème à la 72ème place dans le classement mondial de la corruption est quelque chose de génialissime alors que cela nous situe dans la tranche de la « corruption endémique »… un pays où la mortalité infantile augmente, nous faisant encore reculer dans les classements mondiaux de l’IDH mais où certains journaux arrivent à titrer : le Maroc fait des progrès car seulement 1.500 mères meurent chaque année en accouchant ! … un pays où les trois-quarts des actualités se résument aux déplacements de tous les membres de la famille royale, si bénins soient-ils…

dimanche 20 janvier 2008

Envies d'aujourd'hui

Fatiguée, épuisée par la routine, anxieuse à l’approche du départ, stressée, impatiente de bouger, triste de quitter mon monde du moment, nostalgique aussi, excitée surtout et...

envie de faire les millions de choses que je reportais au lendemain,
envie de me lancer dans l’aventure,
envie de m’accrocher et de conserver ce petit confort,
envie de me donner le temps,
envie de le prendre et de tirer profit de tout ce qui s’offre à moi,
envie d’envoyer balader tout ce qui fait que je ne peux pas faire tout ce que je veux,
envie de faire sauter toutes ces barrières,
envie de dépasser toutes ces impossibilités,
envie d’indépendance,
envie de stabilité et toujours la bougeotte,
envie de tout plaquer,
envie d’aller plus loin,
envie de liberté,
envie d’imprévu,
envie de quelqu’un près de moi
et envie de me retrouver seule,
envie d’être loin,
envie de me trouver une place,
envie d’être chez moi,
envie de me poser,
envie de retomber en enfance,
envie de ne plus être prise pour une « petite »,
envie de me lover dans les bras des parents,
envie de m’envoler,
envie de faire ce que je veux,
envie de passer à autre chose,
envie d’être une autre fille,
envie de me faire belle,
envie de ne rien faire,
envie de me laisser aller,
envie d’être moi-même,
envie de rester là,
envie de me faire chouchouter,
envie de me prendre en main,
envie d’être active et dynamique,
envie de dormir,
envie de faire une pause,
envie de rendre fier,

juste envie d’exister !

jeudi 17 janvier 2008

Cachez ce pauvre que je ne saurais voir

J’avais écrit ça il y a quelque temps (désolée de faire du réchauffé), mais là, après discussion (voir, encore, commentaire sur Identité(s) 6), je me dis que voilà en gros ce que je voulais dire quand je disais que je voulais « changer quelque chose », que je supporte pas de vivre si bien, quand d’autres galèrent, etc…

Journée de merde… Je me suis (encore) bien apitoyée sur mon sort toute la journée que j’ai fini avec une conférence sur les microentrepreneurs au maroc après laquelle j'avais juste envie de me donner des claques: je suis là à me plaindre alors que franchement j'en ai aucune raison (en même temps, c'est déjà con de dire ça, ça fait misérabiliste et dégoulinant, c'est ça qui me rend malade ici, tu dois être responsable, car tu peux pas te donner bonne conscience aussi facilement qu'en France je trouve... enfin, je sais pas, ici je cherche toujours à analyser tous mes faits et gestes et surtout ceux des autres, peut être que c'est juste que je fais pas gaffe en France et qu'ici j'exacerbe tout (ou bien tout l'est ?)

Malgré tout, au milieu de tout ça, ces « grands » de la finance qui donne l’aumône au Maroc « d’en-bas », j’ai cru déceler oua7ed l’autosatisfaction dial bessa7. On sort les pauvres, on leur dit deux-trois mots en arabe et après on se gargarise en français en parlant d’eux comme s’ils n’étaient pas là, comme si ce n’étaient pas eux qui se défonçaient pour les projets, comme si sans nous ils ne seraient rien ! On sort la pêcheuse, puis la vieille veuve méritante et on écrase une larme puis le cocktail nous permet d’oublier toutes ces horreurs, toutes ces méchancetés du monde contre mssakine les pauvres… Je ne sais pas quoi ressentir. C’est beau, j’ai envie de pleurer et en même temps, c’est de la charité déplacée, de la sensiblerie, ou bien, c’est faire le bien et l’assumer mais il en faut en passer par les formes de la charité chrétienne, pour attirer…

Ils sont mille fois plus grands que nous et c’est déjà con de dire ça ! Ils ont juste envie de croquer et la volonté de travailler pour manger alors que moi, tout m’est toujours tombé tout cuit dans la bouche…

mardi 15 janvier 2008

Identité(s) 6

Après avoir lu ton commentaire, Chams, sur Identité(s) 5 (oui, je ne sais pas encore comment faire un lien... sorry ;o)

Je reviens sur un sujet qui a très longtemps été au centre de mes préoccupations, et duquel je me détache très légèrement depuis que je suis "rentrée" ici, enfin, non, je ne m'en détache pas, je l'aborde juste un peu plus sereinement je pense... alors, voilà, je te répondais en commentaire, et puis, voilà que je m'emballe, que le texte s'étoffe et je me dis, bon, autant en faire un post, "ça mange pas de pain" comme dirait l'autre...
Donc ce texte, que j'ai découpé en 5 identités, était, avant d'être un post, une intervention que j'ai faite il y a maintenant un an et demi (j'étais alors à mille lieux d'imaginer que je rentrerais bosser au Maroc...) et il y avait dans le public des Arabes (surtout du Moyen Orient), des Maghrébins (pas "de France"), et quelques personnes "issues de l'immigration", comme dit l'euphémisme... tu t'en doutes, tous n'ont pas été aussi sensibles mais les personnes qui se sont senties "concernées" ont trouvé les mots et nous avons très vite trouvé plein de jolies choses à échanger...
Alors, maintenant, oui, je le sais, c'est une richesse cette double culture, alors que je l'ai lontemps vécue comme une difficulté, une difficulté à se positionner, à se définir, à appartenir à quelque chose, à pouvoir parler sur des choses (combien de fois on m'a dit: "ok, parle comme tu veux de la France, tu y a vécu, mais sur le Maroc, tu peux rien dire, tu le connais pas!", ça fait mal, mais maintenant je sais que c'est pas complètement faux, même si ces gens qui t'interdisent de parler de ce pays qui est aussi le nôtre, eux, se permettent en permanence de discourir sur la France et sur le sort de ses Arabes, par là même). Tu l'auras compris, je ne pense pas qu'on ait le droit de t'interdire de revendiquer la moitié de toi (voire plus...)
en même temps, en étant loin, j'avais en tête des antagonismes qui s'effacent quand tu t'approches, je pense que ça doit être la même chose en Tunisie: au cours de mes études en France j'ai rencontré beaucoup de Marocains de la "mission", du lycée français et beaucoup m'ont déçus, je prenais personnellement le fait qu'ils parlent pas l'arabe ou dénigrent en permanence notre pays comme une insulte... maintenant j'y repense et c'est con, mais c'est vrai que je me disais pourquoi nous on fait vivre ça jusqu'ici et eux qui baignent dedans le rejettent? en plus, je suis issue d'un quartier assez populaire au Maroc et je ne pouvais pas supporter de les voir vivre ainsi dans l'opulence, voire le gaspillage pur et gratuit, alors que ma famille... je sais, pour beaucoup de Marocains qui doivent me lire (oui, beaucoup, je m'emballe un peu... disons pour LE Marocain qui va me lire), je fais dans la caricature et le cliché... mais je n'ai dépassé ce stade qu'en rentrant ici... (bon, à ma décharge, j'ai rencontré des Marocains assez "gratinés" pendant mes études... no comment)
maintenant que je suis (un peu) plus en accord avec ce Maroc, je veux maintenant être "mien", tout simplement, pas celui de ma famille, pas celui des slogans, ni celui de nos parents qui l'ont quitté (plus ou moins de leur plein gré, selon), pas celui de l'élite (que je côtoie par mon travail et qui ne me parle que parce que je représente un peu la France...) ni celle du "cha3b al 3adhim" que j'ai tant encensé, mais auquel je n'appartiens somme toute pas... bref, mon Maroc à moi, celui que je me construis chaque jour, que j'aurai peut-être dénigré en France, qui sait?
pour ce qui est du retour, je ne l'envisage en tout cas plus comme une fin en soi, je ne veux absolument pas vivre ici comme cette élite, hors sujet que je dénigre tout le temps, mais je ne peux pas non plus sauver tout le monde... je vois donc les choses de façon pragmatique, s'il m'est possible de bosser ici, et de faire, à mon échelle, bouger les choses, je reste! sinon, je rentre en France... ou ailleurs en fait!
moi, je n'avais pas vraiment cette idée de retour, au contraire, je me sentais Marocaine au milieu des Français et tellement Française au Maroc... et je rêvais plutôt d'"arabité", de "9awmiya 3arabiya" (oui, il y a encore des idéalistes sur cette terre... ;o) et c'est maintenant que je suis rentrée que je me sens pleinement dans mon droit quand je parle de mes deux pays, de mes deux cultures, de mes deux systèmes, même s'il y des domaines qui ne sont pas partagés... je parle politique en France, m'enflamme pour des partis, alors qu'ici, disons... je m'abstiens un peu plus ;o) de par mon activité en ce moment, j'ai accès ici à des milieux que je n'aurais jamais imaginé cotoyer en France... bref, j'évolue en me frottant à la réalité d'un pays que j'ai porté en bannière, refusé, aimé, détesté, fantasmé, dénigré, mais que je quitterai à regrets c'est sûr...

comme d'habitude, c'est un peu décousu mais c'est ce qui trotte dans ma tête après t'avoir lu, chams... merci!

lundi 14 janvier 2008

Sérieux ?

Millionième mail qui m’explique les merveilles du Coran: alors, cette fois-ci, si on multiplie le nombre fois « terre » et  « mer » dans le Coran divisé par le nombre de fois le contraire, le tout sur 100, après avoir retranché le nombre d’occurrences, on trouve… ce que bien sûr la science vient à peine de découvrir… le pourcentage d’eau et de terre sur notre planète ! pas con, hein ?

Pas con ? peut-être mais alors le mec qui a pensé à arriver à ce calcul devait l’être un peu quand même… non, mais, sérieux, on croit que c’est comme ça qu’on va aimer l’Islam ?
Je suis musulmane, je l’ai longtemps porté en bannière, mais maintenant je n’en ressent plus le besoin, surtout quand je vois que ce genre de conneries peut en occuper plus d’un pendant des heures, je les imagine déjà, avec les « masha Allah », « subhanallah » et autres « Allah kbeer » de circonstances…
Comme ce type qui m’avait expliqué que dans le Coran, à la deux mille et unième lettre, du onzième verset de la neuvième sourate, on voyait l’annonce du 11/09/2001… ou ces sites qui proposent les photos « très véridiques » où le mot « Allah » apparaît sur des œufs, des arbres, des oreilles, ou même des vagues…

En parlant de vagues, d’autres y voient carrément des signes, comme par exemple une punition divine qui a puni les Indonésiens… d’autres préfèrent ne pas en faire, des vagues, et pratiquent l’Islam dans leur cœur, ce qui à mon avis est un peu plus dur…

Avant de vouloir être pris au sérieux, on pourrait peut-être déjà se prendre nous-mêmes au sérieux, non ?

Ps : j’ai bien conscience que ce mail est trèèèèèèèès angélique et enfonce bien des portes ouvertes, j’avais juste envie de pousser un coup de gueule, parce que là c’était le mail de trop…

Je ne me fais pas plus longue, car après on pourrait croire que je suis spécialiste des coups de gueule et que je m’énerve vite et sur tout et surtout sur n’importe quoi ;o) (noooooooooon, c’est vraiiiiiiiiiiiiiiiiiment pas mon genre hihihi)

dimanche 13 janvier 2008

« La vie est dure, manquerait plus qu’elle soit molle »

Des appels au secours comme ça, des gens qui te glissent des choses, des sous-entendus, des mots qui sortent, à peine retenus, des choses qui « échappent » pas franchement involontairement, des allusions… et nous qui tournons le dos !
Pour tous ceux que j’ai déçus, pour tous ceux à qui je n’ai pas su, pu ou même voulu tendre l’oreille et pour tous ceux qui m’ont rejetée ou n’ont simplement pas été là où je les attendais, qui n’ont pas répondu présents ou n’ont vraiment pas pu l’être… pour tout ceux-là, une pensée, même pas rancunière, juste une pensée qui en amène une autre et m’emmène encore loin au fil de mes idées (saugrenues, pour changer…) et de mes discussions (pour toi Ani, ma belle…)
C’est tellement facile de réfléchir, de chercher, de comprendre, même de s’imaginer à la place des kamikazes palestiniens ou des Tchétchènes, on trouve toujours plein de raisons sociologiques, économiques, anthropologiques, que sais-je encore ? Mais pourquoi est-ce si dur de comprendre pourquoi les petits arabes de l'autre côté du périph' ont la haine ? Pourquoi est-ce si facile de se pencher sur les problèmes sans se tourner vers ceux qui en souffrent ? Pourquoi les écouter, simplement entendre ce qu’ils ont dire nous est-il souvent impossible ?
En même temps, c'est aussi dur de parler, de dire que tu as vécu la pauvreté ou le racisme. C’est dur pour toi de le dire, de le dire avec les bons mots, de le formuler et de le sortir comme tu voudrais qu’il soit compris et comme tu voudrais toi-même le comprendre…Pour eux aussi, c’est dur : exprimer tout ça, c’est leur renvoyer une mauvaise image d'eux... C’est les forcer à voir en face et tes problèmes et les leur… C’est leur montrer tes failles et ils pourraient croire, que tu attends d’eux qu’ils dévoilent les leurs aussi… C’est pointer les faiblesses du système, les forcer à le regarder, à SE regarder, à ne pas accepter tous les cadres et à devoir se bouger pour les faire évoluer… C’est leur compliquer la vie, et ça, ils ne le veulent pas !
Alors on préfère nous dire qu’on s’en sert et qu’on doit pas construire sur la souffrance, que c’est pas ça qui nous donne des droits, que se plaindre ne fait rien avancer, qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu » et toutes les autres conneries qu’on sort comme ça, machinalement, quand on est en pilotage automatique, qu’on veut pas s’impliquer, parce qu’on veut pas les suivre là-dedans, qu’on veut pas être subjectif et que « merde, tout le monde a ses problèmes, quoi ! »… Quand on veut pas se mouiller, pas se salir les mains et pas s’embarquer. Pour pas perdre son confort et pas mettre les mains dedans, pour rester dans l’analyse, froide, logique, universelle et rassurante, avec ses résultats, ses conclusions, ses « recommandations »…
Mais ils ont beau rationaliser à mort, trouver des raisons, bloquer ces grains de sable dans le rouage si parfait de notre si parfait petit monde créé de toute pièce, il y a toujours des choses que tu peux pas renier, que tu portes en toi et que tu dois sortir pour qu'on t'entendes, que tu puisses enfin parler pour dire autre chose, pour formuler enfin tes idées, sans aucun rapport, sans avoir besoin qu’elles aient un intérêt, sans avoir à en repasser par là pour réfléchir ou pour comprendre, pour que tu construises et qu’enfin tu vois les résultats de tout de ce que tu as fais, que tu arrêtes de te dénigrer… Pour que tu dépasses tout ce que tu portes, cette culpabilité, ce souvenir, cette honte, ces exploits et que tous les autres puissent eux aussi aller de l'avant, en bénéficier...
C’est aussi un peu pour ça que j'écris et que surtout je tiens à ce caractère immédiat, spontané, c'est sur le moment et comme ça sort que je veux que les gens le reçoivent, parce que c'est comme ça que ça prend sa vérité, que ça ressemble vraiment à ce que je ressens et que ça retranscrit à peu près ce qui se mélange et se cogne contre les parois de mon cerveau, toujours en mouvement, tout en se combinant différemment chaque jour...
En tout cas, dis-toi bien que toute cette souffrance, cette honte, cette galère, tout ce qui nous a forgés tels que nous sommes maintenant ne peut que se transformer en un magnifique élan, quelque chose de forcément positif, ne peut que nous servir car s'il devait nous desservir, il nous aurait déjà flingué. La société ne peut qu’avoir besoin de gens comme ça, de gens qui ont déjà mesuré leurs épaules, se sont frayé leur chemin et peuvent maintenant affronter des situations que tous ces fils à papa n'imaginent même pas dans leurs cauchemars...

Nous, on peut briller ; eux, peuvent réussir...
Nous, on peut éblouir et rendre fier ; eux vont simplement rentrer dans le cadre ou satisfaire...

vendredi 11 janvier 2008

L'Os de Fer (suite)

« Nous sommes une génération qui n'a pas de Français à sortir du pays,
pas de guerre à mener,
pas de route de l'unité à construire,
ni une Marche Verte à accomplir...
On n'est même pas Amazigh pour monter au front.
La Palestine est loin, l'Irak est perdu…
On n'a pas non plus fait d'études pour faire des sit-in devant le Parlement
et puis la fonction publique c'est de la merde !
Alors on traverse la vie comme d'autres traversent la Méditerranée sur des portes en bois : clandestinement !»
Mikhi, héros du film « Aâdem al hdid » [l’os de fer] de Hicham Lasri


Véritable manifeste d’une génération, enfin mis en image, avec beauté, cruauté, lenteur, sans respect de la chronologie ni des figures imposées, l’Os de Fer est une déclaration d’amour (en tout cas, pour moi, le réalisateur, je ne sais pas… pas eu le temps malheureusement car il aurait mériter que je bosse dessus… quand je reviendrai…) à ces jeunes, à ces gens et surtout au Maroc qu’ils ébranlent et commencent à remettre en marche… tout cela porté par une bande originale géniale, évocatrice et criante de vérité, des acteurs inspirés, un récit fécond, lucide et qui nous pousse tellement à nous interroger… et une mise en scène novatrice
Le Maroc de l’Os de Fer, à l’image de son bus qui ne tient qu’à un fil et finit par se casser la gueule, vacille, se redresse, recèle en son sein des personnalités uniques, fortes, faibles, invisibles, silencieuses, des jeunes qui hurlent, se démènent, protègent leurs parents, s’en émancipent, fument, pleurent, rient et foncent droit dans le mur, avec dignité, sérénité, colère, honte, espoir, têtus, impatients d’être enfin reconnus, avec l’envie de se fondre dans la masse et celle de s’en extirper, de s’inventer un nouveau pays, de quitter tout ça, ce qui, en fait, est nous-mêmes, qu’on ne peut renier ou abandonner…
L’une s’invente un drapeau avant d’en voir le pays, comme ici les symboles sont mobilisés pour des projets fantômes et des chiffres inatteignables, l’autre communique via son seul téléphone portable et se réfugie dans les études, admiré mais surtout pas suivi dans ce chemin…
Pris au piège, entraînés dans une violence qu’ils n’ont pas voulu, mais parfois tellement salutaire, Mikhi et ses compères s’enferrent dans une lutte dont ils ne savent plus, ni comment elle va se finir, ni pourquoi même ils s’y sont engagés…
En face, un flic pourri, qui pourrait facilement être un cliché s’il n’était pas si conscient de sa pourriture et de celle, encore plus grande, de ses supérieurs… un flic pourri qui lutte jusqu’à la mort contre des jeunes qu’il pourrait ne pas haïr si… mais c’est là tout le problème…
Pas le temps, pas l’envie de les comprendre, pas le temps ni l’envie d’être compris, disséqué, analysé et tout ça à travers des grilles de lecture bien personnelles qui se ressemblent plus qu’on ne le croit, mais qu’on préfère croire diamétralement opposées pour conserver les rapports de force, le fossé et ne pas se mêler, ne pas avoir à prendre en considération l’Autre, ses interrogations, ses demandes…
« ghir khoudouni, ghir khoudouni », lancinant leitmotiv, comme un appel, une envie, une supplication… pourquoi être toujours laissé sur le quai, pourquoi n’est-il pas possible aussi de monter dans le bus, même sans ticket, même sans la tête pour, ni les idées, ni l’habit ou même l’envie ?

jeudi 10 janvier 2008

New Soul...

bon, agharass, je te suis là...
alors voilà le bijoux annoncé, "New Soul"...

Identité(s) 5

« Il faudrait que l’effet pût devenir la cause, que l’esprit social qui doit être l’ouvrage de l’institution présidât à l’institution même que les hommes fussent avant les lois ce qu’ils doivent devenir par elles. »
Rousseau


Par ailleurs, pour se faire accepter, on nous demande en permanence de nous situer par rapport à une identité unique, clairement définie et définitive. Il faut savoir répondre vite et bien à la question, maintes fois posée : mais, en fait, tu es Française ou Marocaine ? Finalement, partager une même citoyenneté nous permet-il de conserver nos identités respectives, personnelles ? En a-t-on le droit ? Et cela peut-il apparaître légitime aux yeux de tous?
Face à la visibilité de cette synthèse innovante, on observe un double discours quant à l’apport supposé de l’immigration : certains évoquent un âge d’or arabe mais n’ayant que peu de liens avec les populations souvent rurales recrutées en France… d’autres, font preuve d’un rejet total de la culture de l’ «Autre », jugée moins évoluée, moins avancée… Ce qui ne fait pas de doute c’est qu’ on voit clairement se dessiner une nouvelle culture: métissage de la mode anglo-saxonne et américaine,de la culture française apprise à l’école et de celle des parents qui est dispensée à la maison ou dans le quartier et réappropriée, réinventée…
De nombreuses politiques sont menées, mais une interrogation s’impose cependant à moi : Je crois déceler un certain manque de cohérence dans ces décisions : comment tendre à élargir le champ de la citoyenneté à la Méditerranée, si l’on n’accepte pas déjà les représentants de cet espace méditerranéen ? Ceux que l’on a pu appeler les « couscous- pommes frites » sont le fruit du processus de Barcelone : stigmatisés en France, acceptés le temps d’un été dans le pays d’origine de leurs parents, vers lequel, souvent, ils n’espérent pas revenir, ils se trouvent dans la situation la plus cocasse qui soit : possesseurs de deux identités, parfois de deux nationalités ou plus, ils sont en quelque sorte « apatrides », habitants d’un « no man’s land » ! Créer une citoyenneté euro- méditerranéenne ne peut se faire qu’avec eux. Européens, ces enfants écartelés entre les deux rives de cette Méditerranée, sont peut-être les premiers citoyens euro- méditerranéens de fait…

Identité(s) 4

« Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 F, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 F de prestations sociales, sans naturellement travailler… si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. […] il faut enfin ouvrir le vrai débat moral qui s’impose dans notre pays, pour savoir si il est naturel que les étrangers puissent bénéficier au même titre que les Français d’une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne paient pas d’impôts.»
Jacques C., Orléans, le 19 juin 1991


Depuis les bidonvilles des périphéries dans lesquels s’entassaient des familles dont le père pratiquait les travaux, délaissés par les Français « de souche », car dits travaux 3D « dirty, dangerous and difficult » aux difficultés actuelles, le problème ne semble guère se résoudre.
De la mémoire du 17 octobre 1961 à Mr Le Pen accédant au second tour des Présidentielles le 21 avril 2002, la haine et le rejet semblent perdurer. Cependant, « On ne fait pas reculer le racisme à coups de bons sentiments et d’antiracisme pur et dur. Disjoint de toute autre signification, l’antiracisme constitue une source d’exacerbation des problèmes qu’il entend combattre, bien plus qu’une réponse efficace; sur le terrain, il stigmatise et culpabilise les moins radicaux, sans résoudre les problèmes à partir desquels ils tendent au racisme, et renforce les plus résolus dans la conviction qu’ils ont d’être délaissés, incompris ou trahis. L’apport éthique et humaniste de l’antiracisme devrait rester indissociable d’une prise en charge des difficultés nées de la chute sociale, de la perte des repères et de l’exclusion. » (Michel Wieworka)
Mais, la question de l’immigration ne pourrait-elle pas être comprise à partir de l’apport des sciences sociales plutôt que d’être abordée systématiquement à travers le prisme d’une intégration dont on sacralise le sens tout en le vidant de son dynamisme existentiel ? L’Etat social et l’Etat légal doivent se compléter et non pas s’annuler l’un l’autre. On ne peut concevoir un système d’immigration basé sur le seul intérêt du pays qui accueille !
On pourrait ainsi évoquer le problème de l’urbanisme, des bidonvilles et cités de transit en passant par les foyers. On ne peut pas considérer que, bien que nombre de ces projets soient partis de bons sentiments, les résultats aient été réellement probants. De plus, dans ces lieux rejetés en périphérie, les acteurs sociaux se sentent souvent peu soutenus par leurs institutions de tutelle. Malgré cela, certains restent et persistent, telle Dounia Bouzar qui trouve chez les enfants d’immigrés les fondements de ce qu'elle appelle la “francité”. Une synthèse nouvelle qui crée une identité française sans renier les origines. “L'histoire de ces jeunes socialisés à l'école de France ne peut se réduire uniquement à l'histoire de leurs parents. A travers eux, une nouvelle histoire se construit. Ils ont un rapport particulier à l'Islam qu'ils refusent de laisser à la frontière. Ils en font une part du patrimoine national pour mieux se sentir français sans pour autant rompre avec les traditions des parents”.

Identité(s) 3

« Je suis un peu islamophobe, ça ne me gêne pas de le dire. J’ai le droit, je pense (et je ne suis pas le seul dans ce pays), à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes -, en tant que religion, apporte une certaine débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme » et « en plus un souci de supplanter la loi des Etats par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe. (...). Il n’y a aucune raison, sous le prétexte de la tolérance (...), de s’abaisser jusqu’à renier des convictions profondes. »
Claude Imbert, fondateur du Point, octobre 2003 sur LCI


De façon parallèle à la création de cette identité, on crée son altérité : le « bounty » est ainsi montré du doigt, Gaston Kellmann, évoque ce phénomène qui veut qu’on le considère comme un Noir à l’extérieur qui réfléchit à l’intérieur comme un Blanc, d’où la métaphore de la barre chocolatée « Bounty » ; de même, on voit de jeunes Français ayant grandi dans les banlieues se convertir à l’Islam et adopter un patronyme musulman, se fondant dans le groupe, avec sa nouvelle identité… D’autre part, on peut observer une ethnicisation des rapports sociaux, accompagnée et entraînée par un double verrouillage dans le rapport à l’Histoire. Fait-on le choix d’une vision essentialiste ou universaliste de l’Homme ou raisonne-t-on sur la base de la confession ? Les immigrations sont-elles alors toutes les mêmes ?
Ainsi, certains relents colonialistes touchent au débat déjà sensible et le rendent plus épidermique (juste un bref regard sur des écrits d’Oriana Fallaci : La rage et l'orgueil « qu’il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût », ou encore : « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d'Allah] passent leur temps avec le derrière en l'air à prier cinq fois par jour ». Elle affirme enfin que les Arabes sous couvert de migrations envahissent l'Europe pour propager l'islam, « se multiplient comme des rats ».) Ces écrits simplement islamophobes et xénophobes sont défendus par Alain Finkielkraut ou Pierre-André Taguieff, entre autres, qui la remercient de « viser juste », hors du « mensonge vertueux »… D’autre part, la mémoire coloniale fait encore mal à de nombreux anciens « indigènes », certains sont tellement sensibles et sensibilisés qu’ils ont encore la sensation d’être régi par ce statut particulier. Cependant, force est de reconnaître que l’immigration post-coloniale est l’expression même de l’héritage de la colonisation.
De la France « black-blanc-beur », avec son équipe gagnante à la Marseillaise sifflée lors d’un match France-Algérie ; cette double identité se fait visible. Acceptée dans les grandes heures, cette part française semble rejetée à d’autres. Cependant, ce processus se fait dans les deux sens, accueillis à bras ouverts pour former une équipe gagnante, les jeunes « black – beur » sont souvent rejetés lorsqu’il est question de logement ou d’entretiens d’embauche, qui eux sont plutôt selon l’expression de Pocrain « white-white-white » – on estime que 50% des jeunes issus de l’immigration sont au chômage et qu’ils ont 6 fois moins de chances de décrocher un emploi suite au même entretien qu’un Français dit « de souche ». Yamina Benguigui, dans son documentaire Le Plafond de Verre met bien en évidence ce système à deux vitesses, qui en a poussé certains à se voiler la face en proposant la discrimination positive, notamment prônée par ceux qui ont initié la marche des Beurs. Et ces déçus, tel Azouz Begag se rallient à cette idée, alors que concomitamment les politiques amorcent une période où l’on assiste à la nomination du « premier préfet Musulman » Aïssa Darmouche. Cette dénomination même m’apparaît comme anti-républicaine. En effet, on ne peut être nommé aux emplois les plus hauts de la République sous prétexte de promotion d’une confession, d’un sexe ou d’une origine ! Ne devons-nous donc compter que sur le sport ou les quotas pour espérer trouver une place – qui nous est due, en tant que citoyens ?

Identité(s) 2

Ce que l'on te reproche, cultive-le, c'est toi!
Jean Anouilh


Je fais partie des chanceux qui connaissent une double identité, une double culture, deux langues, deux religions voire deux éducations… Ayant toujours grandi en France, je ne connais le Maroc qu’en période estivale entre une journée à la plage et un sermon à la mosquée retransmis le vendredi midi sur la chaîne nationale ; entre couscous avec la famille et McDo avec les cousins, je suis une privilégiée qui côtoie des mondes à première vue opposés mais qui se complètent et se fondent en une synthèse, en une laborieuse création que nous essayons d’améliorer chaque jour. Appréciant ma culture et mon éducation françaises, française de nationalité, mais aussi marocaine, je ne peux tolérer les propos de certains politiques. Comment voudrait-on que je n’aime pas la France, et, si tel était le cas, comment pourrais-je la quitter ? Nous sommes nombreux à ne posséder que des papiers d’identité français, nous avons obtenu des baccalauréats français, le français est la seule langue que nous maîtrisons réellement et nos modes de pensée ou d’analyse sont purement français, à notre grand bonheur ou à notre grand malheur - qui le sait ? - nous sommes et nous resterons inexorablement Français.
« Enfants de la République », comme nous l’a rappelé le bon Chirac, les enfants issus de l’immigration sont et restent donc des identités remarquables, qui multiplient les références culturelles et les additionnent pour créer un résultat, comme une synthèse qu’ils s’inventent. Il serait bon de ne pas chercher à les soustraire de peur de fractionner la société.
Mais quel lien pourrait nous relier tous dans cet ensemble que nous tentons chaque jour de maintenir et de reformer. « L’appartenance nationale? Tant qu’elle a juste un lien abstrait avec des fêtes dont on oublie les dates, elle ne compte pas. Le sentiment de citoyenneté? Tant que c’est juste un luxe que se permettent les nantis ou une poignée d’incorruptibles, il ne faut pas y compter. »
En effet, on assiste à un double refus de cette identité, voire de cette citoyenneté française. On assiste à un refus de la citoyenneté française pour encenser une citoyenneté du pays d’origine, fantasmée. D’une part, nombre de jeunes issus de l’immigration affirment ne pas se sentir Français, cependant, peu envisagent de façon sérieuse un retour – qui serait plutôt un aller – vers le pays de leurs parents ; et ni plus tout à fait celui des parents et pas non plus celui des enfants ! Situation fragile et précaire, s’il en est, puisque la moindre déstabilisation peut être dévastatrice. Cette « nouvelle territorialité affective » (Omar Samaoli), permet au-delà de la citoyenneté, de la nationalité, de créer une identité, issue de mélanges, de concessions et d’une part d’imaginaire… En effet, si les parents vivaient dans le mythe du retour, les enfants ont vite dépassé ce stade. Au début, faute de retour possible, ils font le choix de s’assimiler ; mais, peu à peu, face à la persistance des discriminations et du racisme, on assiste à une logique qui veut qu’on assume de plus en plus ses particularités.
On s’invente alors une identité, parfois partagée par le groupe de jeunes que l’on fréquente, on se retrouve autour de sa double culture… de même, la langue s’adapte et se glissent au milieu de phrases mâtinées de vieil argot populaire français des mots issus de nombreux dialectes arabes ou africains...

Identité(s) 1

L'article 12 du projet de loi crée une carte portant la mention « compétences et talents », d'une durée de validité de trois ans renouvelable, dont la vocation est de faciliter les conditions d'admission au séjour des étrangers susceptibles de participer de façon significative et durable au développement économique ou au rayonnement, notamment intellectuel, culturel ou sportif, de la France ou de leur pays d'origine. Aussi, les étudiants étrangers feront-ils l'objet d'une sélection multicritères (filière, nationalité, niveau d'étude, projet de formation…).

Avec l’immigration choisie, il faut la mériter, sa nationalité ! Mais plus encore, il faut avoir la chance de faire partie de ces zones géographiques « agréées », acceptées et considérées comme saines. Il faut de plus pratiquer un métier dont la France a besoin. Il faut rentrer dans le cadre qu’elle propose, sinon pas d’espoir, pas de débouchés, pas de place en France, qui n’a pas l’argent, pas le temps, pas la place pour accueillir, pour recueillir… Et là je me souviens d’une discussion que nous avions eue avec Ariane Mnouchkine, à l’issue de sa pièce « Le Dernier Caravansérail », odyssée multiple, au cours de laquelle de nombreuses familles poussées à l’exil se heurtent aux murs érigés autour de notre belle Europe. La violence du déracinement, de l’émigration, de la clandestinité, la douleur, la difficulté, qu’elle met en scène sont comme jetées à la figure de l’Europe bien – pensante, du public, de nous tous, de vous, de moi, habituellement indifférents face à cette réalité lointaine. Lointaine ? Pas tant que celà… Les incendies des hôtels à Paris, les citoyens en garde à vue pour avoir protesté contre des expulsions violentes, les drames familiaux, la fin de la trêve hivernale des expulsions, les attaques de foyers SONACOTRA de retraités immigrés… Mnouchkine, après avoir passé un an dans le camp de la Croix Rouge de Sangatte nous décrit les conditions de vie des immigrants et leurs difficultés et c’est cela même qu’elle dénonce dans son Caravansérail. Quand l’art se fait conseil du politique, la cohérence et l’humilité devraient conduire le Prince à des décisions plus humaines… Comment pouvons-nous nous leurrer à ce point ? Et pour combien de temps encore ? Que cherche-t-on à nous faire croire et comprendre?
Par ailleurs, les nouvelles lois sur l’immigration entérinent des mesures dans l’air du temps : on assiste, comme partout en Europe, à une multiplication des tests de culture et langue, à l’encensement d’un idéal républicain auquel il faudrait adhérer. Des cérémonies sont mises en place pour l’accession à la citoyenneté française. On avance que ces " cérémonies d'accueil dans la citoyenneté française" aideront à faire entrer dans les esprits l’idée de cohésion nationale et renforceront les liens entre le nouvel entrant et la France qui l’accueille.
Mais qui peut définir l’identité ? La citoyenneté vient à la fois de l’appropriation d’une identité et de l’acception de celle-ci par le groupe. Or, en reconnaissant au droit du sol une valeur au même titre que le droit du sang, la France a fait le choix de reconnaître à nombre de ses citoyens leur double, voire multiple, appartenance. La France a fait le choix de se faire un patchwork d’individus, eux-mêmes semblables à des mosaïques.
On crée donc son identité, on obtient sa nationalité, mais l’on crée sa citoyenneté sur la base de sa propre synthèse, issue des différentes identités qui nous composent. En se référant à des cultures diverses, des repères différents on élargit le champ de définition de son moi.

mercredi 9 janvier 2008

Départ? [New Soul, Yael Naim]

si quelqu'un pouvait voler à mon secours: comment met-on une vidéo sur son blog?????
en attendant le clip (un petit bonheur !), les paroles de mon dernier coup de coeur...
c'est bizarre, comme ça, on tombe sur une musique et c'est EXACTEMENT ce que l'on vit et ce qu'on voulait dire...
alors voilà, en plein dilemme: partir? rester? (décidément, ça me poursuit...)
to be continued...
peut-être prochainement, Al 9adiya 7amda sous la tente d'un beau bédouin, le retour à la 3assabyia 9abaliya et moi encore plus perdue...

I'm a new soul I can do this strange world hoping I could learn a bit about how to give and take. But since I came here felt the joy and the fear finding myself making every possible mistake
la-la-la-la-la-la-la-la...

I'm a young soul in this very strange world hoping I could learn a bit about what is true and faith.
But why don't please trying to comunnicate finding just in love is not always easy to make.
la-la-la-la-la-la-la-la...

This is a happy end cause' you don't understand everything you have done wise everything so wrong this is a happy end come and give me your hand I'll take your far away.

I'm a new soul I can do this strange world hoping I could learn a bit about how to give and take but since I came here fellt the joy and the fear finding myself making every possible mistake

la-la-la-la-la-la-la-la...
la-la-la-la-la-la-la-la-la-la....

L'Os de Fer (3dem l7did), de Hicham Lasri

« Nous sommes une génération qui n'a pas de Français à sortir du pays,
pas de guerre à mener,
pas de route de l'unité à construire,
ni une Marche Verte à accomplir...
On n'est même pas Amazigh pour monter au front.
La Palestine est loin,
l'Irak est perdu…
On n'a pas non plus fait d'études pour faire des sit-in devant le Parlement
et puis la fonction publique c'est de la merde !
Alors on traverse la vie comme d'autres traversent la Méditerranée sur des portes en bois : clandestinement !»
Mikhi, héros du film « Aâdem al hdid » [l’os de fer] de Hicham Lasri

un autre post viendra, ce film est un bijou...

Le Voyage en Arménie, de Robert Guédiguian

J’aimerai un jour filmer mon pays comme Guédiguian le fait. Il en englobe toutes les réalités ; les belles comme les moins belles, celles qu’on aimerait ne pas avoir à montrer. Les histoires sur son pays, les croyances qui le régissent, sa jeunesse, tout ce qui le représente et le reflète – plus ou moins bien, plus ou moins fidèlement. Le révélateur de ce pays, c’est Anna. Anna qui retourne dans le pays de son père – dont elle ne connaît pas la langue parce qu’il préférait qu’elle apprenne la médecine et qu’elle brille en France… Anna qui se découvre une nouvelle famille, un nouveau Heimat, des gens qui lui ressemblent et auxquels elle veut ressembler, des gens qui vivent une autre réalité et qui encensent la France, comme un eldorado, alors qu’elle – à contre-courant – a fait de l’Arménie son Eldorado… toute ressemblance avec une personne existante serait trèèèèèèèèèèèèèèès fortuite…

Bled Number One, de Rabah Ameur-Zaimeche

Rabah Ameure-Zaïmeche filme son pays avec amour, avec dégoût, il nous transmet toutes les nuances de « sa » société. La société de ceux à qui on le renvoie sans cesse. Ici, c’est au sens propre du terme qu’il a été renvoyé. Double peine, retour en Algérie. Algérie où il n’a jamais vécu et dont il ne connaît pas même les rites. Moment insolite que celui où le jeune « Kamel la France » écoute respectueusement l’adhan qu’il entend « pour la première fois depuis longtemps » tandis que ses cousins continuent à fumer en titillant un chien - « Jack », étrangement prononcé « Jacques ».
Le regard porté sur la société algérienne atteint son paroxysme lorsque le réalisateur choisit avec justesse de filmer un hôpital psychiatrique, reflet et miroir à peine grossissant de cette société schizophrène et surtout de ses femmes. On ne peut que les croire lorsqu’elles affirment que « les fous sont dehors » et que ce sont « leurs hommes » qui les ont brisées. Mais l’hôpital psychiatrique n’est pas exclusivement féminin, hommes et femmes s’y rencontrent à l’inverse de l’univers cloisonné de l’extérieur – aussi paradoxal que cela puisse paraître… Chacun s’y débat dans cet extérieur, selon la place qui lui est assignée – conditionnée par son rang social mais aussi et surtout par son sexe. L’Etat – longtemps le jouet des grandes puissances – a en effet élevé au rang d’art et d’activité principale –qu’il a transmise à son peuple – la fâcheuse habitude d’en rajouter dans ce sens. Nul n’est libre dans la société arabe, surveillé par l’Etat, surveillé par les siens… Non seulement le gouvernement et l’Etat se jouent des individus, mais ceux-ci se chargent en plus de s’occuper du sort de leurs congénères et de leurs voisins. Des voisins, pas des voisines ; car un voisin qui bat sa sœur qui hurle et dérange le quartier n’est pas pointé du doigt quant une femme qui passe en fumant est la risée de tous.
La société arabe qui fait pleurer « Kamel la France » et qui le fait fuir est celle de tout le monde arabe, celle de peuples soumis, frappés d’un syndrome de Stockholm poussé à l’extrême qui pousse la victime à se faire bourreau. Une mentalité qui s’entretient et se perpétue dans l’atrophie de la liberté dans les structures mentales… Une mentalité qui est celle d’Etats jamais décolonisés qui transmettent aux sociétés des comportements et des réflexes plus instinctifs que réfléchis et dictés par la logique ; et qui, le jour où ils s’expriment enfin ; sont brimés faute d’être conformes aux attentes des gouvernants. « Bled number one » reste le miroir d’une société où l’on se baigne entre deux pétroliers échoués et où les hommes boivent dans le secret des maisons avant d’aller « chahader » en bonne compagnie…

mardi 8 janvier 2008

Ma France à moi

- Ma famille
- Mes souvenirs
- Mes amis
- Mon environnement
- La cathédrale qui me réveille le dimanche matin quand j’aurais préféré dormir.
- Ce connard qui m’explique « qu’en France, on fait pas comme ça ».
- Les soldes (la France me manque vachement en ce moment, je viens de trouver pourquoi… Jet4u where r u…)
- Mon rouge à lèvre (soyons superficielle…), mais le côté positif, c’est qu’au Maroc j’économise vachement sur le maquillage.
- Mes études et ma (toute petite) chambre d’étudiante.
- Nos soirées chicha-Martini-bretzel (miss u girls !)
- Mohammed, diplômé de sa grande école, qui ne veut pas faire de « l’antisarkozysme primaire » et tend l’autre joue (reviens vite à la raison Momo please !)
- Et moi qui m’encanaille chez les cocos.
- Mon copain qui m’engueule parce qu’il m’entend parler au téléphone en arabe avec mon père et que « c’est bien la preuve qu’on fait pas d’efforts »…
- Toutes ces manifs’ qui me rendent fières, me redonnent de l’espoir, me prouvent qu’il y a encore des esprits critiques au pays des Lumières…
- L’administration publique qui piège les sans-papiers en les convoquant pour des prétextes bidons.
- Toutes ces vieilles qui tueraient pour leur chien, les mêmes qui ont peur quand elles voient mon frère.
- Cette nostalgique de l’Algérie Française (élue en PACA !) qui m’a demandée combien de chameaux je valais.
- Ce couple de vieux militants à qui j’aimerais ressembler dans trente ans, toujours dynamiques et si épris d’égalité et de respect.

Choses vues dans mon Maroc

- Le tride de ma tante et le couscous du vendredi autour de ma grand-mère…
- La rouina de l3id lkbir
- 7chouma (no comment…)
- Le taxi blanc du matin, avec six mecs la gueule bien enfarinée ; et celui du soir, avec toujours six mecs, leurs odeurs et la radio bloquée sur un vieux qui éructe sur tout ce qui m’est promis si je continue à m’habiller comme ça, à regarder la télé, à écouter cette musique, à fréquenter ces gens… et moi la tête enfoncée dans mon écharpe, écouteurs à fond, écrasée entre mon voisin qui croit que sa proximité me fait un plaisir fou et nous imagine déjà… et la grosse 7ajja, à droite qui trouve normal que je lui serve d’accoudoir, de porte-bagage, et l’heure aussi, Allahye 3atek ster ya benti…
- Les heures passées au hammam, à penser ou à me vider la tête, à ne rien faire, à me faire dorloter (à condition de considérer bien sûr la torture physique et le massacre du dos comme un plaisir…), à refaire le monde, à parler sur tout le monde avec tout le monde, à essayer d’arriver jusqu’au robinet, à me battre à coup de seaux pour me trouver une place, à essayer de comprendre comment ces deux là en sont arrivées à se battre, pourquoi tout le monde est maintenant en train de se balancer tout ce qui lui passe sous la main et surtout, comment je vais m’échapper, moi, maintenant…
- Ma grand-mère qui nous interdit de transporter une tante à l’hôpital parce que s’il est écrit qu’elle doit vivre, elle le fera chez elle !
- Ma tante qui vient de sortir de l'hôpital pour un kyste de 28 cm… En France ça entrerait au livre des records, ici, c'est normal, le temps de s'en rendre compte, de la croire quand elle dit qu'elle a mal, que c'est pas juste pour le "chiquet" ou pour éviter de balayer... Puis le temps de réfléchir si c'est pas un "jenn" puis de trouver un médecin, d'économiser, de trouver un hôpital pas trop overcrowded, bref, ça faisait environ 20 ans qu'elle avait ça... et quand on m'a décrit l'hôpital...
- La petite bonne qui, malgré tout ce qu’elle se prend chaque jour dans la gueule, m’assure qu’elle préfère être ici plutôt que chez elle parce que « là-bas, elle bosse vraiment » ( ?! véridique)
- La même petite bonne qui a mis plusieurs mois avant de manger des saucisses parce qu’elle croyait que c’était des serpents… (véridique aussi !)
- Cette lycéenne qui passe ces week-ends à rencontrer des types trouvés sur MSN…
- … et ce jeune cadre dynamique, la trentaine, qui l’emmène en boîte et espère la ramener chez lui après.
- Ma cousine qui rentre à la maison avec son « certificat de virginité », sésame imposé par la famille de son mari, qu’elle ne connaît que depuis deux semaines.
- Ce flic qui trouve que 50 dirhams c’est pas assez, « surtout quand on est pas nés ici, comme vous ».
- Cette fille restée une semaine au lit après son avortement clandestin, en expliquant à sa famille que le sang, c’est juste ses règles douloureuses…
- Le mec qui te dit « sssssst » toutes les deux minutes et son pote, celui qui se sent obligé de t’arracher le bras quand il veut t’aborder…

lundi 7 janvier 2008

J'adore...

J'adore le métier que je fais, j'ai plein d'idées de reportages, je rencontre plein de gens, dans un milieu un peu particulier, où tout le monde se tutoie très vite, où tout est toujours en ébullition et où tout bouge très vite, dans toute les langues, avec des gens de tous les âges...c'est vraiment passionant, et je suis heureuse maintenant de passer cette année au Maroc et pas ailleurs... bien sûr, je rêve encore de Palestine, mais j'ai de plus en plus l'impression, que là-bas ou on se fait plaisir avec des théories, en restant loin ou on souffre avec empathie sur le terrain. Ici, c'est presque plus dur, puisqu'il faut s'impliquer, bouger avec le pays, avec les gens, les faire bouger aussi, car il y a encore une force d'inertie incroyable, et ces distinctions ne rejoignent ni les limites de quartier, ni d'âge, ni de religiosité... il faut composer en permanence, suivre le mouvement, essayer de tout capter et c'est très foisonnant...
J'essaye de profiter au maximum de ce séjour, vraiment, mais je crois que je dois passer par plusieurs phases. J'ai eu ma période "à bas la dictature!" (je suis rentrée en août et j'ai commencé à bosser directement, au moment des procès en masse de journalistes...), puis les élections sont arrivées et j'ai eu envie de donner des claques non-stop autour de moi, genre "moralisatrice", à voir tout ce monde qui n'en avait strictement rien à foutre de toute cette mascarade politique (après je me suis dit qu'ils avaient pas si tort... mais j'essaye de lutter contre ce sentiment si confortable...) à ce moment là aussi, j'ai fait pas mal de reportages à Sidi Moumen, Hay Mohammadi... de quoi te déprimer pour un moment... (même si j'y ai rencontré des gens supers à côté desquels je me sens conne et super gâtée, une petite bourgeoise, alors qu'a priori... c'est pas trop l'image qu'on m'a renvoyée jusqu'ici en tout cas...) et là, je découvre la culture, le bouillonnement de la jeunesse, des arts, etc... et j'adore!

oua al Maghrib abb addeniya...

J’ai lu "Tazmamart cellule 10" et d’autres dont « Le Couloir » (magnifique !!!), qui m’ont d’abord complètement déprimée, puis ont largement fait évoluer mes idées sur le Maroc... Je me demande de plus en plus comment j'ai été assez conne pour croire ces soi-disant spécialistes de l’Islam, du Monde Arabe ou de je ne sais quoi, qui nous font croire que les Maghrébins ne sont pas assez arabes, orientaux, musulmans, bref, typiques et caractéristiques, avec tous ces mythes de Masr oumm eddounia et de domination du Machreq!!! j'ai toujours envie d'aller en Palestine, mais je me dis qu'ici déjà il y a beaucoup de choses à faire.... D'ailleurs, je me rends compte qu'il y a pas mal d'associations de droits de l'homme, de défense, etc... et toutes sont présidées par des ex-détenus! à croire que Basri et Hassan II ont enfermé tous les cerveaux!
En même temps, j’ai l’impression parfois que nous insultons chaque jour la mémoire et le combat de ces idéalistes, de ces penseurs, de ces artistes, de ces militants, de ces gens qui avaient des idées et sont allés au bout de leur engagement à une époque où il était plus difficile encore de s’affirmer… Les années 1970 au Maroc ont été un bouillonnement formidable, plus encore qu’ailleurs, une énorme énergie, que tous les efforts de dictateurs, de petits chefs, de policiers zélés, de tortionnaires ont mis longtemps à faire taire. Un mouvement de fond, une véritable révolution qui a porté des jeunes qui aujourd’hui doivent se désoler de voir le peu d’intérêt des Marocains pour la politique, les politiques, les élections, la presse…

« Comme je me suis insurgé contre l’Algérie Française, je m’insurge contre l’Algérie arabo-musulmane. On ligote un peuple à travers une langue et une religion. Je ne suis ni arabe ni musulman. Je suis Algérien. Assumons d’abord l’Algérie. Ils (le gouvernement) disent que c’est important d’être entendu dans les autres capitales arabes. Et ton peuple ? Pourquoi ne pas être entendu par lui d’abord ? »
Kateb Yacine

Rabat-Casablanca, 17h30

Un palmier,
Un champ,
Un autre champ,
Une baraque
Et encore un champ,
Une terrasse avec du linge étendu,
Des chaussettes,
Quelques chemises,
Des sous-vêtements, beaucoup,
Un feu,
Une fille en tablier blanc qui rentre de l’école,
Un champ,
Des poteaux électriques,
Rouge, le soleil,
Jaune, rose, bleu, le ciel,
La mer,
Une carrière,
Humide, la terre, tout juste retournée,
Deux silhouettes à l’horizon, noires,
Un palmier dans un champ,
Un champ de sacs plastique,
Des moutons
Et un grand talus.
Un pont,
Un train qui arrive dans l’autre sens
Et une forêt,
Des serres,
Une villa,
Une autre
Et un minaret.
Une camionnette,
Des flaques
Et une usine, derrière,
Un troupeau de vaches en file indienne,
Un bâtiment, laid, très laid,
Un autre, tout aussi hideux,
Des tracteurs
Et un train,
Des champs
Et la ville.

Mon trajet quotidien.

dimanche 6 janvier 2008

Hamdullah!

Depuis que je suis là toutes mes certitudes s’effondrent une à une, je ne sais plus quoi penser, chaque nouvelle discussion me pousse à adopter le point de vue de dizaines de personnes différentes. Je ne réfléchis en tout cas plus du tout dans les cadres que j’avais en France, c’est peut-être cela que j’en ai retiré ?
Mais pourquoi « en retirer » ? Pourquoi je sens que ce « retour » dans « mon » pays doit m’apporter quelque chose ? Peut-être parce qu’il m’a déjà beaucoup apporté, peut-être parce ce qu’il ne m’a fallut que quatre mois ici pour changer du tout au tout, pour découvrir des milliers de choses, pour prendre (enfin) ma liberté, pour me retrouver face à la religion, pour grandir, pour m’affirmer et pour rencontrer enfin des gens ! pour parler de sujets divers avec des « vrais » gens et sortir du cadre de l’analyse, de la lecture, des on-dits, des discours rapportés… Je connais enfin mon pays, je l’ai vécu, je l’ai pratiqué, certes dans mon cercle restreint de privilégiés (même si…), avec toutes les libertés qui me sont laissées à moi seule… mais maintenant je peux parler, j’ai fait mon expérience, j’ai une légitimité, j’ai vécu !
Je ne sais absolument pas comment verbaliser tout cela, mais je sais que j’ai grandi et que je peux enfin m’ouvrir à tout… je ne me cache (plus trop) derrière mes soi-disant principes ! hamdullah !

Nuances (2)

En fait, je crois que je suis en train de devenir un peu plus tolérante, je laisse désormais un peu plus aux gens « le droit d’être con ». Je vois chaque jour des choses formidables et des gens qui, faute de les comprendre ou d’y prendre part, ne trouvent qu’à les critiquer. Je ne pourrais jamais me mettre à leur place, je ne sais même plus si je veux les changer, je ne crois même pas que ce serait bon pour eux, ils ont un environnement qui me dépasse et que mon passage bouleverse, mais, qui, sûrement se remettra vite en place. Je ne veux plus qu’y laisser une petite marque, une petite idée et des souvenirs, ils ne changeront pas s’ils ne l’ont pas voulu, il ne leur est pas facile de tout remettre en cause, de tout effacer, surtout pour un modèle que je leur propose, qui a l’air d’être « made in europa », prêt-à-consommer, prêt-à-utiliser, comme si je leur proposais la modernité, leur imposant MA modernité ou LEUR modernité, à eux, ces Français qui ont déteint sur moi et font que j’ai parfois des comportements et des réactions bizarres qu’on me pardonne parce que j’ai « pas grandi ici »…
Je ne sais plus bien à quoi j’appartiens, à quoi je veux appartenir, je sais en tout cas que je veux suivre ça, que je veux voir ces gens, leur parler et les écouter, admirer et soutenir, parce que j’en ai aussi besoin, parce que ce sont des bols d’air, des aérations dans la fatigue, la pollution, le marasme, le stress, le flot de gens qui ont, tous, quelque chose à t’apprendre – à t’enseigner…

Nuances (1)

Je crois que le Maroc m’aura apporté ça : je ne veux plus « appartenir », seulement « appartenir », je veux connaître, je veux vivre et je ne veux garder que le meilleur. Finies mes diatribes contre les Dupont-Lajoie (je sais qu’ils ne sont pas la France, mais ça fait tellement de bien parfois de pouvoir se lâcher et piétiner le pays où l’on a toujours vécu…) ou mes envolées lyriques sur comment développer notre « plusbeaupaysdumonde », maintenant je regarde plus en profondeur, j’inspecte et je ne garde que ce que je veux.
Finie mon admiration débile et sans fondement des « peuples musulmans » et des pays de l’Islam. Je ne veux plus faire Ramadan au Maroc, j'y suis mieux en France, je veux boire, fumer, voir mon copain et me poser mes propres limites, pour Dieu, pour mes parents, pas pour les gens et tous ces regards braqués sur moi en permanence. Je veux dire « merde » comme jamais je ne l’ai crié et en même temps rester auprès de ma grand-mère apprendre d’elle un maximum, tout en élaguant aussi beaucoup…
J’aimerais juste pouvoir comprendre cette schizophrénie, pourquoi nous sommes comme ça, comment nous faisons pour nous maintenir là-dedans ? Chaque jour j’admire les gens que je côtoient : comment ont-ils survécu ? et chaque jour je comprends un peu mieux le rire crispé de l’un ou la désinvolture permanente d’un autre, qui ne sont en fait que des façons de se protéger, de supporter la pression, le regard des gens, les inquisitoires permanents et l’omniprésence des autres avec leurs questions…

samedi 5 janvier 2008

Barakaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa mn lkhouf (entre autres...)

Malgré tout ça, malgré le fait qu’entre autre on nous gave toute la journée de conneries sur une télé unique qui ne souhaite surtout pas se renouveler, qui vise la ménagère qui elle aussi ne souhaite en aucun cas changer son quotidien bien réglé, cantonnée dans son rôle qu’elle caricature elle-même et dans les trois quatre lieux qu’elle pense assez honorables – neutres, en fait – pour pouvoir être fréquentés au vu et au su de tous, malgré tout cela les jeunes existent ! et c’est déjà beaucoup ! tout est fait pour les squizzer, pour juguler leur expression, pour dévaloriser leur création, pour les juger vulgaires, impies ou fainéants…
On est vite classé et jugé : sortir du rang, ne pas rentrer dans les cadres prévus par les parents ou la société, tout simplement vouloir être libre n’est pas bien vu…
On a rien trouvé de mieux que la peur pour les « éduquer », en tout cas pour qu’ils ne posent pas de problèmes, qu’ils ne cherchent pas trop loin et qu’ils ne veuillent pas s’éloigner trop loin. En leur faisant croire que le monde est méchant, on leur fait croire que c’est de leur propre chef qu’ils choisissent l’enfermement. Tout le monde doit diriger quelqu’un : le garçon, sa copine, reproduisant le schéma qui régit les relations entre sa mère et son père, l’un subvenant aux besoins de la dernière et celle-ci téléguidant l’autre, pas toujours à son insu, dans une répartition des tâches et des décisions qui tient de l’équilibre fragile et du compromis, selon le schème du « moins pire ». La mère se fait un devoir de pourrir la vie de sa fille, si jamais celle-ci montrait la moindre velléité, même dépassée la majorité, de vouloir prendre une décision sans courir dans son giron et suivre son choix. Le mari, écrasé par le système, le policier, son directeur, les économies drastiques qu’il doit faire, ne se sent exister qu’une fois devant femme et enfants qui quémandent, reproduisant fidèlement les relations Etat-citoyens.
Et le pire c’est qu’ils ne voient même pas l’intérêt de s’émanciper, confortablement installé dans cette situation de minorité, certes handicapante mais grâce à laquelle ils sont sûrs de ne jamais se frotter à l’extérieur et aux autres.

Comment alors avoir des désirs un tant soit peu équilibrés et épanouis ? Tout est mal, tout est mauvais, tout le monde est là pour vous le rappeler, tous se font un devoir de vous mettre mal à l’aise, de vous culpabiliser, de vous observer, de vous faire sentir ce regard pesant, cette surveillance « pour votre bien », parce que vous n’êtes pas des « Français », parce que vous vous respectez, parce que vous avez l’honneur de la famille sur les épaules, parce que surtout les gens pourraient le répéter… le règne de la délation, une organisation imparable pour maintenir tout le monde dans les rangs serrés du conformisme et de la tradition hors d’âge et sans aucune cohérence avec le présent…

Pas de signes d’affection hormis en centre ville, dans les quartiers un peu impersonnels, très fréquentés ou dans l’intimité d’une voiture (encore faut-il trouver un terrain neutre et à l’abri des regards et des « stafettes »…) ou d’un appartement – emprunté ou loué, pour ajouter au glauque de la situation…

Burnin' n Loothin'

Novembre 2007, Villiers le Bel

« Mais ils sont des intrus ! », m’a dit mon oncle, installé en France… Maintenant, je ne peux plus en vouloir aux seuls Dupont-Lajoie ! Nous avons tellement bien intériorisé cette idée qu’ils ne peuvent que nous croire coupables. Nous nous mettons nous-mêmes en position de coupables, comme si on avait quelque chose à se reprocher… Moi, je suis née en France, mais mon oncle me défend la double peine… « Il y en a qui se sont réveillés au bled et qui maintenant remercient la double peine »… Oui, mais pas moi, je ne parle pas l’arabe, je ne comprends pas la moitié de ce qui se passe ici, je suis larguée un peu partout, mais ici encore plus…
Les émeutes, je n’ai jamais su quoi en penser, mais je crois que pour en arriver à cette auto-destruction, à cette mise en danger – au-delà de l’excitation du moment et des petits règlements de compte à la con – il faut réellement souffrir et ne vraiment plus savoir vers qui se tourner pour brûler son propre environnement… Ce ne sont pas bien sûr une solution, ni une bonne image à donner, c’est sûr, ce n’est sûrement pas totalement spontané ni non contrôlé, mais ça attire l’attention (pour mieux la détourner d’autres choses ?) et ça remet sur le tapis des sujets qui devaient nous préoccuper beaucoup plus souvent…



This morning I woke up in a curfew;
O god, I was a prisoner, too
Could not recognize the faces standing over me;
They were all dressed in uniforms of brutality.!
How many rivers do we have to cross,
Before we can talk to the boss?
All that we got, it seems we have lost;
We must have really paid the cost.

(thats why we gonna be)
Burnin and a-lootin tonight;
(say we gonna burn and loot)
Burnin and a-lootin tonight;
(one more thing)
Burnin all pollution tonight;
Burnin all illusion tonight.
Oh, stop them!

Give me the food and let me grow;
Let the roots man take a blow.
All them drugs gonna make you slow now;
Its not the music of the ghetto.

Weeping and a-wailin tonight;
(who can stop the tears? )
Weeping and a-wailin tonight;
(weve been suffering these long, long-a years!)
Weeping and a-wailin tonight
(will you say cheer? )
Weeping and a-wailin tonight
(but where? )

Give me the food and let me grow;
Let the roots man take a blow.
I must say: all them - all them drugs gonna make you slow;
Its not the music of the ghetto.

We gonna be burning and a-looting tonight;
(to survive)
Burning and a-looting tonight;
(save your baby lives)
Burning all pollution tonight;
Burning all illusion tonight

Burning and a-looting tonight;
Burning and a-looting tonight;
Burning all pollution tonight.

About my weakness...

Pourquoi faut-il toujours que je sois en décalé?
Pourquoi j’y ai cru quand tu prenais ça à la légère, alors que je suis si frivole d’habitude, décevant celui-ci qui voulait choisir le prénom de nos enfants, ou cet autre qui nous voyait déjà mariés…
Pourquoi a-t-il fallu que je me prenne la tête avec cette histoire de « karamé », moi, qui en suis d’habitude si pleine?
Pourquoi n’ai-je pas su te garder, ou à défaut, t’oublier?
Pourquoi je continue à échafauder des scénarios qui ne reposent que sur des « si », sans en envisager aucun tangible, sans toi?
Pourquoi je préfère me bercer d’illusions plutôt que de voir la réalité en face, qui n’est pas si terrible que ça?
Pourquoi n’ai-je pas eu la patience de te laisser revenir, quand j’ai su attendre tant d’autres choses dans ma vie?
Pourquoi n’ai-je pas voulu voir ce qui crevait les yeux, quand je sens parfois les choses avant même qu’on me les dise?
Pourquoi me suis-je révélée si soumise, moi, qui pond à longueur de temps des discours sur « ta7rir al mar2a »?
Serais-je faible?

Les histoires d'amour finissent mal en général...

Il va falloir que je me fasse à l’idée que ce ne sera plus toi à mes côtés, que tu n’étais pas le bon et que visiblement, une fois de plus je me suis plantée et surtout que je me suis emballée comme d’habitude pour rien… pourtant, cette fois-ci (encore), ça avait l’air parfait… TU étais venu me chercher, alors que j’avais abandonné l’idée même de chercher quelqu’un, TU insistais toujours pour me voir, TU m’as invitée chez toi… et je croyais que toutes les preuves (d’amour ? ne nous emballons pas… disons les preuves que tu prenais mon avis en considération, que tu retenais les moindre détails de nos conversations, connaissant mes goûts et y obéissant…) que tu me donnais allaient permettre à cette relation de durer… on ne s’est pas rencontré au bon moment, ni au bon endroit… Je me prends à rêver - et ça fait mal et c’est inutile en plus – qu’en d’autres lieux, d’autres temps… pourquoi est-ce que je garde cet espoir fou que tu me rappelleras, que tu ne peux pas m’oublier, que dès que tu iras mieux tu te souviendras de ce que tu me murmurais sur tes craintes de me perdre, de me voir m’éloigner, de m’exposer au danger… mais peut-être que c’est moi, tout simplement, peut-être que je n’ai pas fait ce qu’il fallait, laisse-moi le bonheur du « peut-être », JE n’ai sûrement pas fait ce qu’il fallait, J’ai sûrement un peu trop mis la pression, JE t’ai sûrement fait peur avec mes principes et mes limites d’un autre âge… mais c’est comme ça que je suis, et c’est TOI qui n’étais pas le bon… le bon, celui que j’attends, car je suis fleur bleue – oui, il y en a encore - supportera cela, ma pression, mes exigences, ma façon de m’imposer, de passer du rire aux larmes en deux secondes, mes colères, mes rires, mes envies…
Je suis encore jeune me répètent-ils tous, je sais, mais je veux tout et tout de suite ! non… TOI et tout de suite !

vendredi 4 janvier 2008

A quoi bon?

Mon pays me plaît, m’attire, me dégoûte, me fatigue en tout cas et ne me laisse jamais indifférente… Chaque jour je trouve de nouvelles raisons de me réjouir de m’y trouver en ce moment particulièrement, d’accompagner tout son mouvement, de faire confiance à des gens qui savent le valoriser, le bouger, le sortir de sa léthargie et deux minutes après, je rencontre quelqu’un, j’observe un comportement ou j’apprends une nouvelle qui me laisse sans voix, me donne envie de tout quitter, de tout balancer et de pleurer sur l’échec annoncé de cette transformation. Des artistes qui se défoncent, des gens qui se battent pour amener la culture, la défendre ou tout simplement pour exister et en bout de chaîne des Marocains qui rejettent tout ça : pourquoi sortir ? pourquoi regarder ce qui nous montre une mauvaise image du pays ? pourquoi s’interroger, questionner les responsables ? à quoi bon ! ce bon vieux « à quoi bon ? » qui peut bloquer les meilleurs efforts et le plus grand mouvement, accolé au sempiternel « magharba khassoum la3ssa, comme Si Driss le savait si bien… » Pourquoi ne faudrait-il pas critiquer, réagir, exprimer son avis ? Pourquoi persister avec cette fierté mal placée de sous-dév’ entêté ? Nous nous ridiculisons seulement chaque jour un peu plus en permettant à ceux qui croient nous diriger de diligenter tous les aspects de notre vie et de s’en mettre plein les poches au passage.

Il n'est jamais trop tard

Ce « retour » m'a (enfin) ouvert les yeux sur « mon pays »... on m’a dit un jour, on doit tout faire pour montrer qu’il n'y a pas que des islamistes, des chameaux, des terroristes et du couscous au Maroc... depuis que je suis rentrée je vois des jeunes: rockeurs avec la crête, voilées qui écoutent du rap ou des nachids, hippies, des groupes qui chantent en darija et se produisent toute l'année en Espagne, a Berlin, à Bruxelles, des rappeurs qui ont de vrais messages citoyens, d'autres qui se font récupérer par la pub ou le pouvoir, des jeunes qui bougent, qui dansent, des festivals en permanence, des artistes qui se démènent... et des vieux, qui luttent pour les droits, qui ont connu la prison, qui freinent le mouvement, d’autres qui l’accompagnent ou l’encouragent, des jeunes qui ont peur de se libérer, d’autres qui ne trouvent plus à quoi se rattacher, certains qui ne parlent que de s’éloigner du Maroc et d’autres qui ne trouvent rien de meilleur au monde, peut-être pour se persuader eux-mêmes, peut-être parce qu’ils y croient…
Par exemple, la découverte de la Blogoma a été pour moi un vrai bol d'air et une raison de plus de me réjouir et d'apprécier "mon" pays et tous ces gens qui le font bouger... en reportage sur les nouvelles radios, j'ai pu constater à quel point il y en a qui veulent faire avancer les choses et qui soutiennent tout ce qui peut être positif... bref, toujours sur mon nuage, en attendant de voir un nouveau truc qui va me rendre malade et me faire détester tout ce que j'adorais deux minutes avant, comme le Maroc, je suis légèrement cycliothymique... le côté méditerranéen, peut être, je m'emporte et je m'extasie, pas de demi-mesure!

Je suis...

Je suis Z., Albanaise du Kosovo, sans pays, sans papiers,
Et E., l’Afghan, qui partage comme moi ses racines entre ici et là-bas,
Je suis aussi M., de Jérusalem, avec des papiers qui ne correspondent à aucune de ses identités,
Je suis M., chrétien, Arabe et Israélien,
Et M., métissée, mi-ch’ti, mi-marocaine,
Et S. et G., « café au lait »,
Ph., un mois et déjà retourné dans les limbes,
Je suis Z., 14 ans et déjà plein de sagesse,
Et N., la trentaine, qui mène une vie de vieille,
M., qui m’approvisionne en musique à chacun de ses retours, s’habille exclusivement en rouge-jaune-vert et ne garde comme lien avec le Sénégal que des lettres de moins en moins régulières et des chimères, auxquelles ont fait toutes semblant de croire l’année, en attendant l’été prochain…
Je suis L. dont le beau-père me demande quel est mon « pedigree », avec quoi je suis « croisée »,
Et J., qui ne connaît Israël qu’en vacances et s’enflamme en débattant avec moi,
Autant que G., qui lâche avec modestie qu’elle est une « refuznik »,
Je suis M., basanée, qui m’explique pourquoi son père a raison de voter Le Pen,
Et M., Française qui a héritée par hasard d’un prénom musulman et qui s’en rapproche,
Je suis N., qu’on insulte quand elle se ballade avec son long voile noir,
Je suis O., à qui son père ne parle plus parce qu’elle n’est pas avec un Algérien comme elle,
Et M. qui préfère ne plus parler à son père, pas assez blanc pour sa belle-famille,
Et M., au cerveau désintégré à force de s’assimiler, qui change son prénom pour draguer dans sa grande école,
Je suis encore L. qui attend de moi que je lui dise que j’adore le Maroc, mais qui ne rêve que de le quitter,
Je suis F., qui vit avec sa famille dans l’attente d’une carte de séjour sans cesse refusée,
Je suis H., Kabyle, Algérienne et Française, qui manifeste pour les sans-papiers,
Et H., installé en France depuis 40 ans et qui considère la double peine comme un bienfait,
Je suis C., mi-basque, mi-bretonne, qui a trouvé l’amour et la paix au Burkina Faso,
Je suis M-L. et N., mon nord et mon sud, la croix qui me sert de repère et la 9ibla vers laquelle je m’oriente.

Alors pourquoi tu viens me fais chier en me demandant si je préfère le Maroc ou la France ?

jeudi 3 janvier 2008

Avertissement au lecteur...

Voilà, je viens de boucler un article sur les blogs au maroc et j’ai rencontré des bloggeurs magnifiques, des gens qui ont écrit sur notre pays de façon sublime, avec humour, avec gravité, de toutes sortes de façons, en tout cas, toujours magnifiquement bien !
Et moi, depuis que je suis "rentrée" au Maroc, « j’exorcise » un peu tout ce qui m’arrive dans la gueule en écrivant... C’est pas magnifiquement écrit, ni magnifiquement élaboré comme pensée, mais je me dis, why not ? Pourquoi pas un blog, que je sois pas seule à le ressasser… En même temps, rien ne dit que je peux susciter le débat avec ma manie de découvrir l’eau chaude et de m’émerveiller ou m’énerver pour des choses somme toute bénignes…
Alors, voilà, je sais pas, je vous livre ces quelques morceaux de mes pensées du moment (parfois catégoriques, à l'emporte-pièce et valables pour une durée parfois très limitée...) Je me lance bien que je sente assez nulle après avoir lu tous ces gens capables d’humour, de poésie, de tant de choses !
En plus, je me dis que je pourrais mettre les chansons qui me font bouger, celles qui me font pleurer (mais, ça dès que j'aurais compris comment marche un blog, ça peut durer un peu...), les images qui m’interpellent, me plaisent, les bouquins et les films qui m’ont marquée…
Le blog s’appellerait al 9adiya 7amda... ça veut dire en darija littéralement « l’affaire est citronnée », en gros y’a un problème, c’est compliqué…
Al 9adiya 7amda, pour l’image, pour la beauté de l’expression, comme de nombreuses autres en darija…
Al Qadiya 7amda, parce qu’avec moi, al 9adiya est souvent 7amda, avec même un peu de poivre, un peu de sel et du « camoun » …
Al 9adiya 7amda, parce que je dois m’adapter, moi, la petite MRE de toujours, à ma nouvelle vie, à « mon pays », à mon nouveau « boulot »…
Al 9adiya 7amda, parce que je commence ce blog et que je ne sais absolument pas comment ça marche ni où cela me mènera, ni même si je serai assez assidue pour en faire quelque chose qui soit à la hauteur des écrits de tous ceux qui m’ont donné envie de me lancer, de tous ces blogueurs qui m’ont aidée à mieux comprendre, à mieux aimer « mon pays »… en qui j’ai cru me reconnaître mille fois, qui expriment mille fois mieux que moi mes sentiments…
A mon tour, je me lance, je ne sais pas trop ce que ça va donner, mais à tous ces fous rires, à toutes ces réflexions, à ces sons, à ces images, j’aimerais apporter ma touche…
To be continued…