lundi 31 mars 2008

On pense à des trucs (pas) cons des fois...

Je suis une bonne fille. J’ai fait de bonnes études, j’ai rendu mes parents un peu fiers, y’a même des gens qui me comparent avec leurs enfants, qui me donnent en exemple, peut-être. Je me débrouille assez bien en fin de compte, je fais des trucs qui me plaisent et qui me font découvrir le monde. Et j’ai la chance d’avoir des parents qui me laissent le faire et qui sont là pour que je leur raconte et qui m’écoutent et qui me portent, vraiment, j’ai de la chance…

C’est bien de s’éloigner comme ça, de voir de plus loin, d’avoir enfin envie de revenir, d’apprécier ce que tu as, ce que tu avais, de vouloir faire évoluer les choses, d’avoir vraiment vécu, de voir ta vie s’accélérer comme ça, de voir le temps filer, de te dire qu’en fait ta vie tu l’as bien remplie, tu l’as bien vécue, que tu la vis bien, en fait, que c’est pas morne ou triste ou routinier, que ça change, ça évolue et que les gens autour de toi changent aussi, que tu évolues dans d’autres milieux, d’autres délires, d’autres points de vue, d’autres langues…

Oui, je l’aime bien ma vie en fin de compte, et je me dis que c’est déjà l’essentiel, que c’est sûrement comme ça qu’on est heureux et qu’on le devient encore plus. Tiens, c’est con, ça ! c’est quand t’es heureux que tu le deviens encore plus, quand t’es triste et pas bien et que ta vie c’est de la merde et bah, tu tombes, tu vas pas bien, t’as pas envie de continuer, alors qu’il y a que comme ça que ça ira mieux, alors qu’il y a que comme ça que tu vas découvrir des gens, et parmi eux, des amis, des amoureux, des potes, des connards qui vont quand même te faire avancer, te faire découvrir des trucs, bouger…

Et puis, y’a encore beaucoup à faire, faut s’installer, faut trouver un boulot, faut trouver chaussure à son pied… moi, j’aimerais tout ça, tout de suite, mais apparemment y’a plein d’autres choses à faire et à découvrir avant… la preuve, moi, je savais pas qu’un jour j’irai vivre au Maroc et même que j’apprécierai, je savais pas que j’irai vivre aussi en Jordanie, que je choisirai ce boulot là, que j’aurai ces amis-là, ces délires-là, que je serai si différente de pas mal de gens et que je ressemblerai à ceux-là plutôt qu’à d’autres, que j’aurai tout ça, que je passerai à côté de tellement d’autres choses, que … que … que …

Et puis, y’a même des gens qui m’ont dit qu’ils étaient amoureux de moi, ils sont passés à d’autres maintenant, ou pas, moi aussi, enfin, des fois, des fois pas complètement, ou après longtemps… en fait, j’ai une vie normale… et puis, je vois mes copines, les filles avec qui j’ai grandi, j’ai évolué, elles aussi, pas toutes dans le même sens, pas toutes pareil. Et je sais pas qui s’en sort mieux, qui a eu raison, ou bien personne n’a eu tort, et c’est déjà pas mal et puis je me dis qu’on a toutes réussi quelque chose, comme on voulait pas les mêmes, et puis, on est à peu près contente d’en être arrivées là, pas forcément là où on voulait être, ou pas encore…


Pourquoi je repense à vous ?
Pourquoi tout d’un coup, comme ça, je me retrouve transportée dans la cour de récré, avec vous ?
Pourquoi s’est-on perdues de vue ?
Pourquoi ? alors que vous avez représenté toute ma vie, alors que vous m’avez connue mieux que moi-même et que je savais tout de votre vie, alors que nous avons partagé nos meilleurs moments, nos souvenirs, alors que nous avons grandi, évolué et changé ensemble…
Vous toutes, vous tous, qui avez fait avec moi les pires conneries, juré les plus belles promesses, partagé les plus grands délires, les premières soirées, et toutes les autres, les premières amoures, puis les suivantes, pourquoi est-ce que vous n’êtes plus là pour le premier diplôme, le premier boulot, nos premières fois, nos premiers succès, nos déceptions et nos espoirs de grands ?

S., ma première meilleure amie, ma première séparation, le modèle de mon enfance.
C., ma sœur à la primaire, mon double, la deuxième tête du monstre que nous étions pour nos instits’.
L., E., C.,S., témoins de nos premiers baisers, de nos premiers verres, nos premières clopes, nos premier joints, de mes premières amoures, de mon premier régime (mémorable ;o)
Z., L.,M., avec qui j’ai décroché mon premier diplôme, excitées avec moi pour nos premières sorties en boîte…
Une pensée pour vous. J’aimerais vous revoir, savoir ce que vous devenez, comment vous vous fringuez, la couleur de vos cheveux maintenant (les miens sont rouges, comme E. j’imagine…), les garçons avec qui vous êtes sorties, ceux que vous détestez, l’Homme de votre vie peut-être ? le boulot que vous voulez faire, le pays où vous habitez maintenant, votre musique du moment…
Pourquoi je repense à vous là ?

mardi 25 mars 2008

Où Sarah se prend pour une prof’ de Jordanien, avec les trois mots qu’elle baragouine (ktir, kouayiss et 7élou, quand même !)

Je dois me rendre à l’évidence, El Gouddam est pas mal, pas mal du tout même !
Moi, qui adore taper sur Hoba Hoba, et bah, c’est dommage, encore une occasion ratée de casser du Allali et consort… même avec Stati j’aime, c’est vous dire…
Comme avec Zakaria Boualem, mon philosophe préféré et de loin… des petites piques, des petites déclarations d’amour à notre beau pays… ou bien le syndrome qui me reprend, loin du Maroc, j’adore A LA BASE tout ce qui est marocain, j’adhère, j’encense, je kiffe, j’écoute en boucle… je me fais même quasiment une fois par jour « al kass 7lou » de la bonne vieille hamdaouiya, alors imaginez…
Twa7acht bladi, putain !

En même temps, j’ai quand même atterri chez les fous :

« soubba », ici, c’est le chauffage, imaginez ma tête quand on m’a dit le prix de la « soubba » dans mes visites (mémorables) d’appart !
« 3ayit » (chez moi, ça implique un téléphone, par exemple), ici, c’est engueuler quelqu’un, le faire chier (remarque, ça peut toujours impliquer un téléphone. Sarah, spécialiste des « ponts entre les cultures »…) et en Egypte, il paraît que c’est pleurer, imagine !
« herrissé », ici, c’est un gâteau hyyyyyyyyyyper sucré ( no comment !)… et délicieux, by the way ;o)

Alors, on dit merci qui ? Allahye 3atekoum al 3afiyé, mes petits !

mercredi 19 mars 2008

No comment...

Maroc-justice-internet
Maroc/internet: un jeune ingénieur gracié par le roi Mohammed VI

RABAT, 19 mars 2008 (AFP) - Un jeune ingénieur marocain condamné à trois ans de prison pour avoir "usurpé" l'identité de Moulay Rachid, frère cadet du roi Mohammed VI sur le site Facebook, a été libéré mardi sur une grâce royale, a indiqué mercredi à l'AFP son avocat.
Fouad Mourtada a quitté la prison Oukacha de Casablanca, a indiqué à l'AFP son avocat Ali Ammar.
L'ingénieur avait été condamné le 22 février par un tribunal de Casablanca à trois ans de prison et à une amende de 10.000 dirhams (900 euros) pour "utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d'identité princière".
Agé de 27 ans, cet ingénieur informaticien, diplômé de la prestigieuse Ecole Mohammedia des Ingénieurs (EMI) de Rabat, avait été arrêté le 5 février.


voilà, je sais pas si c'est bien, parce qu'une grâce royale, c'est pas un non-lieu mais c'est déjà ça!
dommage qu'on soit un peu long à la détente, c'est tout!

ChèrES compatriotES, merci!

Il a quand même réussi à me pourrir ma journée ce con. Qui? Bah, moul taxi, évidemment! Enfin, ici son petit nom, c’est « abou chabab »… cherche pas… Une journée sympa, avec des gens sympa, des mails adorables, bien rigolé, bien discuté, des projets, beaucoup de boulot mais très intéressant, j’ai même pris des initiatives, fait des trucs toutes seules, la classe quoi… et tout ça pour finir par me faire (encore) traiter de pute! Bah oui, quand tu parles avec un petit accent marocain et que t’habites pas loin d’un grand hôtel et bah, moul taxi, ça le dérange pas de te demander (avec le petit regard dans le rétroviseur, discret!) si tu vas bosser… oui, genre à 18h30 je commence ma journée au Holiday Inn (bon, voilà maintenant vous savez même où j’habite, c’est pas beau ça ;o)

Bah oui, qu’il m’explique ce con, excuse moi mais les Marocaines ici on les connaît… hein? Et vas-y que je te refais de l’œil dans le rétro, et le petit sourire… j’ai de la chance, nan?) Elles bossent dans les hôtels (nan, nan pas dans l’hôtellerie, t’es bête ou quoi?) ou dans les bars… bah oui! Toi, non? Sérieux? Vas-y, insiste, connard!

Bon, après une demi-heure à me justifier lamentablement dans mon arabe suspect, et pourquoi il me demande si je suis mariée à un Jordanien celui-là? Ah, bah oui, bien sûr, elles viennent toutes chercher un Jordanien, bah oui, chez nous y’a pas de mecs! Oui, oui, les Maghrébines sont comme ça! Faut de tout pour faire un monde…

[vous êtes habitués maintenant, re-parenthèse, la 3ala9a : y’a une semaine avec la délégation marocaine de Nawal Al Moutawakil (oui, oui, j’l’ai vue en vrai ! j’lui ai même tapé la bise, imagine!) Donc, une de mes chères compatriotes m’a bien affichée devant mon collègue! Cette folle me sort, devant lui, c’est ton mari ? j’lui dis, gênée (c’était la première fois qu’on bossait ensemble, première impression, sympa!), bah, nan, c’est mon collègue, il est Jordanien et… et cette conne enchaîne (toujours devant le mec, mort de rire!) qu’est-ce que t’attends, marie-toi vite avec lui, chez nous y’a plus de mecs, des vrais! Croisons les doigts pour qu’il n’ait pas compris toute la subtilité de notre bonne darija… ]
Alors j’lui en veux pas à mon p’tit père des jeunes, même nous on sait très bien nous taper dessus!

Et le abou chabab du jour, en grande forme, qui continue, à fond ce soir… maintenant il enchaîne avec un autre sujet pas épineux du tout… ah oui, au fait, vous, les Marocains, c’est bien ceux qui rentrent sans visa en Israël, c’est ça ? c’est vrai c’est plus facile pour les Juifs… (pardon?) (Pas compris.) (Laisse tomber.)…

Bon, allez, on est presque arrivé, tourne juste à gauche là… 3a chmal… Nan, nan, pour ton accent, c’est pas grave, je sais que c’est difficile pour les Marocains l’arabe! Tiens, allez, dis-moi comment vous dites « chmal » chez vous? « Lyassar »? ah bon? bah dis donc ça ressemble à l’arabe, le français, je croyais pas moi!

lundi 17 mars 2008

Où le capitalisme ne fait qu'une bouchée de la Sarah...

« Forcené au point d’en être légèrement inquiétant, l’optimisme de rigueur dans l’univers de la consommation se retrouve dans l’entreprise. On ne consomme pas pour assurer sa subsistance, mais pour communier dans le mythe d’un progrès incessant et providentiel, pour afficher les signes du bonheur et de la réussite ; on ne saisit pas une offre d’emploi par nécessité, mais pour prendre part à une « grande aventure », « se réaliser », « se dépasser ». Né des recherches d’Elton Mayo dans les années 1930, le management participatif, à travers les « boîtes à idées » et autres « cercles de qualité », cherche à enrôler jusqu’au tréfonds des individus au service du dessein patronal, et leur interdit de conserver la moindre distance critique vis-à-vis de leur gagne-pain une mutation qui, lorsqu’elle se généralise, dans les années 1980, plonge les syndicats dans un désarroi durable. Alors même qu’ils peuvent être licenciés du jour au lendemain, les salariés sont donc invités à s’identifier totalement à l’entreprise. Plus les richesses créées désertent leurs poches, et plus la culture interne nie les intérêts divergents, voire antagonistes, du capital et du travail, pour mettre en scène la poursuite exaltante d’un but commun. Plus le travail se fait rare, précaire, pénible et mal payé, plus il est censé combler à lui seul toutes les aspirations existentielles des individus. Mais la peur du chômage et, peut-être, l’absence d’idéal alternatif limite les possibilités de rébellion ».
Le Monde Diplomatique



Voilà, j’avais prévu de faire un post là-dessus, de dénoncer le consumérisme, le capitalisme et tout et tout… et puis, après, je suis arrivée en Jordanie… et j’ai découvert le MALL ! C’est un truc assez étrange, qu’on a pas vraiment en France et qu’on a pas au Maroc, un truc sur lequel je cracherai en France ou à Casa, un truc qui concentre tout ce que je déteste et tout ce que je voudrais voir renverser… Et puis, ici, en fait, c’est pas ça… Je me suis surprise à y errer pendant plusieurs heures, à m’y sentir bien… (bon, oui, j’ai toujours aimé le shopping, mais par exemple dans une rue commerçante, dans un quartier où tu peux chiner, arpenter les rues, lécher les vitrines, prendre un pot, t’arrêter sur la route…) nan, là, tu as tout à portée de main, tu peux manger, aller au cinéma, il y a des parcs d’attraction pour les enfants, même dans les plus petits mall, tu peux tout y faire ! pas besoin d’en sortir, et de toute façon, dehors, y’a rien ! tu peux surtout t’y habiller comme tu veux… alors ici pas de boulevard choufouni mais les mall sont l’espace public le plus attirant, le plus peuplé et le plus sympa ! Pas vraiment besoin de stimuler la consommation, ni d’en faire un bonheur qu’on invente de toutes pièces ou qu’on stimule artificiellement… Tu t’y sens bien (en tout cas, moi) direct parce que tu vois les gens que tu cherches en vain dans la rue, tu vois des filles habillées comme toi (enfin, presque comme moi, parce que définitivement pas de tannoura, ici, ils peuvent nous faire autant de chansons, de clips et de tout ce que tu veux, ici, ça relève du fantasme ;o), des jeunes, des gens qui parlent toutes les langues, des resto de tous les coins du monde, des couples… et puis, comme à la base c’est quand même un lieu pour acheter, tu le fais, mais si c’était un lieu pour nager, pour bouffer, pour réfléchir, pour lire, pour faire le ménage, même, tu le ferais, c’est l’ambiance ! c’est con, hein ?
Tout ça pour dire que je cracherais un peu moins sur les Saoudiennes, les filles du Golfe que je trouvais si superficielles, ici, c’est comme ça, qu’on fait ! Ma tante, à Casa, son trip c’est d’aller marchander avec son berbère de vendeur à l9ore3a, pour les filles (et les garçons) d’ici, c’est d’aller claquer leurs frics dans des fringues qu’elles ne porteront que sur les lieux où elles les ont achetées…

Voilà c’était ma découverte du premier week-end en Jordanie…

dimanche 16 mars 2008

Démocratie participative ;o)

Les plus attentifs d'entre vous auront remarqué qu'al 9adiya 7amda tente (difficilement) de se relooker (le fond d'avant était horrible, j'attends vos avis sur le nouveau...) et vous fait l'honneur de vous demander votre avis...
toutes vos remarques, conseil, idée ou avis seront les bienvenus...

Où Sarah se prend pour Delarue (Jade, merci pour le titre ;o)

Bon, en voilà un sujet passionnant ! Qui mérite même une analyse poussée et même intelligente ! (enfin, on va essayer), alors lançons-nous, déjà on va mettre fin au suspense (un suspense de deux lignes, quand même ! pas rien, ça, ce blog avance !) voilà, aujourd’hui, on va parler… (les points de suspension, ça, ça fait suspense…) trois points de suspension, donc ! … ménage !

L’idée de ce post m’est venue alors que je m’acharnais avec un entrain qui m’étonnais moi-même sur cet outil étrange qu’est la Karrrrata ! notre bonne 9arrata avec qui j’ai passé des heures sur le sta7 depuis ma plus tendre enfance (c’est ça mes souvenirs d’été du Maroc, moi !), celle-là même qui m’a tenu compagnie pendant un long week-end de 3id lkbir, à tremper dans la ruina et à naviguer entre les sacs de congélation de pieds, de tête, de trucs là de moutons… celle-là même qui fait ce petit bruit, là, ce petit chta9 qui doit bien résonner, à chaque fois que tu as ramené l’eau vers toi, et que tu la frappes bien fort, comme ça, chta9 ! sans t’éclabousser ! (bon, moi, j’en suis presque là et mes chaussures, malheureusement s’en souviennent… oui, normalement je suis en tong quand je fais la Karrata, mais je suis arrivée ici avec 20 kg, je vous le rappelle et les tongs c’est lourd…) fin de la parenthèse (longue et inutile, je sais…)

Voilà, donc, j’étais là à faire le ménage dans ma salle de bain, acharnée, appliquée et même contente ! C’est ce dernier point qui m’a étonnée, après des années à me faire engueuler parce que je ne suis pas exactement une bonne fille, de celles qui aident leur mama et qui font le ménage, la cuisine et tout… le ménage, moi, je ne le fais que quand je me sens trèèèèèèèèès bien, c’est même bizarre, il paraît que nettoyer sa maison, c’est comme « nettoyer sa tête », « faire le ménage dans sa vie », ton appart’ comme le reflet de toi-même et de ton inconscient (le mien doit être un sacré bordel ;o) et toutes les conneries de Elle et Femmes du Maroc, là…
Bah nan, moi, quand ça va pas, je laisse tout n’importe comment, même quand ça va « normal », tout s’accumule, s’empoussière, s’encrasse et moi je m’en fouuuuuuuuus ! C’est comme le maquillage, le vernis à ongles, les fringues, tout ça quoi ! Moi, quand ça va bien , que je me sens un peu belle, un peu bien, pas trop con, eh bah, je me maquille, je m’habille bien, je change de vernis plusieurs fois par semaine, j’accorde mes tenues, je suis une fille quoi, je fais ma nénette et tout… mais quand je me sens trop moche, trop grosse, trop con et pas très attirante et bah je me sens même pas la force d’arranger ma tête, de mettre ne serais-ce qu’un peu de fond de teint, d’anti-cernes (heureuse invention, by the way, surtout avec mes horaires…)… Je laisse s’exprimer ma « beauté naturelle » et c’est souvent foireux ;o)

Bref, on devait parler ménage, popotte, vaisselle et me voilà dans mon pot de vernis… il paraît que je m’égare souvent quand j’écris…

Voilà donc une semaine que je touche quotidiennement (voire plusieurs fois par jour, c’est grave ?) une éponge, une Karrata, une serpillière, que j’ai même fais des courses pour ma maison ! putain, Sarah, dans un mall en train de comparer les poêles, de choisir la meilleure couleur pour ses draps (!), d’arpenter les rayons détergents, lisant, examinant les tubes et les flacons comme si j’étais à Yves Rocher ou Sephora ! du grand n’importe quoi !

Bref, tout ça pour dire, que ça va super bien pour moi et qu’il aura fallu une Karrata pour que je m’en rende compte… c’est con, hein ?

jeudi 13 mars 2008

Chut! c'est des secrets...

J’ai été taguée par citoyen marocain (http://poliquonautemarocain.blogspot.com).
Je vais donc vous révéler mes six petits secrets...
J’avoue qu’avec le peu de temps que je ménage pour écrire en ce moment, voilà une occasion en or de publier avant un long week-end sans internet... 3ousfoureyn b7ajar oua7ad za3ma...


1. Je suis... Communiste ! (Camarade Y. Priviat ! le monde entier est un bordel... sauf nous ! comme tu le dis si bien ! ) Je vote même révolutionnaire et je passe mon temps à casser le parti socialiste... comme ses frères de la droite ;o)

2. Je suis superstitieuse... J’ai une pensée assez magique et je vois des signes partout... On m’a lu une fois la « fingane » et je m’y accroche à fond... en tout cas, pour l’instant tout s’est réalisé... ;o)

3. Je suis HYPER fleur bleue, je crois toujours que c’est l’homme de ma vie, j’ai tendance à me jeter à corps perdu dans un truc, qui, après coup, me paraît plus qu’hasardeux...

4. J’adooooooooore mon boulot actuel et je ne me lasserai jamais de la répéter je crois... (c’est pas pour ça que je vais vous dire ce que je fais hinhinhinhin...)

5. J’ai la fâcheuse habitude de goûter, re-goûter, vérifier, piocher, prendre un petit bout de pain pour voir le goût à chaque minute de cuisson et de me retrouver à la fin avec... la moitié de ce qui était dans la poële envolé ! (des heures d’engueulade avec ma mère, ma tante, ma soeur... mais je ne peux pas m’empêcher ;o) c’est comme la pâte des gâteaux, c’est toujours moi qui racle le saladier depuis toute petite...

6. Je ne peux pas sortir sans boucles d’oreille, c’est con, hein, mais ce matin, j’ai dû faire des photos pour refaire mon passeport (7mar ! ou bikhiiiiiiiiiiiiiiiiir wallah !) et on m’a obligée à les retirer... je me sentais vraiment toute nue, même si l’expression est un peu con-con, c’était ça !


Bon, et maintenant je dois en taguer six autres...

KBB, of course, je veux en savoir ENCORE plus ;o)
(http://kbbs.blogspot.com)

La décoiffante Hamida Mentoufa (t’oublie pas pour Souira, hein ?)
(http://hamidamentoufa.unblog.fr)

Jade, qui, j’en suis sûre aura plein de choses à nous révéler ;o) (http://lamaisondejade.blogspot.com)

Soy (http://leretouraupaysdel-enfantpasprodigemaisprolixe.over-blog.com)

SimplyMoroccan, parce qu'en darija ça sera encore plus croustillant ;o)
(http://www.vocabmarocain.com)

5estrellas (http://librezonar.blogspot.com)

dimanche 9 mars 2008

Arrivée

Alors, voilà, je voulais ménager un peu de suspens... (et surtout me laisser un peu de temps pour écrire...) mais je vais casser le mythe... j’ai quitté le Caire et me voilà à... Amman, la ville la plus calme du monde sûrement... (ce qui est encore plus traumatisant après sept mois à Casa et deux semaines au Caire...).

Soporifique est sûrement trop faible, des gens m’avaient dit « neurasthénique », ils n’avaient pas complètement tort ! Ici, le calme n'est rompu que par le bruit du vendeur de butagaz... oui, les bédouins ont une habitude étrange... les gens se font tellement assister (livraison par-ci, coursier par-là, portier and co...) que les bouteilles de gaz viennent chez toi directement dans un camion qui, pour s'annoncer, joue une musique horripilante (genre sonnerie de portable année 1987) à fond dans la rue pour que la ménagère le hèle...

Disons que tout est différent, rien à voir avec le Maroc... Ici tout est bizarre: la langue (comme je vous l’ai dit, ici, Allhye 3a tek al3afiyé c’est gentil !!! ), le prix de tout (et des appart en particulier)... bref, je crois pas que je vais me trouver un petit épicier sympa, j’aurai bien voulu mais il n’y a que des maisons nouvelles, des grandes rues, des malls, pas vraiment un cachet comme au Caire ou même à Casa... à voir...
Amman doit ressembler un peu à Dubaï (où à l'idée que je m'en fais): que des grandes constructions, toutes sur le même modèle, des malls, des avenues, pas une ville où l'on se ballade à pied... grandes distances, grands immeubles, grands magasins... il est loin mon petit épicier marocain et mon vendeur de cigarettes au détail ou de petits gâteaux "bimo"...
Heureusement mes amis me font découvrir des endroits sympas... même si je ne
pourrais sûrement pas y retourner seule... Mon père avait raison, ici pas de jupes... ;o) mais personne n'est habillé en bédouin, mon orientalisme est déçu... ;o)

Je dois m’y faire, au boulot le dimanche (rien que ça, c’est bizarre!!! week end vendredi et samedi... lol), comme d’habitude, je flippe jamais pour les bons trucs et là j’ai encore été un peu trop cool... j’ai donc visité en panique des appartements... le dernier appart' visité, ma copine m’a présentée comme Française, et le type m'a dit, "pour toi, je fais une exception, parce que normalement je loue pas à une fille seule, car, ici, tu sais, les Marocaines par exemple...." encore une fois, me voilà très fière de mon passeport vert dans le monde arabe... ;o)

voilà (un peu) de mes nouvelles, tellement à dire...

Un amour de taxi...

Je pensais que le Maroc avait le monopole des moualin taxiates fous mais apparemment la concurrence s’en sort aussi pas mal du tout…
Ce matin, sous la pluie battante, je me suis ruée dans le premier taxi qui passait par là… il y avait déjà une jeune femme, après discussion en anglais elle m’explique qu’elle est Croate et qu’elle est ici car son mari a trouvé un boulot et qu’elle l’a donc rejoint avec leur petite fille… jusqu’ici rien d’anormal… une fois notre amie descendue du taxi, moul taxi se tourne vers moi et me demande mon avis sur elle… et il avait cet air, je sais pas, un peu niais… alors moi, je commence à m’empatouiller avec mes « drifa » (qu’il comprend pas, bien sûr), « zouina » (que je corrige immédiatement en « jamila », « kouayssa » et autres barbarismes…), bref, rien à dire quoi… et lui qui me sort « ba7ibbouha »… Sarah, naïve, qui répond « oui, oui, moi aussi, ça fait plaisir de voir des filles bien comme elle… » et ce con de me répondre, « nan, nan, c’est ma cliente, chaque jour je la dépose et chaque jour je lui dis « you are my queen », « you are malikat jamal », « you are the most beautiful woman in the world »… et il me raconte ça avec une petite larme à l’œil, véridique, je vous jure… je savais plus quoi faire, ni quoi dire… et moul taxi, soixante ans, je précise, de me demander ce qu’il doit faire, car moi je suis une fille, je connais « assrar annissa2 » ! blocage ! qu’est-ce que je vais lui répondre moi, en plus dans son arabe bizarre, là, il est quand même en train de me supplier en me promettant « Allahye 3atek al3afiyé » !!! (oui, ici, c’est gentil, il paraît… ;o)
et, donc, il m’explique sur toute la route (qui m’a paru extrêmement longue pour une fois) que je dois l’aider à savoir ce qu’il doit faire, parce que quand même elle continue à venir dans son taxi, ça veut dire quelque chose, non ? et puis, c’est sûrement parce qu’elle est mariée qu’elle se fait désirer comme ça, sinon elle serait déjà tombée dans ses bras, non ? qu’est-ce que tu en penses, toi, tu connais les « tkharbi9ates » des femmes, non ? et puis, y’avait ce petit air insipide et con qui me perturbait…
j’ai baratiné des conneries sur « toutes les femmes aiment être flattées », un sujet sur lequel il n’arrêtait pas de me lancer des perches, ça a eu l’air de lui convenir, finalement on est arrivés, enfin…
pendant que je le payais, son petit air con, ses lunettes, sa dégaine vieillotte et son air de chien battu n’arrêtaient toujours pas de me perturber…
c’est en me retournant une dernière fois vers son taxi jaune qui remontait la rue que j’ai compris… ce type est le sosie d’Abbas El Fassi!!!

mercredi 5 mars 2008

Voyage au coeur d'Oum Eddeniya...

Azzaykoum? (me voilà chez les Egyptiens, quel dépaysement! des Arabes qui parlent
une langue chelou, on se croirait au milieu d’une mousalsala qui s’arrête jamais, un métro avec des wagons spécial femmes (!),pas une jupe à l'horizon (de quoi faire passer les bssssst, bsssssssssssssssssss marocains pour des compliments super civilisés...)...
pleins de souvenirs pour une escale malheureusement trop courte...
Magnifiques souvenirs comme le resto sur le nil ou le concert de 3oud à l'opéra du Caire, inoubliables, de nouveaux amis, bref, le rêve... j'ai même vu Abou al Houl en vrai!!! (d'ailleurs rencontré plus de Marocains que dans toute ma vie quasiment et même eu la "joie" de découvrir que notre reputation de "marocaines" n’est pas qu’un mythe... A mon grand désespoir, j’ai découvert que les soirées (pleines de Saoudiens by the way) sont pleines de "gentilles" bnet bledna...
J’ai aussi fait la connaissance d’un Marocain de mon village ! chose qui ne m’était jamais arrivé même au Maroc... et avec lui et tous les autres, j’ai découvert ce qu’était la 3assabiya, la vraie, celle que je trouvais toute con quand je voyais ces Libanais en France qui se collent, s’adorent dès qu’ils apprennent qu’ils ont la même nationalité... en fait, j’ai compris (et c’est quand même étrange, je suis sensée être une pro de la vie en diaspora après avoir passé toute ma vie en France...), j’ai compris, donc, ce bonheur de se retrouver, de retrouver son humour, ses mots, ses subtilités, ses références et le bonheur de partager la darija, les chansons, les danses, c’est con, hein ? mais qu'est-ce que ça fait du bien !
Je n’oublierai jamais non plus cette fille qui s’est dressée dans le métro pour nous faire une khoutba enflammée avant de se rasseoir tranquillement après les 5 minutes qu’elle avait prévu d’y consacrer, ni ce petit garçon qui vend des bonbons dans les wagons en en jetant un à chaque passager assis avant de venir le reprendre, à l’endroit impropable où il a atterri, chacun s’étant bien gardé d’y toucher, comme un truc habituel, normal... ou cette femme dont le sac renferme des trésors : barettes, chaussettes, hijab, collants, épingles, bijoux, qu’elle vend dans cet univers parallèle qu’est le métro cairote !

J’ai hâte d’y revenir...

lundi 3 mars 2008

Europexpress

J’attendais de voir ce que je penserais et ressentirais en posant le pied en Europe. M’y voilà pour deux petites heures...
En transit à l’aéroport, venue de Casablanca dans un avion rempli de Marocains, je n’avais pas encore senti de grosse différence. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que j’ai pris conscience que j’avais changé de monde... pour un truc tout con...
Après avoir bien sûr dû me soumettre aux règles de sécurité (pantalon qui tombe sans ceinture, en chaussettes dans l’aéroport, mes kilos de bakiate de haloua bi louz irradiés des millions de fois (bagages à main, of course... 10 kg en trop déjà... mais faudrait que quelqu’un m’explique comment je suis supposée déménagée avec 20 kg !!!), bref, après, donc, ces « formalités » (largement allégées quand tu portes un passeport 7mar, mes compatriotes, eux, ont été un peu plus longs...) et à Casa on a carrément battu des records avec les Africains... Sans même y mettre la forme, on te prends direct, on te met dans la file d'à côté et tu discutes un peu avec le policier, là...
> Malgré tout ça, donc, je me sentais pas encore trop à l'ouest... la surprise est venue de ma droite, avant d’être carrément encerclée ! Rouge, jaune, verte, bleue, orange... chaque déchet à sa poubelle ici ! Il aura fallu que je vois ça, avec les petites étiquettes espagnol/anglais : verre, aérosol, plastique, papier... Blocage ! je suis restée à rire comme une conne devant ces poubelles qui me souriaient (sic), mesurant chaque seconde un peu plus le fossé qui nous sépare...
> Hier, mon oncle est venu de France, avec sa femme ils m'ont parlé du « scandale » des OGM et des matières végétales hydrogénées... je suis désolée, j'arrive pas, j'arrive plus ! Je suis un peu loin de ça. Je peux plus me passioner pour ça (j'avais déjà du mal avant, mais là...)

Le deuxième choc, c'est quand j'ai voulu manger un truc (Iberia, dans son extrême bonté, te fait payer le sandwich (au jambon?!) à bord, un truc comme 8 euros...)
donc voilà, deuxième blocage, cette fois-ci devant l'étalage de charcuteries, de sandwichs (au choix: bacon, ou bien jambon, ou bien lardon, chorizo...) (aéroport de Madrid, ça explique peut-être?)

Finalement dégoté un hamburger (shame on me...) et là... j'ai fait ce que je n'aurais jamais, ô grand jamais, dû faire: traduire le prix en dirhams!!! Failli tomber par terre, une part de pizza et un Coca, c'est juste un dixième du salaire minimum au Maroc...

Voilà, deux heures seulement et je suis déjà pas très à l'aise... heureusement je m'envole vers un endroit où je devrais avoir mes repères... une ville arabe, bondée, polluée à souhait, embouteillée...

Direction: Le Caire...