mercredi 30 avril 2008

Délit de sale gueule

Je vous avais prévenus… La Sarah est parfois kamikaze…
Alors lundi dernier, à sept heures, j’ai sauté dans un taxi et pris la direction du pont Malik Hussein…

Le pont Malik Hussein, c’est la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie, exactement entre Amman et Jérusalem, à deux pas de Jéricho… Jusqu’ici pas de problème, hormis le fait qu’il faille payer un visa de sortie de la Jordanie, sans pour autant être tamponné sur son passeport comme sortie du royaume, puisque Cisjordanie et Jordanie ne font encore qu’un, officiellement… (cherche pas…) après avoir payé mon timbre à cinq dinars et avoir rigolé avec les policiers jordaniens (sympa ! décidément, rien à voir avec nos petits h’nouchates à nous…) j’ai pris un bus pour aller à la frontière (jordano-palestinienne)… gardée par les… Israéliens ! va comprendre ! En tout cas, ils ont réussi à construire une espèce de gros bâtiment qui ressemble à un aéroport au milieu du désert… ou en tout cas à la partie « sécurité et contrôle » d’un aéroport…

J’arrive donc, mon sac à main (toujours le rouge !) à l’épaule et mon passeport dans la main… pas de bagages, ça va donc un peu plus vite et les sous-fifres arabes qui auscultent les valises des autres m’indiquent l’entrée du bunker… Je rentre, brandissant fièrement mon petit passeport 7mar, me disant bikheeeeeeeeeeeer, ana fransaouiya ! et je rentre dans le nouveau truc à la mode en Israël pour contrôler sans risque : une espèce de cabine blindée qui t’envoie de l’air et te prend en photo en même temps ! (cherche pas…) c’est ça la fouille… je me dis, cool, ça va être sympa… et m’apprête à courir vers la Palestine quand la petite soldate me dit dans son arabe trop mignon « istanni, what’s your name ? », visiblement ça fait pas assez français pour elle… elle comprend pas, me fait répéter trois fois, avant de me dire, « ok, sit down, keep quite » (ah bon ? parce qu’avant qu’elle connaisse mon nom j’avais l’air moins excitée que maintenant ? mouhim, je keep cool and quite et j’attends, le cul vissée sur son petit banc, sous le regard méfiant de ma petite blonde qui explique à ma maman, Française, qui a récupéré son passeport depuis belle lurette, qu’elle ne doit pas rester à côté de moi… (ah oui ? même pour elle je suis devenue dangereuse ?)

Après une heure, où à chaque fois que je tourne la tête, miss blondie sursaute et me dit « sit down ! », arrive un petit rondouillard qui récupère mon passeport et fait… une croix dessus ! après avoir interrogé le pauvre Libanais qui, comme moi, avait rejoint le guichet « VIP » (oui, ici, il y a le guichet « arabes » et le guichet « VIP »…) avec son passeport américain, donc, après l’avoir libéré, il prend son temps, rigole un peu avec ses potos les soldats et vient me voir pour en savoir plus : « so, you are French ? really ? » (nan, nan, j’me suis fait un faux passeport pour passer chez toi, tu veux l’adresse du mec qui me l’a fait ?) (ou bien, j’ai mieux, fais moi comme pour les Arabes, passes mon passeport au détecteur d’empreinte et analyse le dans tes petites machines, là…) « mais, avec ton nom, je comprends pas bien… » (et moi, ce que je comprends pas bien, c’est pourquoi tu viens me faire chier comme ça, juste pour délit de sale gueule et surtout de sale nom, mon vieux…) « nan, mais tu comprendras qu’avec un nom comme ça, je doive te poser des questions supplémentaires », là j’ose un « ah ? » « yes, for security reasons » (ah ! celle-là j’allai juste l’entendre 38.768 millions de fois…) ok, allons-y, alors voilà mon papa est Marocain (ah, oui ! j’adore la bouffe marocaine, ça ressemble à la bouffe turque !) (passons sur la connerie du type, mais la phrase est véridique, wallah !)

Bon, finalement, monsieur entoure la croix sur mon passeport ! (moi, naïve, je croyais que ça voulais dire qu’il avait enfin compris ma bonne foi, parce qu’après avoir expliqué quinze fois que j’allai à Jérusalem pour faire du tourisme (Jérusalem arabe soit dit en passant, et pour ceux qui sont pas encore perdus, en traversant la seule Cisjordanie, sans jamais mettre un pied en Israël !), je croyais, donc, qu’on allait finir par me croire… la folle !

Me voilà, mon passeport en main, ma mama récupérée, pour aller au guichet VIP me faire tamponner le visa israélien pour un pays où je ne vais pas… bref ! arrivée là, mama obtient son tampon en deux temps trois mouvements et je me dis déjà une bonne journée en perspective et tout et tout… mais les petits soldats m’avaient prévu un autre emploi du temps pour ma journée… obligée de remplir des formulaires avec le nom de mon père, les pays arabes que je connais, le nom de tous les Palestiniens que je connais, de tous les Israéliens aussi, de tous les Jordaniens que j’ai rencontré (sérieux, tu les veux tous ? et moul pissri et abou chabab d’il y a trois semaines ?), la photocopie de mes billets d’avion des trois derniers mois (oui, oui, bien sûr, j’ai toujours ça sur moi, t’inquiètes…) et aussi les pays que j’ai le projet de visiter… bref…

Une heure après avoir récupéré mon formulaire (encore bloquée sur mon banc, là, en métal tout froid… et bouge pas, surtout, ok ? on viendra te chercher…) trois types sont venus me faire corriger le formulaire, ajouter ceci, changer cela, préciser tous mes numéros de téléphone, en France, en Jordanie, ailleurs, mails, adresses et tout…
Et finalement un guignol à lunettes débarque et me dit « so, you have something for me
? » (comething for you ? tu te fous de ma gueule ? ah… le formulaire, là, bah oui… )
re-attente et finalement un sous-fifre m’emmène dans le bureau du chef… devant la porte, il me lâche « ah, by the way, you don’t have knives on you ? » (pardon ? et la petite cabine qui envoie de l’air là, elle sert à quoi au juste ?)

Là, le patron est en fait, mon petit binoclard… il me fait un petit suspense avec son sous-fifre, genre « laisse la porte ouverte » « nan, ferme la, en fait », « oui, bah nan, laisse entr’ouvert » (là, il me regarde un moment) « oui, laisse un peu plus ouvert en fait… » (ok, je suis définitivement un danger, je crois…) so… allons-y « alors pourquoi ta mère t’accompagne et pas ton père ? » (sorry ? j’ai pas dû bien comprendre, là !) et est-ce que tu as déjà rencontré des policiers jordaniens (t’es déjà allé en Jordanie, parce que pour pas rencontrer un flic, ici, faut le faire, entre la police de l’environnement, celle du tourisme, de l’eau, et la vraie police, celle des visas, de la frontière, de l’aéroport…) et « alors, t’es Marocaine ? » (là il fait genre, on est potes, « ma mère est de Marrakech » (cool !) ahaha, toi t’es de Casablanca, t’as vu le film ? (quoi ? c’est dans l’interrogatoire, ça aussi, ou bien je dois rigoler, ou dire non ou bien oui, c’est mieux vu ? tu m’as eu, là !)

Bon, donc après une heure de questions à la con, genre « qui paye ton appart’ en Jordanie ? » « pourquoi faire du tourisme en Israël ? » et « si je te parlais en arabe là, tu saurais répondre » (j’ai fait ma folle, là, genre « ok, let’s try ! » « well, I think it’s better in English »…. HAHAHAHA, alors on fait moins le mariole là, monsieur lunettes !) (oui, la Sarah est mesquine parfois…)
après une heure donc, Monsieur me dit « ok, you can go back to your seat »… (pardon, ton petit banc pourri c’est devenu « MY seat » ? et mon passeport… « well, I’ll do my best, but I hope that you have a good book with you ? » (pardon? Un bon livre? Mais ça durer encore combien de temps ces conneries…) « je vais essayer de faire mon max pour que ça dure moins qu’une heure, pour toi… » (quoi, pour moi ? quoi ?)
retour sur mon banc, donc, pour une heure… à la fin de laquelle je pète un plomb et ce connard me répond « attend ! on est obligé de prendre du temps, quand même, you are… » (et là il se rend compte qu’il va dire une grosse connerie…) « yes ? I am… » nan, rien, attends, sit down ! (et pourquoi ?) (ah oui, sorry, j’avais oublié, « security reasons », yes, yes, ok, sorry, cool…) t’as raison, je suis quand même une… (pas VIP, quoi !)
finalement ils me l’ont rendu mon passeport avec ma petite croix, mon petit rond et… un visa trois fois plus court que mama et les autres…
mais, attends ! maintenant c’est le contrôle de la fin, celui où il fouille les bébés des Arabes et vérifie chaque objet au détecteur d’empreintes… nous, les « VIP » on évite ça, mais à la sortie, j’ai quand même eu droit à « by the way, do you have weapons ? »…


Et dire qu’en France, quand je dis Sarah Ben, on croit que je suis Juive…

mercredi 16 avril 2008

Un peu plus au sud...

Alors, oui, je vais détoner ! Alors que la presse, le pouvoir, la rue (en tout cas en apparence, et ici on sait y faire en matière d’apparence, de vitrine, de grande gueule, de grands discours bien creux auxquels personne ne croit, mais auxquels tous se raccrochent…) alors que tous, donc, saluent le quatrième round des négociations et la proposition marocaine. Alors qu’oser se prononcer pour l’auto-détermination en a conduit plus d’un en prison, alors que ne serait-ce qu’évoquer l’idée qu’il serait peut-être envisageable de laisser la possibilité aux Sahraouis d’exprimer leurs choix, leurs aspirations relève tout à la fois du crime de lèse-majesté, de haute trahison, voire d’apostasie à la grande nation marocaine, et bien, malgré tout cela, oui, je me lance…

A priori, je n’ai pas une opinion très prononcée sur le sujet, pour faire court, je m’en fous depuis toujours, je ne m’y suis jamais intéressée (et grand bien m’en a sûrement pris…) et personne ne m’y a jamais sensibilisée… mais depuis que je suis « rentrée », je trouve le consensus tellement unanime et mielleux, dégoulinant, quasi-extatique devant ce territoire qui m’a paru longtemps n’être qu’un tas de sable, que j’en viens à vouloir m’opposer juste pour le plaisir de m’opposer à tout ça ! juste pour ne pas participer à ce grand élan, à cette propagande osons le mot, à ce matraquage permanent !

Pourquoi ne pas permettre le débat ? Pourquoi ne pas laisser les gens juger par eux-mêmes ? Si Tindouf et autres exactions « algériennes » sont aussi graves, les faits parlent d’eux-mêmes et le matraquage qui est fait autour d’eux ne fait qu’insulter la souffrance en la récupérant. Si les Sahraouis sont si décidés à rester dans le giron marocain comme voudrait nous le faire croire la surmédiatisation des associations pro- Sahara marocain et le black-out total sur tout ce qui ne se situe pas dans la bonne ligne, celle dictée par qui de droit… si, donc, nous sommes si sûrs de la réponse, pourquoi ne pas laisser les Sahraouis s’exprimer démocratiquement et clore enfin le débat par un vote qui imposerait une ligne claire ? Pourquoi a-t-on besoin de cette histoire pour maintenir la cohésion ? N’est-ce pas insulter l’intelligence des Marocains que leur faire croire que c’est sur ce seul point qu’ils peuvent montrer leur loyauté, voire leur probité et leur moralité ?

Je trouve honteuses les éructations de notre Premier Ministre qui assimile Sebta et Melilla à la Palestine, quand on « garde » nos Sahraouis derrière un mur (d’accord, de sable… et pudiquement appelé « dispositif de défense »), comme je trouve un peu exagérée la victimisation qui consiste à faire des Sahraouis les Palestiniens africains…

Je trouve affligeant qu’ils soient instrumentalisés dans la longue histoire de tensions entre le Maroc et l’Algérie, comme je trouve ridicule l’appel à la guerre lancé récemment.

Comme je trouve pitoyable que la « communauté internationale » soit assez hypocrite pour soutenir la proposition marocaine tout en distinguant les deux entités, poussant le vice jusqu’à multiplier les projets dans les « provinces du sud » (doux euphémisme… soyons conventionnels !) tout en se cachant derrière des sociétés fantoches aux projets fantômes à travers le royaume (dans sa partie plus… nordique, disons… restons toujours dans la norme !)


Alors on peut toujours me parler de lignes rouges, d’enjeux géostratégiques, de ressources énergétiques, de projet national, de cohésion sociale… ça ne m’empêchera pas de ne toujours rien comprendre et tant que personne ne prendra le temps et le courage de m’expliquer ce que tout cela signifie et représente, je m’opposerai, pour le principe. La question n’est pas d’être pour ou contre, je l’ai dit, je n’ai pas de position sur ce point car je n’ai aucune des clés pour comprendre la question, mais je ne veux pas suivre aveuglément,ni un bord, ni l’autre, donc dans le doute je m’oppose à cette hystérie collective…


Et je risque de ne pas être la seule car un tel consensus ne peut qu’effrayer, ne peut que faire douter… Pourquoi tout le monde est-il d’accord ? Pourquoi toute la presse, dans un seul élan, unanime et tellement laudateur qu’il en paraît suspect, adopte-t-elle et loue-t-elle ce consensus ? Pourquoi dans chaque concert, a-t-on droit à l’inévitable artiste sahraoui, celui qui va chanter la bonté et la grandeur du Maroc et rappeler qu’il est lui-même Sahraoui mais bien Marocain, (Maghribi tab3an, dans le texte)…

A force de forcer ainsi le discours, on ne peut que s’attirer les foudres et forcer les citoyens à se questionner. Entre censures des sites qui expriment des « pensées interdites » et surmédiatisation des "bons indigènes", le pouvoir joue une partie de plus en plus dangereuse que tous les clips, chansons, fêtes nationales et manifestations fantoches ne permettront pas éternellement de soutenir…

dimanche 6 avril 2008

Boum, Pétra et Patatras...



Par où commencer ? Wallah, j’ai l’impression d’avoir vécu trois vies en quatre jours… que d’aventures, za3ma au pays d’Indiana Jones… voilà, je suis partie à Pétra ! Traversée du désert jordanien, magnifique ! magnifique, magnifique, magnifique ! et c’est Sarah, la citadine endurcie qui vous parle… moi qui n’ai jamais pu m’émerveiller devant la nature, les arbres, les roches, les cailloux, tout ce que tu veux, là j’en suis tombée à la renverse… (et pour une fois j’avais l’appareil photo, p’tits veinards…)
Pétra mérite bien son titre de merveille du monde, un petit bijou au milieu de rien… des trésors d’architecture, de sculpture au milieu du désert…
Une longue route pour y arriver avec pour seules radio des trucs en arabe qu’on capte super mal ou bien des radio israéliennes (qu’on capte super bien, par contre) mais super chiantes… traversée de plusieurs petites villes où tout est pas cher (ce qui relève vraiment du miracle en Jordanie) et des gens sympas, qui t’accueillent et t’offrent toujours un petit truc… je crois qu’on oubliera pas de sitôt le cafetier qui a refusé qu’on paye, nous disant au revoir depuis la terrasse d’en face, où il prenait lui aussi son « 2ahwé »…
Tout ça étaient donc bien mignon jusqu’à l’arrivée à little Pétra (oui, cherche pas y’a la petite et la grande Pétra)… accostées dans un restau par des bédouins douteux qui nous proposent de faire une soirée dans le désert… méfiantes au début, on se laisse convaincre par le couple d’anglais qui se sont fait avoir avant nous… on se dit, un peu lâchement, qu’on pourra se casser plus facilement s’ils ont d’autres touristes à harceler… nous voilà partis, avec trois bédouins sur la banquette arrière dans le « désert », vers ce qui s’est révélé être une misérable bande de cailloux à la sortie de la ville au bout d’une piste foireuse… là, devant le plan bidon, comme tout individu normal on préfère passer une bonne soirée, sympa, on va faire demi-tour, pas de soucis… mais comme bien sûr, ça aurait été trop beau… nan, nan, voilà que la voiture ne démarre plus ! ok, on est au milieu du désert, entourées de bédouins qui commencent à être passablement bourrés et squattent la voiture et on peut pas démarrer… zen, Sarah, zen… et celui-là qui drague ma copine, imperturbable, qui continue, son « poème » « I was looking at the moon, and your face was in the moon, and the moon told me… » très mignon, Abdallah, très très mignon ! wallah, j’adore, maintenant on peut appeler un garagiste, please ? Allaye 3atekoum al 3afiyé, vous pouvez faire gaffe avec les ver… ok, pas grave, essaye d’éponger… ok, nan, pas grave, vas-y pousse les affaires… bon, je vous passe les détails de cette soirée mémorable, je ne sais pas comment, on s’est retrouvés à prendre un café avec nos deux amis et, comme nous semblions résister à leurs charmes (multiples et… exotiques s’il en est), ce cher ami n’a pas trouvé mieux que de s’énerver… avant de finalement me regarder droit dans les yeux « ok, I understand, it’s easy to see that u have a psychological problem… are you lesbian ? » (en roulant les r s’il vous plaît…) no comment, Mahmoud m’a tué !
Finalement réussi à s’en décoller après avoir accepté qu’il aille se changer pour nous montrer la tenue bédouine… très sympa par ailleurs, mais j’étais pas exactement dans le « mood » défilé de mode ta9lidi, je crois…
Après ne pas avoir dormi, donc, on a visité Pétra au radar… puis on a pris la route pour Amman, là aussi dans un état second, même si on a réussit à jouer assez bien les débiles en arabe pour faire sauter 50 dinars d’amende pour excès de vitesse… trop de flics ici et pas de corruption, alors obligées de se mettre au théâtre… parler un maximum en anglais, faire semblant de comprendre au bout d’un quart d’heure et glisser des phrases en fos7a, genre j’ai appris le paragraphe « conversation » du guide du routard avec l’accent le plus français possible…
Une escapade pas de tout repos, mouvementée, avec ses coups de pression, mais putain, c’était boooooooooooooooooooooon !

jeudi 3 avril 2008

Une femme française...

Pour ceux qui, comme moi, n'avait rien à faire la semaine dernière devant TV5 et sont tombés sur le film "Une femme française"... (je suis désolée pour ceux qui 'lont vu de le raconter en vrac comme ça, mais c'est comme ça que c'est sorti... en vrac...)

Une femme française, c’est une femme qui aime son mari, vraiment, elle l’aime, et ses enfants aussi, mais elle a envie (besoin ?) d’aller voir ailleurs, elle a des amants, plein, mais on lui en veut même pas, parce que quand elle retrouve son mari (qui fait la guerre en indochine et partout ailleurs, il va même en Algérie à la fin le salaud), eh bah à chaque fois qu’il rentre on sent bien qu’elle l’aime, qu’elle l’aime fort, même et lui aussi… lui, c’est un gentil, un amoureux, y’en a sûrement qui diront que c’est un con, parce qu’il sait tout (c’est les sœurs et la mère de Jeanne, sa femme, qui rapportent tout) et qu’il lui pardonne quand même et qu’il revient avec elle, il la protège, il l’aime, il la soutient et il aime aussi leurs enfants, même s’il se demande si c’est bien les siens les premiers, les jumeaux qu’elle a eu à la fin de la guerre (celle-là c’est la deuxième guerre mondiale, quand il était prisonnier).
Et Jeanne, quand ils partent habiter à Berlin, elle tombe amoureuse d’un Allemand qui s’appelle Matthias, lui aussi elle l’aime vraiment, mais elle arrive jamais à le rejoindre, on croit même qu’elle préfère son mari, mais à la fin, on retrouve dans son sac à main, quand elle est morte, qu’elle a gardé la coupure d’un journal qui disait qu’il était mort, et en fait, elle meurt étouffée, elle pouvait plus respirer… depuis sa mort, apparemment… et là Louis (c’est son mari), il comprend qu’elle l’aimait vraiment, d’ailleurs il s’était battu avec lui pour récupérer sa femme, sa femme qui avait défendu Matthias en le frappant avec une pierre, qui lui laisse une grosse cicatrice dans le dos (mais il fait croire aux gens que c’est le Viêt-Minh qui lui a fait ça)
Jeanne, c’est une femme et c’est une mère… qui s’enferme dans la pièce à côté pour voir Matthias pendant que son fils l’appelle. C’est surtout une femme, enfin, non, c’est surtout une mère qui oublie pas qu’elle est femme, aussi. C’est compliqué, on veut la juger, on peut pas trop, on se demande, on repense à sa mère, on se dit « si c’était moi », « son mari il est quand même à l’autre bout du monde », on a pitié aussi, parce que Jeanne elle existe que dans le regard des hommes et dans la colère de son mari (qui s’énerve pas vite, lui aussi…)
C’est dur d’avoir une maman qui est une femme, aussi… c’est dur d’aimer quelqu’un qui finit par nous quitter, on comprend plus bien pourquoi parce qu’après tout ce qu’il a accepté… et puis en même temps, fallait s’y attendre, mais on l’aime quand même…
Après y’a l’amour, la haine (mais il paraît que ça veut dire qu’il y a encore de l’amour, sinon ce serait de l’indifférence, enfin, c’est ce qu’on dit…) (enfin, ça doit pas être loin de la vérité quand même…), et puis les cris, Jeanne, elle lui demande pardon, à Louis, elle a vraiment l’air sincère, elle le supplie et nous on regarde et on pense fort « pardonne lui, vas-y, déconne pas », après il a pas pardonné, on se dit « bon, en même temps, elle allait encore le tromper et tout, il a raison », après on sait plus bien…
C’est qui le con, après ? Bah oui, Matthias il l’a attendu toute sa vie, Jeanne, elle, elle vit pas le grand amour, elle en aime plusieurs (deux en fait), elle couche seulement avec d’autres, Louis, il l’aime mais il doit la quitter… mais on se dit que même si Jeanne avait rencontré Matthias dès le début, ça aurait sûrement été la même histoire… alors on sait plus bien, et puis on se dit qu’on aimerait une petite vie pépère quand même, ça serait moins dur, mais peut-être moins sympa aussi…
Et puis, les enfants, on s’en fout ! Et quand on y pense, en speed, comme ça, on se dit que c’est vrai, que ça doit pas être facile d’être la fille d’une mère qui oublie pas qu’elle est femme aussi… enfin, nous aussi on sera une femme et une mère inch’Allah et puis on aimerait bien faire aussi bien que cette femme-là, que cette mère-là, même si on en souffre et on l’envie et on lui en veut, et on sait plus bien… et après on oublie… et on y repense de temps en temps, et on se dit que quand on commencera une analyse et bah tout ça, ça se verra et on comprendra mieux, enfin, peut-être…
Mais ça c’est quand on aura 40 ans, des enfants, un mari (encore là, on espère) et qu’on pètera les plombs comme elle mais qu’on osera pas la suivre, ou qu’on aura fait comme elle et que ça aura foiré, comme elle… enfin…

mardi 1 avril 2008

Le vent nous portera...

Aujourd’hui, épopée mythique pour une conférence sur les "Accords d'Agadir" et le futur "first agadir agreement member states investment forum" à Bruxelles... première coopération sud-sud en Méditerranée entre la Jordanie, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie, sur le papier !
Donc, la Jordanie (qui s'en fout tellement que son ministre n'a pas pu venir, za3ma il prépare le sommet de Damas, qui peut croire ça ?! surtout pour un ministre du… commerce !), l'Egypte (dont l'ambassadeur a fait acte de présence, sans décrocher un mot), la Tunisie (qui préside!!!) et le Maroc (tu noteras qu'on a consciencieusement dégagé les agités du bocal (plein de pétrole) d'Algériens et de Libyens...
Et l'UE qui chapeaute tout ça! Qui trône sur du vent, du rien... un truc signé en 2001 qui entre en application en 2006 et entre en effet en 2007 et dont on peut pas tirer les conclusions en 2008... pourquoi une conférence, donc? brefffffffffff... l'ambassadeur paternaliste, le jordanien qui s'en fout, le tunisien qui "préside", tout y était quoi... ça me rapellait le doux temps où je couvrais l'UMA!!! tout dans la nuance, la caricature, jamais!
Des discussions, des discours et… les chiffres ? « n’allons pas trop vite en besogne… nous les réunissons… » des décisions pol… « ATTENTION ! c’est é-co-no-mi-que… on l’a dit pourtant… » et l’UMA, EUROMED, tout ça… ça fait pas double usage ? « bah, nan, ici, y’a pas les Algériens » (tiens, je sais plus quel pays a dit ça…) et quid de la libre circulation des personnes ? « ma philosophie, c’est de voir le verre à moitié plein » (oui ?) (et…) (…) (ah, nan, c’est la fin de la réponse, pardon) des objectifs et des dates ? « oui… dans l’avenir… » (qu’on construit ensemble, peuples des deux rives de la Méditerranée, acchou3oub min defeyn al bahar al abbyad al moutawassit ma3 ba3diyatha … mousta9balna … jamil jiddan… construire des bases culturelles… travailler et produire ensemble… porteur d’espoir…)
Mais pourquoi je baille comme ça, moi, la honte !!! y’a même la télé pour cet événement mémorable !