dimanche 18 mai 2008

Et moi qui croyait...

Elle l’a frappée avec sa ceinture.
Et moi qui croyait que c’était un cliché d’écrivain ou un truc qu’on faisait dans le temps, ou dans les coins reculés du bled… moi, la petite naïve, la petite gâtée, la fausse Arabe, grrandie dans son cocon de parents bac +5-bac +8… moi qui n’ait que de grands discours à la bouche, qui lutte contre tout et n’importe quoi, qui m’enflamme pour les Palestiniens, pour les ouvriers, pour les détenus, que sais-je encore…
Et bien, moi, devant la petite Fatem Zahra qui commençait à me fatiguer à ne pas se souvenir que « foum » en français, ça se dit « bouche », moi qui lui répétais pour la millième fois que « trois » prend un « s » à la fin, j’ai vu sa mère lui décocher un coup de ceinture devant moi, parce qu’elle n’apprenait pas assez vite et pas assez bien, alors que khalto Sarah te l’a répété mille fois… j’ai vu la ceinture sortir, fouetter l’air et retourner sous l’oreiller et je n’ai pas bougé…
Voilà, j’ai une voisine marocaine… ça me tue, mais elle est exactement LA Marocaine de Jordanie, qui m’explique gentiment quand je lui demande où est son mari « mais c’est comme du théâtre, tu vois, un mariage blanc, mais il est sympa… il est Jordanien et il me demande même pas de lui payer chaque mois 100 ou 200 dollars »… A trente ans, elle a donc faussement épousé un Jordanien de 23 ans, comme sa sœur avant elle, qui « doit l’aider à obtenir la nationalité, mais là c’est un peu compliqué parce que son mari jordanien vient de rentrer en prison, donc là on va laisser un peu se tasser les choses… » et quand elle me parle de ses recherches de boulots dans « les hôtels », « les massages » ou les « cafés » je dois jouer mon oie blanche et faire celle qui comprend pas, elle m’a assez répété qu’elle cherchait des hôtels « mouhtaramin » pour faire ses massages, elle est même prête à bosser de nuit, tu vois elle s’adapte, la flexibilité, tout ça…
Moi, qui en voulais aux Jordaniens d’insinuer que nous, les Marocaines… bref, voilà, j’en ai vu une… et ça me fait tellement mal pour elle… mariée à Aîn Sebaa, fraîchement débarquée de 3abda, son mari l’a laissée avec sa petite Fatem Zahra, qu’elle trimballe partout avec elle, en boîte où elle a intérêt à se trouver une banquette pour dormir, parce que sa mère est intransigeante, « elle est petite, elle doit dormir tôt », au restau quand elle se fait inviter par les millions de mecs qui l’appellent, pour lui dire qu’ils vont lui trouver un boulot, qu’ils cherchent, là…
Et puis, comme elle a pas fait d’études, elle veut que Fatem Zahra réussisse, alors… Elle l’a frappée avec sa ceinture.
Et moi qui croyait…

lundi 12 mai 2008

Trip to Jerusalem (Part 2)



Bon, après les aventures du matin, on a sauté dans la navette direction Damascus Gate à Jérusalem… sans le savoir on a eu une chance énorme… débarquées en plein Pessah, la vieille Ville était interdite aux Arabes… mais la navette, elle, peut transiter…nous avons donc atterri au milieu de Jérusalem Est, empruntant la Via Dolorosa pour aller manger dans « la meilleure pizzeria de Jérusalem depuis cinquante ans », si l’on en croit la vitrine (tu vois, Italiano, je te suis fidèle ;o) (mais moi j’ai pris un kebab… sorry)

C’est donc ça Jérusalem, c’est donc ici ! Ici où se « mêlent » Arabes et Juifs, ici qu’Ariel Sharon résidait, au milieu du quartier arabe, à deux pas des mosquées, ici que les patrouilles se succèdent, mitraillette à l’épaule et gilet pare-balles de rigueur… tiens, des sœurs qui s’arrêtent à chaque station du chemin de croix, là, un groupe de femmes juives, le crâne rasé, ici des femmes voilées… ah, une boutique de CDs… Amr Diab, Elissa et les prêches d’Amr Khaled… à côté un vendeur de chapelets chrétiens et de statues du Christ…

Pessah oblige on n’a pu écouter aucun guide à l’œil, tous les groupes étaient des Juifs d’Europe ou de tout Israël venus écouter - en hébreu - des conférences sur chaque porte de la vieille ville arabe (qui, bien sûr ! était avant tout juive… of course)…Mortes de rire avec mama en débardeur à côté de nos amis les Loubavitch qui se baladaient avec leurs très mignons chapeau, genre, voilà, c’est cool, j’ai mon canapé sur la tête… explosée… après avoir visité le Saint-Sépulcre au milieu de centaines de pèlerins… (nan, parce qu’en plus de Pessah on est aussi arrivées au moment de la Pâques Orthodoxe et le Saint-Sépulcre est à un tiers orthodoxe… impressionnant, cette cohabitation, d’ailleurs… plusieurs Eglises dans une église et plusieurs bâtiments en un… une cohabitation un peu tranquille (quand il n’y a pas bagarre des prêtres lors du grand ménage, véridique !)

Ensuite, nous nous sommes dirigées vers l’Esplanade des Mosquées… à l’entrée j’ai dû réciter la Fatiha à un soldat israélien… « Passport please… aha French ! » « no way… » « are you sure you’re a Muslim…” (yes, I think so… why?) “you’re French and Muslim?” (eh bah ouais, ça existe…) “ok, tell me the fatikha” (j’adoooooooore ton accent, gros) (well, let’s go Bismillah….) et là, il baisse la tête, genre il écoute attentivement… il m’a juste coupée en plein milieu, l’air de rien y comprendre… « well, ok, go… »… et à l’entrée un Arabe me fait re-réciter tout ce que je sais de Coran, on discute un peu… « tab, anti fi firanssa… ou fi ktir muslimoum houn ? comment tu vas te marier là-bas ? tu veux un Marocain ? » (euh, bah, écoute… si tu veux on en reparle un autre jour, ok ? on verra…) bref… me voilà sur l’Esplanade… gigantesque, énorme, impressionnant… tellement grand et tellement calme… tellement beau, je sais pas, tu sens un autre, c’est beau, c’est tellement beau… et là, le dôme apparaît, encore plus grand qu’en vrai, plus beau, plus brillant… rien à voir avec les photos qui m’avaient déjà emballées… grandiose ! il faut voir ça dans sa vie, franchement ! (désolée, je suis pas rentrée avec l’appareil photo…) rentrée prier… un régal… beaucoup de femmes (quasiment que des femmes, puisque pour rentrer pour un homme, y’a des limites d’âge et aussi de tête… (à la discrétion de mon pote à l’entrée… mister « fatikha »…) ici, des femmes viennent passer la journée… y’en a qui pique-niquent, d’autres qui dorment ici, d’autres qui prient… et y’a même des oiseaux qui passent, rentrent, volettent… puis al aqsa al gadim, et encore un grand parc… un délicieux moment…

En ressortant, mister fatikha est encore intrigué, il me demande si je parle arabe, je reste évasive… et là un autre soldat arrive et me parle en arabe… je comprends pas, je lui dis… il a pas l’accent des autres… et il me lâche, au milieu de son « solero exotique »…, « moi, je suis Druze… », aha… alors c’est vrai, y’a vraiment des Arabes et des Musulmans dans Tsahal… bref, on sympathise avec mon Druze… il est content de me parler en arabe, de me montrer qu’il est soldat et qu’il parle arabe… (il doit aussi être content de voir une Arabe qui le méprise pas… en discutant après, je découvre à quel point on les hait… les seuls Arabes qui ont le droit de servir Tsahal (et qui le font !) je croyais qu’il n’y avait qu’au Golan qu’ils s’engageaient contre les Syriens, mais non, ici aussi, ils soutiennent l’Etat hébreu (ou en tout cas, participent à sa « défense »…) avis mitigé… je ne sais plus trop quoi penser…

Mais il va être 19h et les check-point vont fermer…
On rentre dormir chez une amie à Ram (entre Ramallah et Jérusalem…) dix minutes en temps normal, près d’une heure en voiture à cause du Mur… le Mur qu’on voit partout depuis la frontière, entre deux colonies… j’ai eu l’impression de ne voir que des colonies d’ailleurs depuis mon entrée en Cisjordanie… Ma’ale Adounim, une des plus importantes et des plus connues nous cueille dès l’entrée, puis ça s’enchaîne… toujours entourées de ce fameux mur… légèrement opprimant comme sensation… pour aller à Ram, on le longe dans les deux sens, alors qu’on passe de Jérusalem Est à une banlieue arabe… 4 km de mur dans les deux sens… ça aussi c’est une expérience…

Et après tout ça, retour en catastrophe le matin à Malik Hussein. Avec Pessah, la frontière ferme encore plus tôt… et il faut avoir le temps, on sait jamais, et puis faut le payer le visa de sortie… oui, on paye pas l’entrée en Israël mais pour en sortir (même sans y être entré !) on paye… et 30 dollars, please…

dimanche 4 mai 2008



Ce matin, je suis tombée sur un proverbe arabe...

NE CHANGE PAS TON NOM A CAUSE DE TA ROUTE ET NE CHANGE PAS TA ROUTE A CAUSE DE TON NOM...

So, Palestine... I'll be back soooooooooooooooon ;o)