mercredi 13 février 2008

Sens inique...

Au voleur ! A l’aide ! Au scandale ! Alors que je me rapproche de mon cher taxi blanc, celui du soir, après une journée de boulot, à peine de retour sur Casa, en train de me réacclimater aux pots d’échappements, au bruit, que je zigzague entre les cireurs de chaussures, les moul détails, la vieille qui m’engueule chaque soir parce que je refuse de lui acheter son paquet de mouchoirs, comme hier, comme demain inch’Allah, on le fait toutes les deux pour la forme maintenant… que j’essaye de ne pas entendre les apostrophes plus ou moins poétiques et les sourires édentés de mes « prétendants », bref, que je marche dans ma ville… Alors, donc, que j’avance de mon pas décidé – quoique légèrement freiné par les contingences précitées… - je constate avec effroi la présence d’un intrus dans ce tableau, qui perturbe cet ensemble bien réglé… avec sa casquette et son uniforme seyant, le boulici que voilà, pas con pour un sou, a décidé que s’arrêter à l’arrêt des taxis blancs était devenu un délit pour tout taxi blanc, délit qu’il entend bien taxer au prix fort… me voilà donc remuant les doigts - dans un langage bien particulier et qui, sorti de son contexte, pourrait passablement me causer des problèmes, mais nous sommes à Casa… - me voilà donc, disais-je, agitant les mains pour rien ! Les taxis blancs passent, repassent et jamais ne s’arrêtent… voilà comment un petit fonctionnaire marocain peut emmerder beaucoup de monde pour rien ! Je m’imagine alors remontant à pied une route qui me paraît déjà interminable, livrée aux gaz d’échappement, aux avances de mes chers compatriotes alignés sagement aux terrasses des cafés qui s’alignent tout aussi sagement tout le long de ma route, comme par hasard… Perdue dans ce cauchemar alors que j’esquisse les premiers pas de cette longue épopée, lorsque je m’aperçois que pas plus loin que deux mètres après un taxi blanc s’arrête, puis un autre… en fait, je crois que j’ai compris comment ça marche : ici, au Maroc, la loi, la justice, la police, qui, c’est bien connu, est visionnaire et en avance sur son temps, ne regarde QUE vers l’avant, et mon bon policier ne sanctionne que ceux qui voudraient s’arrêter là où portent ses regards, derrière lui le déluge… eh bah, voilà, deux petits pas de plus et je l’ai mon taxi ! En fait, c’était simple…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je prends note, comme je vais à Casa bientôt... :))