vendredi 28 novembre 2008

Le spleen de Paris...



Je n’arrive pas à écrire, je ne sais déjà plus quoi dire… tristesse des mots, fadeur du discours, vacuité totale de l’esprit… fatiguée, lassée, désorientée… le spleen de Paris ? je ne sais pas, ou plus…

Il m’arrive toujours autant de choses, je me prends toujours autant de trucs dans la gueule, comme ça, violemment. Je réagis toujours autant, je ris fort, je pleure un peu, je suis violemment dégoûtée, je m’insurge beaucoup, j’agis un peu, mais je n’arrive plus à le formuler…

Je passe mes journées à argumenter, à m’opposer, à essayer de me distinguer, à essayer de faire entendre ma voix, à refuser le formatage, les idées qu’on m’impose, à tenter de me forger des opinions… Je pérore pas mal, je m’enflamme, défend des théories que nous ne sommes plus beaucoup à défendre, je prends faits et causes pour ceci ou cela et puis là… je suis vidée, fatiguée, éreintée…

Peut-être ce film hier soir à l’IMA sur Driss Chraïbi, qui remue toujours tellement de choses en moi...
peut-être la lecture fiévreuse de Moha le fou Moha le sage (merci Mohammed ! merci !!!) qui depuis hier me hante…
peut être ce type qui s’est écroulé sous nos yeux dans le métro et que tout le monde préférait enjamber au lieu de l’aider à se relever…
peut-être l’homme pressé du même wagon qui proposait de « le foutre dehors à coups de pied dans le cul »… ou celui qui est subrepticement passé devant cet aveugle qui laisser filer sa troisième rame de métro…
peut-être Saïd, 30 ans, chef d’entreprise, qui me raconte l’accueil des banquiers pour monter sa boîte, avec pour seule question à la bouche : « comment avez-vous réussi à vous procurer tous ces faux documents ? »…
peut-être l’impression de se sentir un peu seule, au retour de cette manif’ où nous étions deux cents à manifester contre la réouverture du centre de rétention administrative, entourés par autant de flics…

Le spleen de Paris, sûrement…

vendredi 7 novembre 2008

Choses vues, lues, entendues et vécues...

A écouter en même temps... (p'tits chanceux, j'vous mets la vidéo... juste le temps que j'aprenne à faire des liens sons...)



- Une Equatorienne dénoncée par la mairie de Tibery… alors qu’elle avait inscrit son fils à l’école… (tu sais l’école de la République… pour être un bon citoyen de la France d’Hortefeux…)

- Un jeune qui prend 18 mois ferme pour avoir taggé « Allah al Watan al Barsa » sur les murs de son école…

- Ce chef d’entreprise banlieusard qui me raconte les rires condescendants et les portes claquées par les banquiers à qui il demandait des fonds pour son business…

- Un sommet sur « l’intégration » à Vichy… et apparemment, je suis pas la seule que ça énerve…

- Le temps aussi s’y est mis : trouvé dans le Journal du Dimanche : le "mur" de Melilla emporté par l'orage sur une trentaine de mètres…

- Le premier Président noir des Etats-Unis fêté à Paris par une foule désespérément blanche… une soirée mémorable où tout le monde s’est bien marré… surtout quand je demandais aux gens si ils pensaient qu’on verrait un jour un Arabe ou un Noir à l’Elysée…

- Berlusconi qui se félicite de l’élection du playboy Obama, « jeune, beau et bronzé » !

- Rachid Ninni débouté… y’aurait-il une Justice chez nous ? et dire, qu’on en doutait…

- Cet avocat qui m’explique que Rachida Dati a un côté « vraiment con » et parle mieux de Chanel ou de Dior que de justice… avant de me fixer parmi la foule, ajoutant « au fait… si jamais il y avait ici la cousine de Rachida Dati…. Il faut pas répéter, hein ? »… personne lui a dit que les Arabes étaient pas tous des frères ?

- Hier matin, 8 heures, ma station de métro défigurée par des affichettes de l’UNI (« Etudiant de droite, rejoins nous ! »), sous un drapeau bleu-blanc-rouge qui flotte, avec la phrase « Français et fier de l’être !)…

- … et le soir, ma station comme avant, juste avec des petits bouts d’affiches qui pendouillent lamentablement…

lundi 20 octobre 2008

Anta fi firanssa la tastaghreb !

Back to roots… me voilà de retour d’un reportage bien rigolo… des princes saoudiens, des petits Européens qui forent chez eux, des spéculateurs qui prient pour que le cours du brut remonte, des petits Français qui ont bien compris où se trouvent le clash, des petites nénettes qui l’ont tout aussi bien saisi et jouent de leurs atouts auprès des vieux capitalistes en mal d’amour…
Contente d’avoir entendu un prince remettre à leur place les petits démocrates de nos grands pays capitalistes qui voient leur entrée dans les capitaux comme une action « hostile »… le p’tit prince a dit… « ah bon, il va gaspiller tout l’argent qu’j’lui avait prêté… demain j’reviens avec des mecs du 9.5, des mecs du 94 et des mecs du 9.3 »… 9.3 ! tiens, parlons-en… j’ai quitté la France trois jours, je rentre pour apprendre qu’on y découvre les violences policières après une vidéo à Montfermeil… Saba7 al kheir… mieux vaut tard que jamais… no comment…
90ème suicide en prison depuis le début de l’année, mais on préfère faire les unes sur les sifflets pour France-Tunisie… et puis, tiens, tant qu’à faire on va interdire les matchs avec les pays du Maghreb… à quand l’entrée des stades au faciès… on pourrait aussi nous noter : 10/10 parfaitement intégré… jusqu’à 0/10 bon à expulser…
Pas vraiment optimiste, la Sarah Ben, ce soir ! peut-être parce qu’en ce beau mois d’octobre, le 17 est encore passé à la trappe ! aucune commémoration, toujours aucune excuse… parce que Mehdi Ben Barka a disparu cette semaine et que personne n’en parle…
Back to roots, je vous dit…

lundi 6 octobre 2008

Back...

Voilà… me revoilà en France… difficile retour, pas mal de choses, de gens, d’histoires laissées là-bas, un peu partout… encore plein de choses à voir, d’aventures à vivre ici et là… des amitiés, des amoures, des liens à entretenir… le retour est difficile, des bouts de moi, de ma vie, me manquent… d’autres se créent ici… l’ordre me dérange, le silence me tue, le Français me fatigue, une seule langue, des sujets de discussion tellement uniformes, la pensée unique me rend malade, le conformisme et le consensus me fatiguent… nous sommes bien peu militants, bien peu concernés, bien peu réveillés, je trouve…
Je rentre et on tire sur les Arabes, les insultes refleurissent, je suis une « conne » et chaque cinéma, chaque kiosque, me le rappelle, une « intégriste », une « soumise », une « terroriste »… la lutte recommence, je dois de nouveau me justifier, montrer patte blanche, je dois m’expliquer, prouver que je ne suis pas « comme eux », que je ne soutient pas ceci ou cela, que je ne cautionne pas, que je ne suis pas embrigadée…
Je suis déjà fatiguée, je croyais avoir dépassé ça… et puis, je reviens et rien n’a changé… je suis encore une « beurette », l’Arabe de service… je devrais pouvoir raconter la ZEP, la banlieue, l’Islam…
Je ne suis pas ça, je ne suis pas QUE ça, je ne veux pas être ça, je veux parler d’autres choses, pouvoir parler de tout, sans qu’on analyse mes positions, mes paroles, mes idées à l’aune de ce que je devrais être, de ce qu’on croit que je suis, de ce que je devrais représenter, de ce qu’on attend de moi…
Je veux pouvoir être d’un bord politique, d’une confession, d’un avis qui est le mien, avant d’être celui de ma communauté supposée… communauté que, par ailleurs et cela m’est aussi étrange qu’aux autres, j’ai bonheur à côtoyer… communauté dans laquelle je me reconnais en partie, comme je me reconnais dans des groupes politiques, une génération, une ville, un pays… j’aimerai juste qu’on me laisse de réclamer de plusieurs identités, de plusieurs courants, de plusieurs personnes… sans présupposés !
Je rentre et je dois retrouver des réflexes qui me pesaient et dont je voulais me délester… je rentre et je dois encore m’expliquer…
Je rentre et on tire sur les Arabes…

mercredi 16 juillet 2008

Bled 3ajib...




Sauté dans un taxi direction Damas… pour moins de 10 euros !
J'avais peur que les Syriens me créent des problèmes avec mon passeport français et ma carte nationale marocaine, mais ils ont rien dit zaama al oua7dé al 3arabiyé ;o) donc en bonne logique (syrienne) ils m’ont fait le visa des… Irakiens… blad 3ajib, nan ? et au retour, l’amie qui m’accompagnait a voulu revenir en Jordanie avec son passeport marocain, donc il ont voulu lui faire un interrogatoire, puisque, c’est connu, les Marocaines viennent chez eux pour se prostituer… on nous l’a faite à l’américaine, genre « tchch tchchchch 3andana mouatena maghribiya... » le poste frontière en ébullition, prêt à appréhender cette Marocaine qui passe de Syrie en Jordanie… mouhim, entre deux, on a vu Damas, la vieille ville est superbe! …

J’vous la fais un peu comme dans les films dernière générations, c'est pas vraiment dans l'ordre... désolée ;o)

A Damas, donc, on s'est baladées dans les quartiers chiites, les seules sans voile (ou mazal on avait des manches!!!) elles sont toutes ninja! Mais pas le ninja marocain, nan, nan, elles, elles tiennent leur foulard avec la bouche, voire elles le coincent sous leur nez, pour que ça tienne, j'adoooooooooooooooooore les syriennes ;o)

La mosquée des Omeyyades (sur la photo) est magnifique et son adhan l'est encore plus, ils le font à cinq ! Du côté des mosquées chiites, Sayda Rqiya est à voir, dédié à l'arrière petite fille du prophète… Autour du mausolée, des femmes tournent en rond et hurlent, pleurent… comme à un enterrement ici, à coup de « Allaaaaaaaaaaaaaaah », « ya laaaaaaaaaaaahoui »… bled 3ajib, nan ?

Le plus sympa à Damas ? au milieu du sou9, qui s’étale sur plusieurs grandes rues couvertes, qui m’ont rappelé un peu la médina de Rabat, des lignées de boutiques de chaque côté, plus belles les unes que les autres, ici des épices, là des tissus, un vendeur de grenouille séchées et autres peaux de serpents, « ki khalli arrijal kal 7ssan ! », une famille à ma gauche, deux femmes voilées sur ma droite et mon regard captivé par les échoppes… et là, juste après le glacier le plus couru de Damas, une porte ouverte qui donne sur… un hammam (pour hommes of course) avec la porte OUVERTE!!! Savamment agencés, les sdadar sur lesquels ces éphèbes se prélassent sont bien sûr disposés dans l’axe exact de la porte… et la serviette microscopique est de mise…

(by the way, bled 3ajib, je voulais vous écrire mais il n’y a pas des masses de cybers et la plupart des sites sont censurés donc…)

mercredi 9 juillet 2008

Un soir à Amman...

Amman, ouasst al balad, 3 m², des murs tapissés de DVDs, une télévision immanquablement allumée mais que personne ne regarde, des cartons de films qui s’entassent et au milieu le petit vendeur qui s’agite, prévenant… très prévenant, enfin, surtout avec l’ami qui m’accompagne, à coup de habibi et autres 3azizi en lui pressant la main, le bras, l’épaule…
Au rayon des films indiens, deux hommes qui demandent les dernières sorties. Ils veulent Shah Rukh Khan et Kajol, Preity Zinta et Ashwarya Rai, ils connaissent bien et semblent apprécier le style Bollywood… et dire qu’on m’appelle la midinette quand je pleure devant le millième mariage de Shah Rukh Khan qui va rater à cause de la belle-mère, des terroristes, d’un tremblement de terre ou que sais-je ! Les deux djellabas blanches s’écartent et deux nouveaux entrants font leur apparition, réduisant un peu plus encore l’espace dans la petite échoppe… Ils descendent d’une voiture immatriculée en Jordanie mais ils ont cette façon bien particulière de prononcer le « h »… Eux, se tournent tout de suite vers les derniers films américains, au cinéma chez eux et déjà en DVD à un dinar ici…
Plusieurs sacs de films de Bollywood plus tard, les deux jellabas se mettent en branle, les keffieh virevoltent et un puissant « salamo 3alaikoum » retentit. Nos fans de mélodrames indiens reprennent la route : venus de Jeddah pour faire leurs courses et respirer quelques instants dans la folle Amman – pourtant bien prude aux yeux de plus d’un…
Le long de l’autre mur, on passe en revue - en anglais – les derniers scénarii d’Hollywood, on convertit en shekels pour mieux marchander et on finit par se séparer après maints « salam khalikoum » et autres « akhlan »… Moi, je regarde mes voisins d’outre-jourdain remonter dans leur voiture sans bien comprendre, tandis que mon ami m’explique que, « dans un souci de protection », des plaques locales leur sont fournies à la frontière.
A la télé, des images d’archives, Sabra et Chatila, une vieille femme en pleurs, elle hurle, fixe la caméra : « wein al 3arab ? weinkoum ? »

mardi 17 juin 2008

A très vite...

Je suis désolée... j'ai délaissé ce blog, repoussant chaque jour l'envoi de nouveaux posts...
je suis juste encore en vadrouille... je vous promets que vous aurez très vite des nouvelles et je vous prépare des billets sur toutes mes nouvelles découvertes...
plein d'histoires en tête, juste pas le temps de me poser pour écrire... mais je vais m'y mettre, c'est promis!

à très vite!

ps: merci de venir aux nouvelles... voilà qui va bien me remotiver...

dimanche 18 mai 2008

Et moi qui croyait...

Elle l’a frappée avec sa ceinture.
Et moi qui croyait que c’était un cliché d’écrivain ou un truc qu’on faisait dans le temps, ou dans les coins reculés du bled… moi, la petite naïve, la petite gâtée, la fausse Arabe, grrandie dans son cocon de parents bac +5-bac +8… moi qui n’ait que de grands discours à la bouche, qui lutte contre tout et n’importe quoi, qui m’enflamme pour les Palestiniens, pour les ouvriers, pour les détenus, que sais-je encore…
Et bien, moi, devant la petite Fatem Zahra qui commençait à me fatiguer à ne pas se souvenir que « foum » en français, ça se dit « bouche », moi qui lui répétais pour la millième fois que « trois » prend un « s » à la fin, j’ai vu sa mère lui décocher un coup de ceinture devant moi, parce qu’elle n’apprenait pas assez vite et pas assez bien, alors que khalto Sarah te l’a répété mille fois… j’ai vu la ceinture sortir, fouetter l’air et retourner sous l’oreiller et je n’ai pas bougé…
Voilà, j’ai une voisine marocaine… ça me tue, mais elle est exactement LA Marocaine de Jordanie, qui m’explique gentiment quand je lui demande où est son mari « mais c’est comme du théâtre, tu vois, un mariage blanc, mais il est sympa… il est Jordanien et il me demande même pas de lui payer chaque mois 100 ou 200 dollars »… A trente ans, elle a donc faussement épousé un Jordanien de 23 ans, comme sa sœur avant elle, qui « doit l’aider à obtenir la nationalité, mais là c’est un peu compliqué parce que son mari jordanien vient de rentrer en prison, donc là on va laisser un peu se tasser les choses… » et quand elle me parle de ses recherches de boulots dans « les hôtels », « les massages » ou les « cafés » je dois jouer mon oie blanche et faire celle qui comprend pas, elle m’a assez répété qu’elle cherchait des hôtels « mouhtaramin » pour faire ses massages, elle est même prête à bosser de nuit, tu vois elle s’adapte, la flexibilité, tout ça…
Moi, qui en voulais aux Jordaniens d’insinuer que nous, les Marocaines… bref, voilà, j’en ai vu une… et ça me fait tellement mal pour elle… mariée à Aîn Sebaa, fraîchement débarquée de 3abda, son mari l’a laissée avec sa petite Fatem Zahra, qu’elle trimballe partout avec elle, en boîte où elle a intérêt à se trouver une banquette pour dormir, parce que sa mère est intransigeante, « elle est petite, elle doit dormir tôt », au restau quand elle se fait inviter par les millions de mecs qui l’appellent, pour lui dire qu’ils vont lui trouver un boulot, qu’ils cherchent, là…
Et puis, comme elle a pas fait d’études, elle veut que Fatem Zahra réussisse, alors… Elle l’a frappée avec sa ceinture.
Et moi qui croyait…

lundi 12 mai 2008

Trip to Jerusalem (Part 2)



Bon, après les aventures du matin, on a sauté dans la navette direction Damascus Gate à Jérusalem… sans le savoir on a eu une chance énorme… débarquées en plein Pessah, la vieille Ville était interdite aux Arabes… mais la navette, elle, peut transiter…nous avons donc atterri au milieu de Jérusalem Est, empruntant la Via Dolorosa pour aller manger dans « la meilleure pizzeria de Jérusalem depuis cinquante ans », si l’on en croit la vitrine (tu vois, Italiano, je te suis fidèle ;o) (mais moi j’ai pris un kebab… sorry)

C’est donc ça Jérusalem, c’est donc ici ! Ici où se « mêlent » Arabes et Juifs, ici qu’Ariel Sharon résidait, au milieu du quartier arabe, à deux pas des mosquées, ici que les patrouilles se succèdent, mitraillette à l’épaule et gilet pare-balles de rigueur… tiens, des sœurs qui s’arrêtent à chaque station du chemin de croix, là, un groupe de femmes juives, le crâne rasé, ici des femmes voilées… ah, une boutique de CDs… Amr Diab, Elissa et les prêches d’Amr Khaled… à côté un vendeur de chapelets chrétiens et de statues du Christ…

Pessah oblige on n’a pu écouter aucun guide à l’œil, tous les groupes étaient des Juifs d’Europe ou de tout Israël venus écouter - en hébreu - des conférences sur chaque porte de la vieille ville arabe (qui, bien sûr ! était avant tout juive… of course)…Mortes de rire avec mama en débardeur à côté de nos amis les Loubavitch qui se baladaient avec leurs très mignons chapeau, genre, voilà, c’est cool, j’ai mon canapé sur la tête… explosée… après avoir visité le Saint-Sépulcre au milieu de centaines de pèlerins… (nan, parce qu’en plus de Pessah on est aussi arrivées au moment de la Pâques Orthodoxe et le Saint-Sépulcre est à un tiers orthodoxe… impressionnant, cette cohabitation, d’ailleurs… plusieurs Eglises dans une église et plusieurs bâtiments en un… une cohabitation un peu tranquille (quand il n’y a pas bagarre des prêtres lors du grand ménage, véridique !)

Ensuite, nous nous sommes dirigées vers l’Esplanade des Mosquées… à l’entrée j’ai dû réciter la Fatiha à un soldat israélien… « Passport please… aha French ! » « no way… » « are you sure you’re a Muslim…” (yes, I think so… why?) “you’re French and Muslim?” (eh bah ouais, ça existe…) “ok, tell me the fatikha” (j’adoooooooore ton accent, gros) (well, let’s go Bismillah….) et là, il baisse la tête, genre il écoute attentivement… il m’a juste coupée en plein milieu, l’air de rien y comprendre… « well, ok, go… »… et à l’entrée un Arabe me fait re-réciter tout ce que je sais de Coran, on discute un peu… « tab, anti fi firanssa… ou fi ktir muslimoum houn ? comment tu vas te marier là-bas ? tu veux un Marocain ? » (euh, bah, écoute… si tu veux on en reparle un autre jour, ok ? on verra…) bref… me voilà sur l’Esplanade… gigantesque, énorme, impressionnant… tellement grand et tellement calme… tellement beau, je sais pas, tu sens un autre, c’est beau, c’est tellement beau… et là, le dôme apparaît, encore plus grand qu’en vrai, plus beau, plus brillant… rien à voir avec les photos qui m’avaient déjà emballées… grandiose ! il faut voir ça dans sa vie, franchement ! (désolée, je suis pas rentrée avec l’appareil photo…) rentrée prier… un régal… beaucoup de femmes (quasiment que des femmes, puisque pour rentrer pour un homme, y’a des limites d’âge et aussi de tête… (à la discrétion de mon pote à l’entrée… mister « fatikha »…) ici, des femmes viennent passer la journée… y’en a qui pique-niquent, d’autres qui dorment ici, d’autres qui prient… et y’a même des oiseaux qui passent, rentrent, volettent… puis al aqsa al gadim, et encore un grand parc… un délicieux moment…

En ressortant, mister fatikha est encore intrigué, il me demande si je parle arabe, je reste évasive… et là un autre soldat arrive et me parle en arabe… je comprends pas, je lui dis… il a pas l’accent des autres… et il me lâche, au milieu de son « solero exotique »…, « moi, je suis Druze… », aha… alors c’est vrai, y’a vraiment des Arabes et des Musulmans dans Tsahal… bref, on sympathise avec mon Druze… il est content de me parler en arabe, de me montrer qu’il est soldat et qu’il parle arabe… (il doit aussi être content de voir une Arabe qui le méprise pas… en discutant après, je découvre à quel point on les hait… les seuls Arabes qui ont le droit de servir Tsahal (et qui le font !) je croyais qu’il n’y avait qu’au Golan qu’ils s’engageaient contre les Syriens, mais non, ici aussi, ils soutiennent l’Etat hébreu (ou en tout cas, participent à sa « défense »…) avis mitigé… je ne sais plus trop quoi penser…

Mais il va être 19h et les check-point vont fermer…
On rentre dormir chez une amie à Ram (entre Ramallah et Jérusalem…) dix minutes en temps normal, près d’une heure en voiture à cause du Mur… le Mur qu’on voit partout depuis la frontière, entre deux colonies… j’ai eu l’impression de ne voir que des colonies d’ailleurs depuis mon entrée en Cisjordanie… Ma’ale Adounim, une des plus importantes et des plus connues nous cueille dès l’entrée, puis ça s’enchaîne… toujours entourées de ce fameux mur… légèrement opprimant comme sensation… pour aller à Ram, on le longe dans les deux sens, alors qu’on passe de Jérusalem Est à une banlieue arabe… 4 km de mur dans les deux sens… ça aussi c’est une expérience…

Et après tout ça, retour en catastrophe le matin à Malik Hussein. Avec Pessah, la frontière ferme encore plus tôt… et il faut avoir le temps, on sait jamais, et puis faut le payer le visa de sortie… oui, on paye pas l’entrée en Israël mais pour en sortir (même sans y être entré !) on paye… et 30 dollars, please…

dimanche 4 mai 2008



Ce matin, je suis tombée sur un proverbe arabe...

NE CHANGE PAS TON NOM A CAUSE DE TA ROUTE ET NE CHANGE PAS TA ROUTE A CAUSE DE TON NOM...

So, Palestine... I'll be back soooooooooooooooon ;o)

mercredi 30 avril 2008

Délit de sale gueule

Je vous avais prévenus… La Sarah est parfois kamikaze…
Alors lundi dernier, à sept heures, j’ai sauté dans un taxi et pris la direction du pont Malik Hussein…

Le pont Malik Hussein, c’est la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie, exactement entre Amman et Jérusalem, à deux pas de Jéricho… Jusqu’ici pas de problème, hormis le fait qu’il faille payer un visa de sortie de la Jordanie, sans pour autant être tamponné sur son passeport comme sortie du royaume, puisque Cisjordanie et Jordanie ne font encore qu’un, officiellement… (cherche pas…) après avoir payé mon timbre à cinq dinars et avoir rigolé avec les policiers jordaniens (sympa ! décidément, rien à voir avec nos petits h’nouchates à nous…) j’ai pris un bus pour aller à la frontière (jordano-palestinienne)… gardée par les… Israéliens ! va comprendre ! En tout cas, ils ont réussi à construire une espèce de gros bâtiment qui ressemble à un aéroport au milieu du désert… ou en tout cas à la partie « sécurité et contrôle » d’un aéroport…

J’arrive donc, mon sac à main (toujours le rouge !) à l’épaule et mon passeport dans la main… pas de bagages, ça va donc un peu plus vite et les sous-fifres arabes qui auscultent les valises des autres m’indiquent l’entrée du bunker… Je rentre, brandissant fièrement mon petit passeport 7mar, me disant bikheeeeeeeeeeeer, ana fransaouiya ! et je rentre dans le nouveau truc à la mode en Israël pour contrôler sans risque : une espèce de cabine blindée qui t’envoie de l’air et te prend en photo en même temps ! (cherche pas…) c’est ça la fouille… je me dis, cool, ça va être sympa… et m’apprête à courir vers la Palestine quand la petite soldate me dit dans son arabe trop mignon « istanni, what’s your name ? », visiblement ça fait pas assez français pour elle… elle comprend pas, me fait répéter trois fois, avant de me dire, « ok, sit down, keep quite » (ah bon ? parce qu’avant qu’elle connaisse mon nom j’avais l’air moins excitée que maintenant ? mouhim, je keep cool and quite et j’attends, le cul vissée sur son petit banc, sous le regard méfiant de ma petite blonde qui explique à ma maman, Française, qui a récupéré son passeport depuis belle lurette, qu’elle ne doit pas rester à côté de moi… (ah oui ? même pour elle je suis devenue dangereuse ?)

Après une heure, où à chaque fois que je tourne la tête, miss blondie sursaute et me dit « sit down ! », arrive un petit rondouillard qui récupère mon passeport et fait… une croix dessus ! après avoir interrogé le pauvre Libanais qui, comme moi, avait rejoint le guichet « VIP » (oui, ici, il y a le guichet « arabes » et le guichet « VIP »…) avec son passeport américain, donc, après l’avoir libéré, il prend son temps, rigole un peu avec ses potos les soldats et vient me voir pour en savoir plus : « so, you are French ? really ? » (nan, nan, j’me suis fait un faux passeport pour passer chez toi, tu veux l’adresse du mec qui me l’a fait ?) (ou bien, j’ai mieux, fais moi comme pour les Arabes, passes mon passeport au détecteur d’empreinte et analyse le dans tes petites machines, là…) « mais, avec ton nom, je comprends pas bien… » (et moi, ce que je comprends pas bien, c’est pourquoi tu viens me faire chier comme ça, juste pour délit de sale gueule et surtout de sale nom, mon vieux…) « nan, mais tu comprendras qu’avec un nom comme ça, je doive te poser des questions supplémentaires », là j’ose un « ah ? » « yes, for security reasons » (ah ! celle-là j’allai juste l’entendre 38.768 millions de fois…) ok, allons-y, alors voilà mon papa est Marocain (ah, oui ! j’adore la bouffe marocaine, ça ressemble à la bouffe turque !) (passons sur la connerie du type, mais la phrase est véridique, wallah !)

Bon, finalement, monsieur entoure la croix sur mon passeport ! (moi, naïve, je croyais que ça voulais dire qu’il avait enfin compris ma bonne foi, parce qu’après avoir expliqué quinze fois que j’allai à Jérusalem pour faire du tourisme (Jérusalem arabe soit dit en passant, et pour ceux qui sont pas encore perdus, en traversant la seule Cisjordanie, sans jamais mettre un pied en Israël !), je croyais, donc, qu’on allait finir par me croire… la folle !

Me voilà, mon passeport en main, ma mama récupérée, pour aller au guichet VIP me faire tamponner le visa israélien pour un pays où je ne vais pas… bref ! arrivée là, mama obtient son tampon en deux temps trois mouvements et je me dis déjà une bonne journée en perspective et tout et tout… mais les petits soldats m’avaient prévu un autre emploi du temps pour ma journée… obligée de remplir des formulaires avec le nom de mon père, les pays arabes que je connais, le nom de tous les Palestiniens que je connais, de tous les Israéliens aussi, de tous les Jordaniens que j’ai rencontré (sérieux, tu les veux tous ? et moul pissri et abou chabab d’il y a trois semaines ?), la photocopie de mes billets d’avion des trois derniers mois (oui, oui, bien sûr, j’ai toujours ça sur moi, t’inquiètes…) et aussi les pays que j’ai le projet de visiter… bref…

Une heure après avoir récupéré mon formulaire (encore bloquée sur mon banc, là, en métal tout froid… et bouge pas, surtout, ok ? on viendra te chercher…) trois types sont venus me faire corriger le formulaire, ajouter ceci, changer cela, préciser tous mes numéros de téléphone, en France, en Jordanie, ailleurs, mails, adresses et tout…
Et finalement un guignol à lunettes débarque et me dit « so, you have something for me
? » (comething for you ? tu te fous de ma gueule ? ah… le formulaire, là, bah oui… )
re-attente et finalement un sous-fifre m’emmène dans le bureau du chef… devant la porte, il me lâche « ah, by the way, you don’t have knives on you ? » (pardon ? et la petite cabine qui envoie de l’air là, elle sert à quoi au juste ?)

Là, le patron est en fait, mon petit binoclard… il me fait un petit suspense avec son sous-fifre, genre « laisse la porte ouverte » « nan, ferme la, en fait », « oui, bah nan, laisse entr’ouvert » (là, il me regarde un moment) « oui, laisse un peu plus ouvert en fait… » (ok, je suis définitivement un danger, je crois…) so… allons-y « alors pourquoi ta mère t’accompagne et pas ton père ? » (sorry ? j’ai pas dû bien comprendre, là !) et est-ce que tu as déjà rencontré des policiers jordaniens (t’es déjà allé en Jordanie, parce que pour pas rencontrer un flic, ici, faut le faire, entre la police de l’environnement, celle du tourisme, de l’eau, et la vraie police, celle des visas, de la frontière, de l’aéroport…) et « alors, t’es Marocaine ? » (là il fait genre, on est potes, « ma mère est de Marrakech » (cool !) ahaha, toi t’es de Casablanca, t’as vu le film ? (quoi ? c’est dans l’interrogatoire, ça aussi, ou bien je dois rigoler, ou dire non ou bien oui, c’est mieux vu ? tu m’as eu, là !)

Bon, donc après une heure de questions à la con, genre « qui paye ton appart’ en Jordanie ? » « pourquoi faire du tourisme en Israël ? » et « si je te parlais en arabe là, tu saurais répondre » (j’ai fait ma folle, là, genre « ok, let’s try ! » « well, I think it’s better in English »…. HAHAHAHA, alors on fait moins le mariole là, monsieur lunettes !) (oui, la Sarah est mesquine parfois…)
après une heure donc, Monsieur me dit « ok, you can go back to your seat »… (pardon, ton petit banc pourri c’est devenu « MY seat » ? et mon passeport… « well, I’ll do my best, but I hope that you have a good book with you ? » (pardon? Un bon livre? Mais ça durer encore combien de temps ces conneries…) « je vais essayer de faire mon max pour que ça dure moins qu’une heure, pour toi… » (quoi, pour moi ? quoi ?)
retour sur mon banc, donc, pour une heure… à la fin de laquelle je pète un plomb et ce connard me répond « attend ! on est obligé de prendre du temps, quand même, you are… » (et là il se rend compte qu’il va dire une grosse connerie…) « yes ? I am… » nan, rien, attends, sit down ! (et pourquoi ?) (ah oui, sorry, j’avais oublié, « security reasons », yes, yes, ok, sorry, cool…) t’as raison, je suis quand même une… (pas VIP, quoi !)
finalement ils me l’ont rendu mon passeport avec ma petite croix, mon petit rond et… un visa trois fois plus court que mama et les autres…
mais, attends ! maintenant c’est le contrôle de la fin, celui où il fouille les bébés des Arabes et vérifie chaque objet au détecteur d’empreintes… nous, les « VIP » on évite ça, mais à la sortie, j’ai quand même eu droit à « by the way, do you have weapons ? »…


Et dire qu’en France, quand je dis Sarah Ben, on croit que je suis Juive…

mercredi 16 avril 2008

Un peu plus au sud...

Alors, oui, je vais détoner ! Alors que la presse, le pouvoir, la rue (en tout cas en apparence, et ici on sait y faire en matière d’apparence, de vitrine, de grande gueule, de grands discours bien creux auxquels personne ne croit, mais auxquels tous se raccrochent…) alors que tous, donc, saluent le quatrième round des négociations et la proposition marocaine. Alors qu’oser se prononcer pour l’auto-détermination en a conduit plus d’un en prison, alors que ne serait-ce qu’évoquer l’idée qu’il serait peut-être envisageable de laisser la possibilité aux Sahraouis d’exprimer leurs choix, leurs aspirations relève tout à la fois du crime de lèse-majesté, de haute trahison, voire d’apostasie à la grande nation marocaine, et bien, malgré tout cela, oui, je me lance…

A priori, je n’ai pas une opinion très prononcée sur le sujet, pour faire court, je m’en fous depuis toujours, je ne m’y suis jamais intéressée (et grand bien m’en a sûrement pris…) et personne ne m’y a jamais sensibilisée… mais depuis que je suis « rentrée », je trouve le consensus tellement unanime et mielleux, dégoulinant, quasi-extatique devant ce territoire qui m’a paru longtemps n’être qu’un tas de sable, que j’en viens à vouloir m’opposer juste pour le plaisir de m’opposer à tout ça ! juste pour ne pas participer à ce grand élan, à cette propagande osons le mot, à ce matraquage permanent !

Pourquoi ne pas permettre le débat ? Pourquoi ne pas laisser les gens juger par eux-mêmes ? Si Tindouf et autres exactions « algériennes » sont aussi graves, les faits parlent d’eux-mêmes et le matraquage qui est fait autour d’eux ne fait qu’insulter la souffrance en la récupérant. Si les Sahraouis sont si décidés à rester dans le giron marocain comme voudrait nous le faire croire la surmédiatisation des associations pro- Sahara marocain et le black-out total sur tout ce qui ne se situe pas dans la bonne ligne, celle dictée par qui de droit… si, donc, nous sommes si sûrs de la réponse, pourquoi ne pas laisser les Sahraouis s’exprimer démocratiquement et clore enfin le débat par un vote qui imposerait une ligne claire ? Pourquoi a-t-on besoin de cette histoire pour maintenir la cohésion ? N’est-ce pas insulter l’intelligence des Marocains que leur faire croire que c’est sur ce seul point qu’ils peuvent montrer leur loyauté, voire leur probité et leur moralité ?

Je trouve honteuses les éructations de notre Premier Ministre qui assimile Sebta et Melilla à la Palestine, quand on « garde » nos Sahraouis derrière un mur (d’accord, de sable… et pudiquement appelé « dispositif de défense »), comme je trouve un peu exagérée la victimisation qui consiste à faire des Sahraouis les Palestiniens africains…

Je trouve affligeant qu’ils soient instrumentalisés dans la longue histoire de tensions entre le Maroc et l’Algérie, comme je trouve ridicule l’appel à la guerre lancé récemment.

Comme je trouve pitoyable que la « communauté internationale » soit assez hypocrite pour soutenir la proposition marocaine tout en distinguant les deux entités, poussant le vice jusqu’à multiplier les projets dans les « provinces du sud » (doux euphémisme… soyons conventionnels !) tout en se cachant derrière des sociétés fantoches aux projets fantômes à travers le royaume (dans sa partie plus… nordique, disons… restons toujours dans la norme !)


Alors on peut toujours me parler de lignes rouges, d’enjeux géostratégiques, de ressources énergétiques, de projet national, de cohésion sociale… ça ne m’empêchera pas de ne toujours rien comprendre et tant que personne ne prendra le temps et le courage de m’expliquer ce que tout cela signifie et représente, je m’opposerai, pour le principe. La question n’est pas d’être pour ou contre, je l’ai dit, je n’ai pas de position sur ce point car je n’ai aucune des clés pour comprendre la question, mais je ne veux pas suivre aveuglément,ni un bord, ni l’autre, donc dans le doute je m’oppose à cette hystérie collective…


Et je risque de ne pas être la seule car un tel consensus ne peut qu’effrayer, ne peut que faire douter… Pourquoi tout le monde est-il d’accord ? Pourquoi toute la presse, dans un seul élan, unanime et tellement laudateur qu’il en paraît suspect, adopte-t-elle et loue-t-elle ce consensus ? Pourquoi dans chaque concert, a-t-on droit à l’inévitable artiste sahraoui, celui qui va chanter la bonté et la grandeur du Maroc et rappeler qu’il est lui-même Sahraoui mais bien Marocain, (Maghribi tab3an, dans le texte)…

A force de forcer ainsi le discours, on ne peut que s’attirer les foudres et forcer les citoyens à se questionner. Entre censures des sites qui expriment des « pensées interdites » et surmédiatisation des "bons indigènes", le pouvoir joue une partie de plus en plus dangereuse que tous les clips, chansons, fêtes nationales et manifestations fantoches ne permettront pas éternellement de soutenir…

dimanche 6 avril 2008

Boum, Pétra et Patatras...



Par où commencer ? Wallah, j’ai l’impression d’avoir vécu trois vies en quatre jours… que d’aventures, za3ma au pays d’Indiana Jones… voilà, je suis partie à Pétra ! Traversée du désert jordanien, magnifique ! magnifique, magnifique, magnifique ! et c’est Sarah, la citadine endurcie qui vous parle… moi qui n’ai jamais pu m’émerveiller devant la nature, les arbres, les roches, les cailloux, tout ce que tu veux, là j’en suis tombée à la renverse… (et pour une fois j’avais l’appareil photo, p’tits veinards…)
Pétra mérite bien son titre de merveille du monde, un petit bijou au milieu de rien… des trésors d’architecture, de sculpture au milieu du désert…
Une longue route pour y arriver avec pour seules radio des trucs en arabe qu’on capte super mal ou bien des radio israéliennes (qu’on capte super bien, par contre) mais super chiantes… traversée de plusieurs petites villes où tout est pas cher (ce qui relève vraiment du miracle en Jordanie) et des gens sympas, qui t’accueillent et t’offrent toujours un petit truc… je crois qu’on oubliera pas de sitôt le cafetier qui a refusé qu’on paye, nous disant au revoir depuis la terrasse d’en face, où il prenait lui aussi son « 2ahwé »…
Tout ça étaient donc bien mignon jusqu’à l’arrivée à little Pétra (oui, cherche pas y’a la petite et la grande Pétra)… accostées dans un restau par des bédouins douteux qui nous proposent de faire une soirée dans le désert… méfiantes au début, on se laisse convaincre par le couple d’anglais qui se sont fait avoir avant nous… on se dit, un peu lâchement, qu’on pourra se casser plus facilement s’ils ont d’autres touristes à harceler… nous voilà partis, avec trois bédouins sur la banquette arrière dans le « désert », vers ce qui s’est révélé être une misérable bande de cailloux à la sortie de la ville au bout d’une piste foireuse… là, devant le plan bidon, comme tout individu normal on préfère passer une bonne soirée, sympa, on va faire demi-tour, pas de soucis… mais comme bien sûr, ça aurait été trop beau… nan, nan, voilà que la voiture ne démarre plus ! ok, on est au milieu du désert, entourées de bédouins qui commencent à être passablement bourrés et squattent la voiture et on peut pas démarrer… zen, Sarah, zen… et celui-là qui drague ma copine, imperturbable, qui continue, son « poème » « I was looking at the moon, and your face was in the moon, and the moon told me… » très mignon, Abdallah, très très mignon ! wallah, j’adore, maintenant on peut appeler un garagiste, please ? Allaye 3atekoum al 3afiyé, vous pouvez faire gaffe avec les ver… ok, pas grave, essaye d’éponger… ok, nan, pas grave, vas-y pousse les affaires… bon, je vous passe les détails de cette soirée mémorable, je ne sais pas comment, on s’est retrouvés à prendre un café avec nos deux amis et, comme nous semblions résister à leurs charmes (multiples et… exotiques s’il en est), ce cher ami n’a pas trouvé mieux que de s’énerver… avant de finalement me regarder droit dans les yeux « ok, I understand, it’s easy to see that u have a psychological problem… are you lesbian ? » (en roulant les r s’il vous plaît…) no comment, Mahmoud m’a tué !
Finalement réussi à s’en décoller après avoir accepté qu’il aille se changer pour nous montrer la tenue bédouine… très sympa par ailleurs, mais j’étais pas exactement dans le « mood » défilé de mode ta9lidi, je crois…
Après ne pas avoir dormi, donc, on a visité Pétra au radar… puis on a pris la route pour Amman, là aussi dans un état second, même si on a réussit à jouer assez bien les débiles en arabe pour faire sauter 50 dinars d’amende pour excès de vitesse… trop de flics ici et pas de corruption, alors obligées de se mettre au théâtre… parler un maximum en anglais, faire semblant de comprendre au bout d’un quart d’heure et glisser des phrases en fos7a, genre j’ai appris le paragraphe « conversation » du guide du routard avec l’accent le plus français possible…
Une escapade pas de tout repos, mouvementée, avec ses coups de pression, mais putain, c’était boooooooooooooooooooooon !

jeudi 3 avril 2008

Une femme française...

Pour ceux qui, comme moi, n'avait rien à faire la semaine dernière devant TV5 et sont tombés sur le film "Une femme française"... (je suis désolée pour ceux qui 'lont vu de le raconter en vrac comme ça, mais c'est comme ça que c'est sorti... en vrac...)

Une femme française, c’est une femme qui aime son mari, vraiment, elle l’aime, et ses enfants aussi, mais elle a envie (besoin ?) d’aller voir ailleurs, elle a des amants, plein, mais on lui en veut même pas, parce que quand elle retrouve son mari (qui fait la guerre en indochine et partout ailleurs, il va même en Algérie à la fin le salaud), eh bah à chaque fois qu’il rentre on sent bien qu’elle l’aime, qu’elle l’aime fort, même et lui aussi… lui, c’est un gentil, un amoureux, y’en a sûrement qui diront que c’est un con, parce qu’il sait tout (c’est les sœurs et la mère de Jeanne, sa femme, qui rapportent tout) et qu’il lui pardonne quand même et qu’il revient avec elle, il la protège, il l’aime, il la soutient et il aime aussi leurs enfants, même s’il se demande si c’est bien les siens les premiers, les jumeaux qu’elle a eu à la fin de la guerre (celle-là c’est la deuxième guerre mondiale, quand il était prisonnier).
Et Jeanne, quand ils partent habiter à Berlin, elle tombe amoureuse d’un Allemand qui s’appelle Matthias, lui aussi elle l’aime vraiment, mais elle arrive jamais à le rejoindre, on croit même qu’elle préfère son mari, mais à la fin, on retrouve dans son sac à main, quand elle est morte, qu’elle a gardé la coupure d’un journal qui disait qu’il était mort, et en fait, elle meurt étouffée, elle pouvait plus respirer… depuis sa mort, apparemment… et là Louis (c’est son mari), il comprend qu’elle l’aimait vraiment, d’ailleurs il s’était battu avec lui pour récupérer sa femme, sa femme qui avait défendu Matthias en le frappant avec une pierre, qui lui laisse une grosse cicatrice dans le dos (mais il fait croire aux gens que c’est le Viêt-Minh qui lui a fait ça)
Jeanne, c’est une femme et c’est une mère… qui s’enferme dans la pièce à côté pour voir Matthias pendant que son fils l’appelle. C’est surtout une femme, enfin, non, c’est surtout une mère qui oublie pas qu’elle est femme, aussi. C’est compliqué, on veut la juger, on peut pas trop, on se demande, on repense à sa mère, on se dit « si c’était moi », « son mari il est quand même à l’autre bout du monde », on a pitié aussi, parce que Jeanne elle existe que dans le regard des hommes et dans la colère de son mari (qui s’énerve pas vite, lui aussi…)
C’est dur d’avoir une maman qui est une femme, aussi… c’est dur d’aimer quelqu’un qui finit par nous quitter, on comprend plus bien pourquoi parce qu’après tout ce qu’il a accepté… et puis en même temps, fallait s’y attendre, mais on l’aime quand même…
Après y’a l’amour, la haine (mais il paraît que ça veut dire qu’il y a encore de l’amour, sinon ce serait de l’indifférence, enfin, c’est ce qu’on dit…) (enfin, ça doit pas être loin de la vérité quand même…), et puis les cris, Jeanne, elle lui demande pardon, à Louis, elle a vraiment l’air sincère, elle le supplie et nous on regarde et on pense fort « pardonne lui, vas-y, déconne pas », après il a pas pardonné, on se dit « bon, en même temps, elle allait encore le tromper et tout, il a raison », après on sait plus bien…
C’est qui le con, après ? Bah oui, Matthias il l’a attendu toute sa vie, Jeanne, elle, elle vit pas le grand amour, elle en aime plusieurs (deux en fait), elle couche seulement avec d’autres, Louis, il l’aime mais il doit la quitter… mais on se dit que même si Jeanne avait rencontré Matthias dès le début, ça aurait sûrement été la même histoire… alors on sait plus bien, et puis on se dit qu’on aimerait une petite vie pépère quand même, ça serait moins dur, mais peut-être moins sympa aussi…
Et puis, les enfants, on s’en fout ! Et quand on y pense, en speed, comme ça, on se dit que c’est vrai, que ça doit pas être facile d’être la fille d’une mère qui oublie pas qu’elle est femme aussi… enfin, nous aussi on sera une femme et une mère inch’Allah et puis on aimerait bien faire aussi bien que cette femme-là, que cette mère-là, même si on en souffre et on l’envie et on lui en veut, et on sait plus bien… et après on oublie… et on y repense de temps en temps, et on se dit que quand on commencera une analyse et bah tout ça, ça se verra et on comprendra mieux, enfin, peut-être…
Mais ça c’est quand on aura 40 ans, des enfants, un mari (encore là, on espère) et qu’on pètera les plombs comme elle mais qu’on osera pas la suivre, ou qu’on aura fait comme elle et que ça aura foiré, comme elle… enfin…

mardi 1 avril 2008

Le vent nous portera...

Aujourd’hui, épopée mythique pour une conférence sur les "Accords d'Agadir" et le futur "first agadir agreement member states investment forum" à Bruxelles... première coopération sud-sud en Méditerranée entre la Jordanie, le Maroc, l’Egypte et la Tunisie, sur le papier !
Donc, la Jordanie (qui s'en fout tellement que son ministre n'a pas pu venir, za3ma il prépare le sommet de Damas, qui peut croire ça ?! surtout pour un ministre du… commerce !), l'Egypte (dont l'ambassadeur a fait acte de présence, sans décrocher un mot), la Tunisie (qui préside!!!) et le Maroc (tu noteras qu'on a consciencieusement dégagé les agités du bocal (plein de pétrole) d'Algériens et de Libyens...
Et l'UE qui chapeaute tout ça! Qui trône sur du vent, du rien... un truc signé en 2001 qui entre en application en 2006 et entre en effet en 2007 et dont on peut pas tirer les conclusions en 2008... pourquoi une conférence, donc? brefffffffffff... l'ambassadeur paternaliste, le jordanien qui s'en fout, le tunisien qui "préside", tout y était quoi... ça me rapellait le doux temps où je couvrais l'UMA!!! tout dans la nuance, la caricature, jamais!
Des discussions, des discours et… les chiffres ? « n’allons pas trop vite en besogne… nous les réunissons… » des décisions pol… « ATTENTION ! c’est é-co-no-mi-que… on l’a dit pourtant… » et l’UMA, EUROMED, tout ça… ça fait pas double usage ? « bah, nan, ici, y’a pas les Algériens » (tiens, je sais plus quel pays a dit ça…) et quid de la libre circulation des personnes ? « ma philosophie, c’est de voir le verre à moitié plein » (oui ?) (et…) (…) (ah, nan, c’est la fin de la réponse, pardon) des objectifs et des dates ? « oui… dans l’avenir… » (qu’on construit ensemble, peuples des deux rives de la Méditerranée, acchou3oub min defeyn al bahar al abbyad al moutawassit ma3 ba3diyatha … mousta9balna … jamil jiddan… construire des bases culturelles… travailler et produire ensemble… porteur d’espoir…)
Mais pourquoi je baille comme ça, moi, la honte !!! y’a même la télé pour cet événement mémorable !

lundi 31 mars 2008

On pense à des trucs (pas) cons des fois...

Je suis une bonne fille. J’ai fait de bonnes études, j’ai rendu mes parents un peu fiers, y’a même des gens qui me comparent avec leurs enfants, qui me donnent en exemple, peut-être. Je me débrouille assez bien en fin de compte, je fais des trucs qui me plaisent et qui me font découvrir le monde. Et j’ai la chance d’avoir des parents qui me laissent le faire et qui sont là pour que je leur raconte et qui m’écoutent et qui me portent, vraiment, j’ai de la chance…

C’est bien de s’éloigner comme ça, de voir de plus loin, d’avoir enfin envie de revenir, d’apprécier ce que tu as, ce que tu avais, de vouloir faire évoluer les choses, d’avoir vraiment vécu, de voir ta vie s’accélérer comme ça, de voir le temps filer, de te dire qu’en fait ta vie tu l’as bien remplie, tu l’as bien vécue, que tu la vis bien, en fait, que c’est pas morne ou triste ou routinier, que ça change, ça évolue et que les gens autour de toi changent aussi, que tu évolues dans d’autres milieux, d’autres délires, d’autres points de vue, d’autres langues…

Oui, je l’aime bien ma vie en fin de compte, et je me dis que c’est déjà l’essentiel, que c’est sûrement comme ça qu’on est heureux et qu’on le devient encore plus. Tiens, c’est con, ça ! c’est quand t’es heureux que tu le deviens encore plus, quand t’es triste et pas bien et que ta vie c’est de la merde et bah, tu tombes, tu vas pas bien, t’as pas envie de continuer, alors qu’il y a que comme ça que ça ira mieux, alors qu’il y a que comme ça que tu vas découvrir des gens, et parmi eux, des amis, des amoureux, des potes, des connards qui vont quand même te faire avancer, te faire découvrir des trucs, bouger…

Et puis, y’a encore beaucoup à faire, faut s’installer, faut trouver un boulot, faut trouver chaussure à son pied… moi, j’aimerais tout ça, tout de suite, mais apparemment y’a plein d’autres choses à faire et à découvrir avant… la preuve, moi, je savais pas qu’un jour j’irai vivre au Maroc et même que j’apprécierai, je savais pas que j’irai vivre aussi en Jordanie, que je choisirai ce boulot là, que j’aurai ces amis-là, ces délires-là, que je serai si différente de pas mal de gens et que je ressemblerai à ceux-là plutôt qu’à d’autres, que j’aurai tout ça, que je passerai à côté de tellement d’autres choses, que … que … que …

Et puis, y’a même des gens qui m’ont dit qu’ils étaient amoureux de moi, ils sont passés à d’autres maintenant, ou pas, moi aussi, enfin, des fois, des fois pas complètement, ou après longtemps… en fait, j’ai une vie normale… et puis, je vois mes copines, les filles avec qui j’ai grandi, j’ai évolué, elles aussi, pas toutes dans le même sens, pas toutes pareil. Et je sais pas qui s’en sort mieux, qui a eu raison, ou bien personne n’a eu tort, et c’est déjà pas mal et puis je me dis qu’on a toutes réussi quelque chose, comme on voulait pas les mêmes, et puis, on est à peu près contente d’en être arrivées là, pas forcément là où on voulait être, ou pas encore…


Pourquoi je repense à vous ?
Pourquoi tout d’un coup, comme ça, je me retrouve transportée dans la cour de récré, avec vous ?
Pourquoi s’est-on perdues de vue ?
Pourquoi ? alors que vous avez représenté toute ma vie, alors que vous m’avez connue mieux que moi-même et que je savais tout de votre vie, alors que nous avons partagé nos meilleurs moments, nos souvenirs, alors que nous avons grandi, évolué et changé ensemble…
Vous toutes, vous tous, qui avez fait avec moi les pires conneries, juré les plus belles promesses, partagé les plus grands délires, les premières soirées, et toutes les autres, les premières amoures, puis les suivantes, pourquoi est-ce que vous n’êtes plus là pour le premier diplôme, le premier boulot, nos premières fois, nos premiers succès, nos déceptions et nos espoirs de grands ?

S., ma première meilleure amie, ma première séparation, le modèle de mon enfance.
C., ma sœur à la primaire, mon double, la deuxième tête du monstre que nous étions pour nos instits’.
L., E., C.,S., témoins de nos premiers baisers, de nos premiers verres, nos premières clopes, nos premier joints, de mes premières amoures, de mon premier régime (mémorable ;o)
Z., L.,M., avec qui j’ai décroché mon premier diplôme, excitées avec moi pour nos premières sorties en boîte…
Une pensée pour vous. J’aimerais vous revoir, savoir ce que vous devenez, comment vous vous fringuez, la couleur de vos cheveux maintenant (les miens sont rouges, comme E. j’imagine…), les garçons avec qui vous êtes sorties, ceux que vous détestez, l’Homme de votre vie peut-être ? le boulot que vous voulez faire, le pays où vous habitez maintenant, votre musique du moment…
Pourquoi je repense à vous là ?

mardi 25 mars 2008

Où Sarah se prend pour une prof’ de Jordanien, avec les trois mots qu’elle baragouine (ktir, kouayiss et 7élou, quand même !)

Je dois me rendre à l’évidence, El Gouddam est pas mal, pas mal du tout même !
Moi, qui adore taper sur Hoba Hoba, et bah, c’est dommage, encore une occasion ratée de casser du Allali et consort… même avec Stati j’aime, c’est vous dire…
Comme avec Zakaria Boualem, mon philosophe préféré et de loin… des petites piques, des petites déclarations d’amour à notre beau pays… ou bien le syndrome qui me reprend, loin du Maroc, j’adore A LA BASE tout ce qui est marocain, j’adhère, j’encense, je kiffe, j’écoute en boucle… je me fais même quasiment une fois par jour « al kass 7lou » de la bonne vieille hamdaouiya, alors imaginez…
Twa7acht bladi, putain !

En même temps, j’ai quand même atterri chez les fous :

« soubba », ici, c’est le chauffage, imaginez ma tête quand on m’a dit le prix de la « soubba » dans mes visites (mémorables) d’appart !
« 3ayit » (chez moi, ça implique un téléphone, par exemple), ici, c’est engueuler quelqu’un, le faire chier (remarque, ça peut toujours impliquer un téléphone. Sarah, spécialiste des « ponts entre les cultures »…) et en Egypte, il paraît que c’est pleurer, imagine !
« herrissé », ici, c’est un gâteau hyyyyyyyyyyper sucré ( no comment !)… et délicieux, by the way ;o)

Alors, on dit merci qui ? Allahye 3atekoum al 3afiyé, mes petits !

mercredi 19 mars 2008

No comment...

Maroc-justice-internet
Maroc/internet: un jeune ingénieur gracié par le roi Mohammed VI

RABAT, 19 mars 2008 (AFP) - Un jeune ingénieur marocain condamné à trois ans de prison pour avoir "usurpé" l'identité de Moulay Rachid, frère cadet du roi Mohammed VI sur le site Facebook, a été libéré mardi sur une grâce royale, a indiqué mercredi à l'AFP son avocat.
Fouad Mourtada a quitté la prison Oukacha de Casablanca, a indiqué à l'AFP son avocat Ali Ammar.
L'ingénieur avait été condamné le 22 février par un tribunal de Casablanca à trois ans de prison et à une amende de 10.000 dirhams (900 euros) pour "utilisation de données informatiques falsifiées et usurpation d'identité princière".
Agé de 27 ans, cet ingénieur informaticien, diplômé de la prestigieuse Ecole Mohammedia des Ingénieurs (EMI) de Rabat, avait été arrêté le 5 février.


voilà, je sais pas si c'est bien, parce qu'une grâce royale, c'est pas un non-lieu mais c'est déjà ça!
dommage qu'on soit un peu long à la détente, c'est tout!

ChèrES compatriotES, merci!

Il a quand même réussi à me pourrir ma journée ce con. Qui? Bah, moul taxi, évidemment! Enfin, ici son petit nom, c’est « abou chabab »… cherche pas… Une journée sympa, avec des gens sympa, des mails adorables, bien rigolé, bien discuté, des projets, beaucoup de boulot mais très intéressant, j’ai même pris des initiatives, fait des trucs toutes seules, la classe quoi… et tout ça pour finir par me faire (encore) traiter de pute! Bah oui, quand tu parles avec un petit accent marocain et que t’habites pas loin d’un grand hôtel et bah, moul taxi, ça le dérange pas de te demander (avec le petit regard dans le rétroviseur, discret!) si tu vas bosser… oui, genre à 18h30 je commence ma journée au Holiday Inn (bon, voilà maintenant vous savez même où j’habite, c’est pas beau ça ;o)

Bah oui, qu’il m’explique ce con, excuse moi mais les Marocaines ici on les connaît… hein? Et vas-y que je te refais de l’œil dans le rétro, et le petit sourire… j’ai de la chance, nan?) Elles bossent dans les hôtels (nan, nan pas dans l’hôtellerie, t’es bête ou quoi?) ou dans les bars… bah oui! Toi, non? Sérieux? Vas-y, insiste, connard!

Bon, après une demi-heure à me justifier lamentablement dans mon arabe suspect, et pourquoi il me demande si je suis mariée à un Jordanien celui-là? Ah, bah oui, bien sûr, elles viennent toutes chercher un Jordanien, bah oui, chez nous y’a pas de mecs! Oui, oui, les Maghrébines sont comme ça! Faut de tout pour faire un monde…

[vous êtes habitués maintenant, re-parenthèse, la 3ala9a : y’a une semaine avec la délégation marocaine de Nawal Al Moutawakil (oui, oui, j’l’ai vue en vrai ! j’lui ai même tapé la bise, imagine!) Donc, une de mes chères compatriotes m’a bien affichée devant mon collègue! Cette folle me sort, devant lui, c’est ton mari ? j’lui dis, gênée (c’était la première fois qu’on bossait ensemble, première impression, sympa!), bah, nan, c’est mon collègue, il est Jordanien et… et cette conne enchaîne (toujours devant le mec, mort de rire!) qu’est-ce que t’attends, marie-toi vite avec lui, chez nous y’a plus de mecs, des vrais! Croisons les doigts pour qu’il n’ait pas compris toute la subtilité de notre bonne darija… ]
Alors j’lui en veux pas à mon p’tit père des jeunes, même nous on sait très bien nous taper dessus!

Et le abou chabab du jour, en grande forme, qui continue, à fond ce soir… maintenant il enchaîne avec un autre sujet pas épineux du tout… ah oui, au fait, vous, les Marocains, c’est bien ceux qui rentrent sans visa en Israël, c’est ça ? c’est vrai c’est plus facile pour les Juifs… (pardon?) (Pas compris.) (Laisse tomber.)…

Bon, allez, on est presque arrivé, tourne juste à gauche là… 3a chmal… Nan, nan, pour ton accent, c’est pas grave, je sais que c’est difficile pour les Marocains l’arabe! Tiens, allez, dis-moi comment vous dites « chmal » chez vous? « Lyassar »? ah bon? bah dis donc ça ressemble à l’arabe, le français, je croyais pas moi!

lundi 17 mars 2008

Où le capitalisme ne fait qu'une bouchée de la Sarah...

« Forcené au point d’en être légèrement inquiétant, l’optimisme de rigueur dans l’univers de la consommation se retrouve dans l’entreprise. On ne consomme pas pour assurer sa subsistance, mais pour communier dans le mythe d’un progrès incessant et providentiel, pour afficher les signes du bonheur et de la réussite ; on ne saisit pas une offre d’emploi par nécessité, mais pour prendre part à une « grande aventure », « se réaliser », « se dépasser ». Né des recherches d’Elton Mayo dans les années 1930, le management participatif, à travers les « boîtes à idées » et autres « cercles de qualité », cherche à enrôler jusqu’au tréfonds des individus au service du dessein patronal, et leur interdit de conserver la moindre distance critique vis-à-vis de leur gagne-pain une mutation qui, lorsqu’elle se généralise, dans les années 1980, plonge les syndicats dans un désarroi durable. Alors même qu’ils peuvent être licenciés du jour au lendemain, les salariés sont donc invités à s’identifier totalement à l’entreprise. Plus les richesses créées désertent leurs poches, et plus la culture interne nie les intérêts divergents, voire antagonistes, du capital et du travail, pour mettre en scène la poursuite exaltante d’un but commun. Plus le travail se fait rare, précaire, pénible et mal payé, plus il est censé combler à lui seul toutes les aspirations existentielles des individus. Mais la peur du chômage et, peut-être, l’absence d’idéal alternatif limite les possibilités de rébellion ».
Le Monde Diplomatique



Voilà, j’avais prévu de faire un post là-dessus, de dénoncer le consumérisme, le capitalisme et tout et tout… et puis, après, je suis arrivée en Jordanie… et j’ai découvert le MALL ! C’est un truc assez étrange, qu’on a pas vraiment en France et qu’on a pas au Maroc, un truc sur lequel je cracherai en France ou à Casa, un truc qui concentre tout ce que je déteste et tout ce que je voudrais voir renverser… Et puis, ici, en fait, c’est pas ça… Je me suis surprise à y errer pendant plusieurs heures, à m’y sentir bien… (bon, oui, j’ai toujours aimé le shopping, mais par exemple dans une rue commerçante, dans un quartier où tu peux chiner, arpenter les rues, lécher les vitrines, prendre un pot, t’arrêter sur la route…) nan, là, tu as tout à portée de main, tu peux manger, aller au cinéma, il y a des parcs d’attraction pour les enfants, même dans les plus petits mall, tu peux tout y faire ! pas besoin d’en sortir, et de toute façon, dehors, y’a rien ! tu peux surtout t’y habiller comme tu veux… alors ici pas de boulevard choufouni mais les mall sont l’espace public le plus attirant, le plus peuplé et le plus sympa ! Pas vraiment besoin de stimuler la consommation, ni d’en faire un bonheur qu’on invente de toutes pièces ou qu’on stimule artificiellement… Tu t’y sens bien (en tout cas, moi) direct parce que tu vois les gens que tu cherches en vain dans la rue, tu vois des filles habillées comme toi (enfin, presque comme moi, parce que définitivement pas de tannoura, ici, ils peuvent nous faire autant de chansons, de clips et de tout ce que tu veux, ici, ça relève du fantasme ;o), des jeunes, des gens qui parlent toutes les langues, des resto de tous les coins du monde, des couples… et puis, comme à la base c’est quand même un lieu pour acheter, tu le fais, mais si c’était un lieu pour nager, pour bouffer, pour réfléchir, pour lire, pour faire le ménage, même, tu le ferais, c’est l’ambiance ! c’est con, hein ?
Tout ça pour dire que je cracherais un peu moins sur les Saoudiennes, les filles du Golfe que je trouvais si superficielles, ici, c’est comme ça, qu’on fait ! Ma tante, à Casa, son trip c’est d’aller marchander avec son berbère de vendeur à l9ore3a, pour les filles (et les garçons) d’ici, c’est d’aller claquer leurs frics dans des fringues qu’elles ne porteront que sur les lieux où elles les ont achetées…

Voilà c’était ma découverte du premier week-end en Jordanie…

dimanche 16 mars 2008

Démocratie participative ;o)

Les plus attentifs d'entre vous auront remarqué qu'al 9adiya 7amda tente (difficilement) de se relooker (le fond d'avant était horrible, j'attends vos avis sur le nouveau...) et vous fait l'honneur de vous demander votre avis...
toutes vos remarques, conseil, idée ou avis seront les bienvenus...

Où Sarah se prend pour Delarue (Jade, merci pour le titre ;o)

Bon, en voilà un sujet passionnant ! Qui mérite même une analyse poussée et même intelligente ! (enfin, on va essayer), alors lançons-nous, déjà on va mettre fin au suspense (un suspense de deux lignes, quand même ! pas rien, ça, ce blog avance !) voilà, aujourd’hui, on va parler… (les points de suspension, ça, ça fait suspense…) trois points de suspension, donc ! … ménage !

L’idée de ce post m’est venue alors que je m’acharnais avec un entrain qui m’étonnais moi-même sur cet outil étrange qu’est la Karrrrata ! notre bonne 9arrata avec qui j’ai passé des heures sur le sta7 depuis ma plus tendre enfance (c’est ça mes souvenirs d’été du Maroc, moi !), celle-là même qui m’a tenu compagnie pendant un long week-end de 3id lkbir, à tremper dans la ruina et à naviguer entre les sacs de congélation de pieds, de tête, de trucs là de moutons… celle-là même qui fait ce petit bruit, là, ce petit chta9 qui doit bien résonner, à chaque fois que tu as ramené l’eau vers toi, et que tu la frappes bien fort, comme ça, chta9 ! sans t’éclabousser ! (bon, moi, j’en suis presque là et mes chaussures, malheureusement s’en souviennent… oui, normalement je suis en tong quand je fais la Karrata, mais je suis arrivée ici avec 20 kg, je vous le rappelle et les tongs c’est lourd…) fin de la parenthèse (longue et inutile, je sais…)

Voilà, donc, j’étais là à faire le ménage dans ma salle de bain, acharnée, appliquée et même contente ! C’est ce dernier point qui m’a étonnée, après des années à me faire engueuler parce que je ne suis pas exactement une bonne fille, de celles qui aident leur mama et qui font le ménage, la cuisine et tout… le ménage, moi, je ne le fais que quand je me sens trèèèèèèèèès bien, c’est même bizarre, il paraît que nettoyer sa maison, c’est comme « nettoyer sa tête », « faire le ménage dans sa vie », ton appart’ comme le reflet de toi-même et de ton inconscient (le mien doit être un sacré bordel ;o) et toutes les conneries de Elle et Femmes du Maroc, là…
Bah nan, moi, quand ça va pas, je laisse tout n’importe comment, même quand ça va « normal », tout s’accumule, s’empoussière, s’encrasse et moi je m’en fouuuuuuuuus ! C’est comme le maquillage, le vernis à ongles, les fringues, tout ça quoi ! Moi, quand ça va bien , que je me sens un peu belle, un peu bien, pas trop con, eh bah, je me maquille, je m’habille bien, je change de vernis plusieurs fois par semaine, j’accorde mes tenues, je suis une fille quoi, je fais ma nénette et tout… mais quand je me sens trop moche, trop grosse, trop con et pas très attirante et bah je me sens même pas la force d’arranger ma tête, de mettre ne serais-ce qu’un peu de fond de teint, d’anti-cernes (heureuse invention, by the way, surtout avec mes horaires…)… Je laisse s’exprimer ma « beauté naturelle » et c’est souvent foireux ;o)

Bref, on devait parler ménage, popotte, vaisselle et me voilà dans mon pot de vernis… il paraît que je m’égare souvent quand j’écris…

Voilà donc une semaine que je touche quotidiennement (voire plusieurs fois par jour, c’est grave ?) une éponge, une Karrata, une serpillière, que j’ai même fais des courses pour ma maison ! putain, Sarah, dans un mall en train de comparer les poêles, de choisir la meilleure couleur pour ses draps (!), d’arpenter les rayons détergents, lisant, examinant les tubes et les flacons comme si j’étais à Yves Rocher ou Sephora ! du grand n’importe quoi !

Bref, tout ça pour dire, que ça va super bien pour moi et qu’il aura fallu une Karrata pour que je m’en rende compte… c’est con, hein ?

jeudi 13 mars 2008

Chut! c'est des secrets...

J’ai été taguée par citoyen marocain (http://poliquonautemarocain.blogspot.com).
Je vais donc vous révéler mes six petits secrets...
J’avoue qu’avec le peu de temps que je ménage pour écrire en ce moment, voilà une occasion en or de publier avant un long week-end sans internet... 3ousfoureyn b7ajar oua7ad za3ma...


1. Je suis... Communiste ! (Camarade Y. Priviat ! le monde entier est un bordel... sauf nous ! comme tu le dis si bien ! ) Je vote même révolutionnaire et je passe mon temps à casser le parti socialiste... comme ses frères de la droite ;o)

2. Je suis superstitieuse... J’ai une pensée assez magique et je vois des signes partout... On m’a lu une fois la « fingane » et je m’y accroche à fond... en tout cas, pour l’instant tout s’est réalisé... ;o)

3. Je suis HYPER fleur bleue, je crois toujours que c’est l’homme de ma vie, j’ai tendance à me jeter à corps perdu dans un truc, qui, après coup, me paraît plus qu’hasardeux...

4. J’adooooooooore mon boulot actuel et je ne me lasserai jamais de la répéter je crois... (c’est pas pour ça que je vais vous dire ce que je fais hinhinhinhin...)

5. J’ai la fâcheuse habitude de goûter, re-goûter, vérifier, piocher, prendre un petit bout de pain pour voir le goût à chaque minute de cuisson et de me retrouver à la fin avec... la moitié de ce qui était dans la poële envolé ! (des heures d’engueulade avec ma mère, ma tante, ma soeur... mais je ne peux pas m’empêcher ;o) c’est comme la pâte des gâteaux, c’est toujours moi qui racle le saladier depuis toute petite...

6. Je ne peux pas sortir sans boucles d’oreille, c’est con, hein, mais ce matin, j’ai dû faire des photos pour refaire mon passeport (7mar ! ou bikhiiiiiiiiiiiiiiiiir wallah !) et on m’a obligée à les retirer... je me sentais vraiment toute nue, même si l’expression est un peu con-con, c’était ça !


Bon, et maintenant je dois en taguer six autres...

KBB, of course, je veux en savoir ENCORE plus ;o)
(http://kbbs.blogspot.com)

La décoiffante Hamida Mentoufa (t’oublie pas pour Souira, hein ?)
(http://hamidamentoufa.unblog.fr)

Jade, qui, j’en suis sûre aura plein de choses à nous révéler ;o) (http://lamaisondejade.blogspot.com)

Soy (http://leretouraupaysdel-enfantpasprodigemaisprolixe.over-blog.com)

SimplyMoroccan, parce qu'en darija ça sera encore plus croustillant ;o)
(http://www.vocabmarocain.com)

5estrellas (http://librezonar.blogspot.com)

dimanche 9 mars 2008

Arrivée

Alors, voilà, je voulais ménager un peu de suspens... (et surtout me laisser un peu de temps pour écrire...) mais je vais casser le mythe... j’ai quitté le Caire et me voilà à... Amman, la ville la plus calme du monde sûrement... (ce qui est encore plus traumatisant après sept mois à Casa et deux semaines au Caire...).

Soporifique est sûrement trop faible, des gens m’avaient dit « neurasthénique », ils n’avaient pas complètement tort ! Ici, le calme n'est rompu que par le bruit du vendeur de butagaz... oui, les bédouins ont une habitude étrange... les gens se font tellement assister (livraison par-ci, coursier par-là, portier and co...) que les bouteilles de gaz viennent chez toi directement dans un camion qui, pour s'annoncer, joue une musique horripilante (genre sonnerie de portable année 1987) à fond dans la rue pour que la ménagère le hèle...

Disons que tout est différent, rien à voir avec le Maroc... Ici tout est bizarre: la langue (comme je vous l’ai dit, ici, Allhye 3a tek al3afiyé c’est gentil !!! ), le prix de tout (et des appart en particulier)... bref, je crois pas que je vais me trouver un petit épicier sympa, j’aurai bien voulu mais il n’y a que des maisons nouvelles, des grandes rues, des malls, pas vraiment un cachet comme au Caire ou même à Casa... à voir...
Amman doit ressembler un peu à Dubaï (où à l'idée que je m'en fais): que des grandes constructions, toutes sur le même modèle, des malls, des avenues, pas une ville où l'on se ballade à pied... grandes distances, grands immeubles, grands magasins... il est loin mon petit épicier marocain et mon vendeur de cigarettes au détail ou de petits gâteaux "bimo"...
Heureusement mes amis me font découvrir des endroits sympas... même si je ne
pourrais sûrement pas y retourner seule... Mon père avait raison, ici pas de jupes... ;o) mais personne n'est habillé en bédouin, mon orientalisme est déçu... ;o)

Je dois m’y faire, au boulot le dimanche (rien que ça, c’est bizarre!!! week end vendredi et samedi... lol), comme d’habitude, je flippe jamais pour les bons trucs et là j’ai encore été un peu trop cool... j’ai donc visité en panique des appartements... le dernier appart' visité, ma copine m’a présentée comme Française, et le type m'a dit, "pour toi, je fais une exception, parce que normalement je loue pas à une fille seule, car, ici, tu sais, les Marocaines par exemple...." encore une fois, me voilà très fière de mon passeport vert dans le monde arabe... ;o)

voilà (un peu) de mes nouvelles, tellement à dire...

Un amour de taxi...

Je pensais que le Maroc avait le monopole des moualin taxiates fous mais apparemment la concurrence s’en sort aussi pas mal du tout…
Ce matin, sous la pluie battante, je me suis ruée dans le premier taxi qui passait par là… il y avait déjà une jeune femme, après discussion en anglais elle m’explique qu’elle est Croate et qu’elle est ici car son mari a trouvé un boulot et qu’elle l’a donc rejoint avec leur petite fille… jusqu’ici rien d’anormal… une fois notre amie descendue du taxi, moul taxi se tourne vers moi et me demande mon avis sur elle… et il avait cet air, je sais pas, un peu niais… alors moi, je commence à m’empatouiller avec mes « drifa » (qu’il comprend pas, bien sûr), « zouina » (que je corrige immédiatement en « jamila », « kouayssa » et autres barbarismes…), bref, rien à dire quoi… et lui qui me sort « ba7ibbouha »… Sarah, naïve, qui répond « oui, oui, moi aussi, ça fait plaisir de voir des filles bien comme elle… » et ce con de me répondre, « nan, nan, c’est ma cliente, chaque jour je la dépose et chaque jour je lui dis « you are my queen », « you are malikat jamal », « you are the most beautiful woman in the world »… et il me raconte ça avec une petite larme à l’œil, véridique, je vous jure… je savais plus quoi faire, ni quoi dire… et moul taxi, soixante ans, je précise, de me demander ce qu’il doit faire, car moi je suis une fille, je connais « assrar annissa2 » ! blocage ! qu’est-ce que je vais lui répondre moi, en plus dans son arabe bizarre, là, il est quand même en train de me supplier en me promettant « Allahye 3atek al3afiyé » !!! (oui, ici, c’est gentil, il paraît… ;o)
et, donc, il m’explique sur toute la route (qui m’a paru extrêmement longue pour une fois) que je dois l’aider à savoir ce qu’il doit faire, parce que quand même elle continue à venir dans son taxi, ça veut dire quelque chose, non ? et puis, c’est sûrement parce qu’elle est mariée qu’elle se fait désirer comme ça, sinon elle serait déjà tombée dans ses bras, non ? qu’est-ce que tu en penses, toi, tu connais les « tkharbi9ates » des femmes, non ? et puis, y’avait ce petit air insipide et con qui me perturbait…
j’ai baratiné des conneries sur « toutes les femmes aiment être flattées », un sujet sur lequel il n’arrêtait pas de me lancer des perches, ça a eu l’air de lui convenir, finalement on est arrivés, enfin…
pendant que je le payais, son petit air con, ses lunettes, sa dégaine vieillotte et son air de chien battu n’arrêtaient toujours pas de me perturber…
c’est en me retournant une dernière fois vers son taxi jaune qui remontait la rue que j’ai compris… ce type est le sosie d’Abbas El Fassi!!!

mercredi 5 mars 2008

Voyage au coeur d'Oum Eddeniya...

Azzaykoum? (me voilà chez les Egyptiens, quel dépaysement! des Arabes qui parlent
une langue chelou, on se croirait au milieu d’une mousalsala qui s’arrête jamais, un métro avec des wagons spécial femmes (!),pas une jupe à l'horizon (de quoi faire passer les bssssst, bsssssssssssssssssss marocains pour des compliments super civilisés...)...
pleins de souvenirs pour une escale malheureusement trop courte...
Magnifiques souvenirs comme le resto sur le nil ou le concert de 3oud à l'opéra du Caire, inoubliables, de nouveaux amis, bref, le rêve... j'ai même vu Abou al Houl en vrai!!! (d'ailleurs rencontré plus de Marocains que dans toute ma vie quasiment et même eu la "joie" de découvrir que notre reputation de "marocaines" n’est pas qu’un mythe... A mon grand désespoir, j’ai découvert que les soirées (pleines de Saoudiens by the way) sont pleines de "gentilles" bnet bledna...
J’ai aussi fait la connaissance d’un Marocain de mon village ! chose qui ne m’était jamais arrivé même au Maroc... et avec lui et tous les autres, j’ai découvert ce qu’était la 3assabiya, la vraie, celle que je trouvais toute con quand je voyais ces Libanais en France qui se collent, s’adorent dès qu’ils apprennent qu’ils ont la même nationalité... en fait, j’ai compris (et c’est quand même étrange, je suis sensée être une pro de la vie en diaspora après avoir passé toute ma vie en France...), j’ai compris, donc, ce bonheur de se retrouver, de retrouver son humour, ses mots, ses subtilités, ses références et le bonheur de partager la darija, les chansons, les danses, c’est con, hein ? mais qu'est-ce que ça fait du bien !
Je n’oublierai jamais non plus cette fille qui s’est dressée dans le métro pour nous faire une khoutba enflammée avant de se rasseoir tranquillement après les 5 minutes qu’elle avait prévu d’y consacrer, ni ce petit garçon qui vend des bonbons dans les wagons en en jetant un à chaque passager assis avant de venir le reprendre, à l’endroit impropable où il a atterri, chacun s’étant bien gardé d’y toucher, comme un truc habituel, normal... ou cette femme dont le sac renferme des trésors : barettes, chaussettes, hijab, collants, épingles, bijoux, qu’elle vend dans cet univers parallèle qu’est le métro cairote !

J’ai hâte d’y revenir...

lundi 3 mars 2008

Europexpress

J’attendais de voir ce que je penserais et ressentirais en posant le pied en Europe. M’y voilà pour deux petites heures...
En transit à l’aéroport, venue de Casablanca dans un avion rempli de Marocains, je n’avais pas encore senti de grosse différence. Ce n’est qu’au bout d’un certain temps que j’ai pris conscience que j’avais changé de monde... pour un truc tout con...
Après avoir bien sûr dû me soumettre aux règles de sécurité (pantalon qui tombe sans ceinture, en chaussettes dans l’aéroport, mes kilos de bakiate de haloua bi louz irradiés des millions de fois (bagages à main, of course... 10 kg en trop déjà... mais faudrait que quelqu’un m’explique comment je suis supposée déménagée avec 20 kg !!!), bref, après, donc, ces « formalités » (largement allégées quand tu portes un passeport 7mar, mes compatriotes, eux, ont été un peu plus longs...) et à Casa on a carrément battu des records avec les Africains... Sans même y mettre la forme, on te prends direct, on te met dans la file d'à côté et tu discutes un peu avec le policier, là...
> Malgré tout ça, donc, je me sentais pas encore trop à l'ouest... la surprise est venue de ma droite, avant d’être carrément encerclée ! Rouge, jaune, verte, bleue, orange... chaque déchet à sa poubelle ici ! Il aura fallu que je vois ça, avec les petites étiquettes espagnol/anglais : verre, aérosol, plastique, papier... Blocage ! je suis restée à rire comme une conne devant ces poubelles qui me souriaient (sic), mesurant chaque seconde un peu plus le fossé qui nous sépare...
> Hier, mon oncle est venu de France, avec sa femme ils m'ont parlé du « scandale » des OGM et des matières végétales hydrogénées... je suis désolée, j'arrive pas, j'arrive plus ! Je suis un peu loin de ça. Je peux plus me passioner pour ça (j'avais déjà du mal avant, mais là...)

Le deuxième choc, c'est quand j'ai voulu manger un truc (Iberia, dans son extrême bonté, te fait payer le sandwich (au jambon?!) à bord, un truc comme 8 euros...)
donc voilà, deuxième blocage, cette fois-ci devant l'étalage de charcuteries, de sandwichs (au choix: bacon, ou bien jambon, ou bien lardon, chorizo...) (aéroport de Madrid, ça explique peut-être?)

Finalement dégoté un hamburger (shame on me...) et là... j'ai fait ce que je n'aurais jamais, ô grand jamais, dû faire: traduire le prix en dirhams!!! Failli tomber par terre, une part de pizza et un Coca, c'est juste un dixième du salaire minimum au Maroc...

Voilà, deux heures seulement et je suis déjà pas très à l'aise... heureusement je m'envole vers un endroit où je devrais avoir mes repères... une ville arabe, bondée, polluée à souhait, embouteillée...

Direction: Le Caire...

lundi 25 février 2008

Depart...

Alors voilà, entre deux eaux, encore en partance et cette fois-ci pour l’inconnu, le vrai ! Il aura fallu que j’en passe par « mon » pays, que je quitte la France, que je découvre le Maroc pour aller maintenant vers cet Orient qui m’a longtemps attirée et fascinée… Un peu plus au clair (disons, juste avec un ou deux éléments pour juger, alors qu’avant je naviguais vraiment à vue, avec mes impressions vagues et tous mes a priori) sur mes deux pays, je me lance enfin vers le voyage, vers la découverte et non le retour aux sources, la redécouverte ou la ré-acclimatation… déjà partie, pas encore réalisée que j’étais ici, pressée de revenir, partagée, envisageant désormais plein d’horizons nouveaux, prête à bouger…
Rechargée, plein de souvenirs en tête, comme armée, habillée de toutes mes expériences… En tout cas, ce que je retiens avant tout de mon Maroc en partant ce sont des sons, des voix, des mots, des expressions, des intonations, des musiques… Parfois j'aimerais me lancer dans l'audio, me balader en permanence avec un micro et enregistrer ce qui se passe, juste les bruits qui font ma vie en ce moment, les expressions, les paroles, les gens, les soupirs, les cris... donner à entendre tout ce qui passe par les intonations et le choix des mots... Tout ce qui relève de la spontanéité et de ce désir de s'épancher... moul taxi qui philosophe, la vieille à qui j’indique la route qui me couvre de bénédictions pendant une heure, les bssbssates, ma tante qui nous réveille suavement « ouaaaaaaaa noudou al khmirates, noudou tgue3dou !», les mendiants qui récitent le Coran, ma sœur pendue au téléphone nuit et jour (thanks to l’illimité tissalat… merci Maroc Télécom, d’avoir pu permettre à nos hommes…), ma grand-mère qui écoute la khoutba à la radio à fond (il faut en profiter le plus de monde possible, ça pourrait nous rapporter des 7assanates) (shame on me, ma grand-mère ne pense même pas comme ça… mais c’est mon blog, j’ai le droit de faire penser ce que je veux à qui je veux…), le journal de la RTM (sans commentaire !), le chaâbi de ma tante (à fond, pour de vrai, cette fois ! existerait-il une autre façon de l’écouter ?), l’adhan, moul lbayd (bayyyyyyyyyyyyyyyyd ! … bayyyyyyyyyyyyyyyd !), moul ljavel (javiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiil ! … javiiiiiiiiiiiiiiiiiiiil !), moul bessla ( bsslaaaaaaaaaaaaaaa ! … bsslaaaaaaaaaaaaaaaa !), l9issaryia (mitine ou stine, mitine ou stine, al3iyalate, al3iyalate…), le bruit des touches de mon clavier, la nuit, quand j’écris et m’épanche… et le bruit de l’avion, celui de mes larmes…

lundi 18 février 2008

(Encore) un grand bond en arrière...

Voilà, rien que la dépêche de la MAP le premier jour m’avait faite rire (c’est tout simplement atterrant ! dire de telles conneries avec autant de sérieux et terminer ainsi… une vraie agence officielle arabe, comme on croyait qu’il n’y en avait plus qu’en Libye ou en Syrie, mais apparemment non…)

Je vous fait croquer :
Maroc-Divers
Arrestation d'un individu pour avoir usurpé l'identité de SAR le Prince Moulay
Rachid sur un site Internet
Rabat, 6 Fév (MAP) - Les services de sécurité marocains ont procédé à l'arrestation, mercredi à Casablanca, pour pratiques crapuleuses d'un individu qui a usurpé l'identité de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid sur le site Internet www.facebook.com, a-t-on appris de source policière. Le mis en cause, nommé Fouad Mourtada, ingénieur d'Etat, âgé de 26 ans, célibataire, sera présenté à la justice, ajoute-t-on de même source.
Il est à préciser que les membres de la Famille Royale ne disposent ni de site Internet, ni de blog et que la seule façon d'avoir des informations sur les membres de la Famille Royale reste le site officiel de la MAP.(MAP)

Outre le fait que Fouad, dont le nom et la profession (quels renseignements ! exemplaire la MAP) (non, je ne ferais pas ma mauvaise langue, je ne dirais pas « pour une fois »…) outre le fait, donc, que sont rendus publics des renseignements sur Fouad, comme cela avait été fait à Ksar El Kébir, les exposant, si la justice et la police ne suffisait pas, à la vindicte populaire et aux attaques personnelles ; outre cela, on avoue enfin que l’Internet ici est fliqué, que même derrière un écran, on peut être poursuivi, que l’anonymat n’est en aucun cas une protection et que le débat, même s’il s’ouvre un peu, reste largement prudent et comme suspendu, de peur d’écorcher les (trop) nombreux tabous collectifs… Et on peut avoir toutes les raisons pour, l’Etat marocain a de bons alliés, apparemment Maroc Télécom et Facebook auraient collaboré avec la police marocaine en fournissant l'adresse IP de Fouad…
C’est cette capacité à se rétracter, à effectuer un formidable retour en arrière qui m’a toujours impressionnée ici. Comment, par exemple, on épingle Benchemsi alors que la liberté de la presse semblait en bonne voie… Comment, on se réveille un matin, en éructant sur la marocanité de Ceuta et Melilla, alors que dans les faits, tout est fait pour conforter l’Espagne… Comment on ose condamner pour homosexualité sous la pression (laquelle d’ailleurs, n’est pas bien claire…) donnant une image plus réactionnaire encore que nous ne le sommes vraiment… Comment on bloque Youtube ou Google Earth, au point de figurer parmi les pays « ennemis de l’Internet » dans tous les classements mondiaux… Bien sûr, inutile de commenter le fait que le procès de Fouad a été repoussé, nos juges en ont fait une spécialité, comme si on allait oublier… S’ils nous ont plus d’une fois à l’usure, espérons que cette fois-ci non…
Tout ça pour dire que l’arrestation de Fouad est tout simplement hallucinante et que sa torture est révoltante, d’une part parce que j’osais espérer que les années de plombs et l’électrochoc (en tout cas pour moi) des témoignages, des mots et des images, nous permettrait de ne plus avoir à subir cela (Sarah, bisounours, as usual…) et d’autre part, parce que torturer quelqu’un qui a maintenant le soutien de la communauté internationale, des bloggeurs et dont le cas est médiatisé est bien la preuve qu’une impunité nauséabonde règne encore ici et que rien dans cette histoire n’engage à être optimiste…
Par ailleurs, après lecture chez Hmida par exemple de réactions concernant la Blogoma (notamment dans les commentaires…), après le retrait de MoTIC et de kb et 7didane (même si je n’ai pas encore connaissance des raisons des retraits des deux derniers), j’ai un goût amer dans la bouche… tout d’abord, je comprends que les bloggeurs se sentent les premiers concernés mais tirer la couverture à eux en se sentant en danger, quand c’est Fouad qui l’est en ce moment, me paraît très limite, surtout quand on a lancé des appels pour plein d’autres choses… (chose louable par ailleurs) et pourquoi se retirer si docilement quand continuer serait la vraie preuve de courage (je pense aux justifications de MoTIC surtout…)
Bref, je n’ai pas encore tout compris, si quelqu’un peut m’éclairer…

C’est pour cela que Fouad a tout mon soutien, que je ne comprends même pas la raison d’être de son arrestation, encore moins de sa détention, que l’attaque que cela représente à la liberté au Maroc est inacceptable et qu’une fois de plus nous ne faisons pas mieux que beaucoup de nos voisins, ce qui est décevant quand on semblait les distancer… pas de quoi quitter le Maroc le sourire aux lèvres… dommage !

dimanche 17 février 2008

Coupé décalé

Alors que le départ approche, je me retourne et me regarde, je me vois, je me sens gesticuler, avancer, reculer, hésiter, foncer, pleurer, rire et oublier au gré de mes pérégrinations dans le « plusbeaupaysdumonde » (KBB, désolée...;o)

Je me revois découvrir les joies de vivre avec des moutons sur le sta7 et de ne parler que de ça pendant des semaines... m’en voulant, va savoir pourquoi, de ne pas être une "bonne fille", de n'en avoir strictement rien à foutre, rien de rien! De ne pas m’enchanter avec toute la famille qui se réjouit de me voir fêter mon premier 3id au bled!... Car, moi, fraîchement débarquée, sans tous ces souvenirs de gamins, ces soirées de ramadan, ces trucs qui marquent paraît-il à jamais, moi, ce que je vois ce sont des gens qui s'arrachent des moutons à des prix indécents (d'ailleurs je me demande encore comment certains ont sortis 3.000 dirhams?), les font vivre (et vivent avec eux) dans des conditions qui choquent mon hygiène de petite citadine...
Un peu plus loin, je revois Ramadan, et moi, qui tombe violemment de mon petit nuage, moi, la petite beurette à la pensée un peu magique, un peu romantique, qui croyais vivre un mois intense de jeûne et d'Islam… Je n'ai vu que des gens énervés, affamés et qui te font la morale parce que tu portes une jupe et que tu "souilles leur jeûne" (ça, il faudrait qu'on m'explique comment je peux intervenir dans son jeûne avec ma jupe, il a qu'à pas regarder le vicieux...)
Bref, une fois encore, je me vois, naviguant à vue, perdue, attirée et effrayée, curieuse et envieuse, peut-être, bien mais en même temps encore un peu en décalé avec "mon" pays…
Je revois toutes ces fois où j’ai remercié Dieu de m'avoir faite musulmane en France (putain, je croyais pas dire ça un jour!)… Je crois que sinon je serais devenue comme tous ceux que je connais, aigris, qui crachent en permanence sur l'Islam, éructant sur la liberté individuelle et je sais pas quoi... maintenant je comprends! au moins le Maroc m'aura appris ça, je veux plus appartenir ou m'identifier à 100%, je veux plus gueuler comme la gamine que j'étais "wesh, marocaine représente", alors que j'avais jamais vécu ici, maintenant je prends ce qui me plaît et j'élague beaucoup! et c'est ce qui me plaît ici, j'aime ce pays (et je peux enfin dire mon pays, même si... je suis aussi bien française) mais je sais aussi dire que c'est de la merde!
Comme toutes ces conneries que j’ai pu entendre au nom de je sais pas quelle vision de l'Islam! Je crois que ce qui me tue le plus ici, c’est cette façon qu’on a d’accepter le statut d’intouchable. On passe notre temps à en vouloir à des mythes, par peur d’en vouloir aux vrais représentants du pouvoir. C’est tellement facile de casser du Juif, de l’Américain, du Bush, du « nasrani », du « beur », mais en aucun cas on ne pourra critiquer ceux qui, ici, favorise ces politiques honnies ou maintiennent un statu quo tellement dommageable pour la majorité des Marocains. C’est comme ça que tous les problèmes du Maroc (immobilier cher, pédophilie, corruption... tout quoi!) c'est à cause de ... sysassa yehudyia! je suis restée scotchée, mais qu'est-ce que tu peux répondre, ils m’expliquent que Abu Ghraib, c'étaient les juifs, que Saddam Hussein ils ont cru l'avoir pendu mais en fait c'était pas lui! Du pur délire, pur jus marocain! Dans le train, c'est une femme, la cinquantaine, qui m'a expliqué le grand complot ourdi contre nous (via... Tom et Jerry et les pubs pour Fanta!!!) et ma tante qui m'explique que Sarko, président juif de la France impie, devrait pas venir à Marrakech car il souille "dar al islam"...
Tout s’éclaire…

Il est 4h du mat'...

Il est 4h du mat' et j'ai pas envie de me coucher, après quelques pina coladas et des kilos (des litres? des quoi?) de fumée avalées, des putains de musique de tous les coins du monde, encore envie de danser, de rencontrer des gens, de sourire, de rire, de simplement regarder...
Début de soirée à la Bodega, et puis rentrée chez moi, me suis posée devant l'ordi, commencé à répondre à mes mails et là, deux heures après, j'ai refait le monde avec un cousin aux States, presque même réussi à parler de Sahara, on a bien tapé sur Hassan II, échangé des idées de bouquins à lire, discuter du derb qui lui manque après l'avoir quasiment envoyé à l'HP, du quartier qui me rend folle et que je trouve beau maintenant que je le quitte, de la façon de porter une jupe au Maroc, j’ai refait le monde avec la Belgique (u rock, girl !), discuté de chaque parcelle de nos maroc(s), décidé d'oublier un chagrin d'amour qui n'en valait pas la peine, même si je tourne toujours pas la page, échangé des idées, été surprise par un copain de lycée qui m'a déclaré sa flamme, écouté Darga, Fnaïre, Mika et pleins d'autres, googlisé trois millions de choses, une soirée bien remplie (une soirée, une matinée, disons ;o), comme j'en rêve pour mes derniers jours ici...
Une soirée où j’ai réussi à m’engueuler avec moul taxi (je saute le pas, j’m’en fous, maintenant !), ce connard me dit tranquillement que c’est normal que je paye le prix fort, il m’a quand même amenée ici depuis cet endroit… (petits regards à la con) « khallini nskout » (sourire imbécile)… le mec se démonte pas, il te dit ça, c’est cool, dans sa tête y’a pas de mal, c’est quand même une mouskha, j’peux lui dire nan ? voilà, encore malade de mon Maroc… mais pourquoi est-ce qu’on doit toujours TOUT justifier, TOUT certifier halal, merde ! moul taxi n’a pas a jugé ma vie, je vois pas pourquoi je devrai éviter de passer devant les types qui passent la nuit à se saouler et à mater dans le café au coin du derb parce qu’ils pourraient juger que je suis pas bent l7alal… ah ouais ?
Une soirée dehors, comme beaucoup d'autres, où on s'est faufilées à la sauvette, comme des ombres dans le derb, le plus discrètement possible dans le quartier... Une soirée qui sans ma soeur qui nous ouvre la porte en cachette n'aurait pas eu lieu...

vendredi 15 février 2008

Quitte le pouvoir!

Ca fait tellement de bien, un p'ti Tiken Jah, comme ça, juste pour le plaisir... et les paroles sont pas cons non plus... à méditer!

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Mode sourire débile bloqué...

Je m’en veux d’être aussi dépendante, autant à tes pieds, pourtant je n’y peux rien, il suffit que tu évoques la possibilité de me revoir pour que ce sourire débile se colle sur mes lèvres, me donnant ce gentil air niais qui m’a suivie toute la journée… Entendre ta voix, te reparler – en faisant l’air de rien, comme si c’était normal de te dire « ça va? », « ton boulot se passe bien? » à quelqu’un qui t’ignore depuis des semaines -, envisager de se revoir, tout ça comme des « potes » j’imagine de ton côté, alors que moi, comme une petite fille, j’y crois encore, bêtement, naïvement, innocemment… pourquoi est-ce que je suis retombée là-dedans, pourquoi je tends le bâton pour me faire battre ? Alors que je quitte ma vie d’ici, voilà que je me recrée des attaches, sans réel avenir et surtout nées de mon imagination… peut-être as-tu seulement été poli? Peut-être ne m’appelleras-tu jamais plus? J’espère juste que je ne me prépare pas les mêmes déprimes que je viens d’abandonner… j’espère juste que tu ne me décevras pas… enfin, que mes rêves ne me décevront pas… tellement envie d’y re-croire, tellement envie de retomber… envie de me ré-attacher à toi, même s’il est fort probable que tu sois déjà trouvée une nouvelle copine, des nouveaux délires, de nouveaux petits noms, des petits jeux et des nouveaux souvenirs communs… tellement envie d’y croire !!! (envie de me donner des claques) ((envie de rire, comme ça, sans raison) (sourire toujours bloqué, jusqu’à nouvel ordre…) (disons plutôt, jusqu’à nouvelle déception) (mais quand même heureuse, juste comme ça!) (Sarah, GRANDIS!!!!!!!!!!) (pourquoi?) (re-sourire…)

jeudi 14 février 2008

Entièrement d'accord avec Ibn Kafka... (http://www.blog.ma/obiterdicta/ post du 2 février)

Après lecture d'Obiter Dicta (post du 2 février sur l'appel pour les libertés individuelles...)

"Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes
Parce que Messieurs quand on le laisse seul
N'est pas du tout brillant
Et sitôt qu'il est seul
Travaille arbitrairement
S'érigeant pour soi-même
Et soi-disant généreusement en l'honneur des travailleurs du bâtiment
Un auto-monument
Répétons-le messieurs
Quand on le laisse seul
Le monde mental
Ment
Monumentalement"

Jacques Prévert


Certains diront qu’Obiter Dicta crache dans la soupe, comme moi! Oui, et je l’assume ! Depuis quelques mois je me rends compte du pouvoir de la presse, notamment avec l'analphabétisme marocain... C'est dingue comme on manipule facilement (rien qu'à voir comment sont squizzés les militants Sahr**** on comprend l'enthousiasme et l'IMPARTIALITE OBJECTIVE qui règne ici...)

TelQuel prend tout simplement la grosse tête je trouve, comme beaucoup « d’intellectuels », ils ont un jour (il y a longtemps) eu une idée et prospèrent dessus maintenant et pour des années... C'est dommage de se croire à ce point au fait des réalités d'un pays qu'on ne connaîtra jamais... (Anfa peut visiter Sidi Moumem et vice-versa mais jamais le "connaître") … En croyant bouleverser le monde, cette presse bobo disons-le s'enfonce juste dans sa petite-bourgeoiserie de bon ton, révolutionnaire quand ça les arrangent et consensuels deux minutes après... Facile de taper sur un système quand on est fils de, pourquoi ne pas mettre cet avantage au service d'autres causes...
En s'érigeant en monopole de la modernité, de la laïcité, de la raison et en pourfendeur du peuple obscurantiste, ces chers bobos cachent tout simplement mal le fait qu’ils n’ont rien d’autre, aucune alternative à proposer! (je m’arrête ici, ma conception du journalisme n’est pas non plus celle d’un journaliste pédagogue, le journaliste donne à voir, il ne guide ni ne conseille pas, en tout cas pas directement, il peut donner des pistes de réflexion, pas plus, là n’est pas son rôle…)

Mais ils sont censés avoir grandi ici et connaître certaines choses, alors qu’on dirait qu'ils débarquent et ne comprennent pas tous les codes de "leur" société... Oui, il y a des gens qui portent le voile plus qu'avant, est-ce à dire qu'il y a islamisation pure et simple de la société? Oui, les Marocains, comme les autres, sont hypocrites, est-ce une raison pour faire de tous des ivrognes et des homosexuels refoulés... Oui, Nini fait de la sous-presse, est-ce à dire que TelQuel n co brillent?

Alors Obiter Dicta a le mérite d'aborder tous les sujets qui fâchent ! Car disons que ce qui me dérange, c’est que les seuls vraiment bousculés par ce bobo-journalisme ne sont quasiment jamais dangereux ou en mesure de riposter...

Maintenant il est clair que chez nous le seul fait d'exister pour un journal est déjà beau (bon, bien sur, si papa et maman sont derrière sa facilite, mais admettons...) et TelQuel a toute sa place, mais please il faudrait arrêter de se prendre pour les détenteurs de la vérité et le parangon du vrai Maroc! (sous entendu débarassé de l'Islam...)
Ce combat permanent contre l'Islam me parait un peu stérile (le telquel "quels musulmans sommes-nous?" est un monument digne de TF1) comment squizzer le débat? les questions posées sont tellement cons qu'elles n'ont rien à envier à la commission stasi (spécialiste de l'Islam) qui a autorisé le port de.... la main de Fatma, j'ai dit la 3ala9a?
en faisant croire (et surtout en avalisant ces questions très cons par un chercheur comme layadi, pas mal du tout par ailleurs mais un peu trop makhzéno-optimiste à mon gout) , en faisant croire, donc, que les jnouns, la virginité, le ramadan, le mariage exogame, la prière, le culte des saints c'est
l'Islam on brouille un peu les cartes... soyons sérieux, tel quel n'est définitivement pas une presse SERIEUSE (encore une fois ce n’est pas le mot, mais bon, tu vois, ce que je veux dire...), ce n'est définitivement pas le Monde Diplo qui a un avis à contre-courant et novateur mais sait l'étayer... Faire dans chaque numéro un article sur le porc, la chasse au porc, l'importation du porc, les Marocains, l'alcool et l'hypocrisie, les Marocains et le sexe... finit par dégoûter (j'ai trouvé sur plusieurs blogs, notamment sur le numéro consacré au coran « TelQuel est financé par l'ambassade US et le Shin Beth »… c'est con c'est primaire mais c'est ce qui traverse l'esprit de gens gavés à al jazeera and co... alors qu'une approche plus sereine et moins bidon aurait pu peut être leur ouvrir les yeux...)

Soyons précis, ce que je conteste quand je parle de "vrai" Maroc, ce n’est pas le débat stérile qui a tourné autour de Marock par exemple, non, ce que je fustige, c’est cette logique dans laquelle on s’enferme, celle qui veut que celui qu’on accuse de singer le Français, ne trouve qu'à répondre "vous êtes des talibans, des Afghans, des Iraniens »…
Car je crois que notre Maroc est en lui-même déjà libéré de pas mal de démons et de vieilles rengaines qui ralentissent encore pas mal de pays arabes ou musulmans, car plus ouvert à l'Europe, à l'Afrique, aux mélanges, aux technologies...

Ce qui m’attriste c’est de voir ces bobos jouer à se faire peur, alarmistes, multipliant les couvertures et les titres délirants souvent sans vraiment citer leurs sources (j'ai dit sensationnalisme?)…
Ce qui me fait pitié c’est de les voir se rassurer avec les chroniques de leur petit monde en vase clos, « gosses de riches, les plans boîtes, caisses et tise », "la virginité n'est plus un débat au Maroc", genre ça y est on en est tous libérés... eh bien, nan! Je vais enfoncer des portes ouvertes, mais, comme nous tous souvent, ces chers bobos ont tendance à oublier les campagnes et plus près, les quartiers pop. oui ici aussi on couche, mais les certif' de mariage ça continue! alors on peut remuer Abdallah Taia dans tous les sens en croyant que ça va libérer la parole homosexuelle au Maroc, il y a d'autres façons de procéder, de faire entrer cela dans les moeurs...
Oui, c’est un peu simple comme conception, mais apparemment ce simplisme n’effraie pas tout le monde, hier, une pub m'a tué, "la nouvelle tribune" (si je ne me trompe pas...) placarde sur les kiosques "faut-il taper sur la makhzen pour frapper les esprits?" (no comment, autant de servilité va au-delà des insultes...)

Tout ça pour dire qu'effectivement le Maroc est encore assez makhzénien pour avoir besoin de tous ces fassis et ces ouled anfa, mais que, Française, je n'ai pas connu cette période de la bourgeoisie éclairée (ou du moins, seule éduquée!), donc j'ai encore du mal... voila avec quoi nous devons composer... et tant que les bourgeois verrouillerons le système... en même temps, il n'y a pas de partis, pas de politique, pas même de véritable mouvement religieux fédérateur (en tout cas pas traduit en terme de poids dans les instances dirigeantes...) et nous sommes obligés, de fait, de remettre nos destinées entre leurs mains... c'est dur, c'est tout!