jeudi 17 janvier 2008

Cachez ce pauvre que je ne saurais voir

J’avais écrit ça il y a quelque temps (désolée de faire du réchauffé), mais là, après discussion (voir, encore, commentaire sur Identité(s) 6), je me dis que voilà en gros ce que je voulais dire quand je disais que je voulais « changer quelque chose », que je supporte pas de vivre si bien, quand d’autres galèrent, etc…

Journée de merde… Je me suis (encore) bien apitoyée sur mon sort toute la journée que j’ai fini avec une conférence sur les microentrepreneurs au maroc après laquelle j'avais juste envie de me donner des claques: je suis là à me plaindre alors que franchement j'en ai aucune raison (en même temps, c'est déjà con de dire ça, ça fait misérabiliste et dégoulinant, c'est ça qui me rend malade ici, tu dois être responsable, car tu peux pas te donner bonne conscience aussi facilement qu'en France je trouve... enfin, je sais pas, ici je cherche toujours à analyser tous mes faits et gestes et surtout ceux des autres, peut être que c'est juste que je fais pas gaffe en France et qu'ici j'exacerbe tout (ou bien tout l'est ?)

Malgré tout, au milieu de tout ça, ces « grands » de la finance qui donne l’aumône au Maroc « d’en-bas », j’ai cru déceler oua7ed l’autosatisfaction dial bessa7. On sort les pauvres, on leur dit deux-trois mots en arabe et après on se gargarise en français en parlant d’eux comme s’ils n’étaient pas là, comme si ce n’étaient pas eux qui se défonçaient pour les projets, comme si sans nous ils ne seraient rien ! On sort la pêcheuse, puis la vieille veuve méritante et on écrase une larme puis le cocktail nous permet d’oublier toutes ces horreurs, toutes ces méchancetés du monde contre mssakine les pauvres… Je ne sais pas quoi ressentir. C’est beau, j’ai envie de pleurer et en même temps, c’est de la charité déplacée, de la sensiblerie, ou bien, c’est faire le bien et l’assumer mais il en faut en passer par les formes de la charité chrétienne, pour attirer…

Ils sont mille fois plus grands que nous et c’est déjà con de dire ça ! Ils ont juste envie de croquer et la volonté de travailler pour manger alors que moi, tout m’est toujours tombé tout cuit dans la bouche…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Avec le tout le respect que je te dois ma chére Sarah, permets-moi de te contre-dire sur un petit détail...
Je comprends tout à fait ton sentiment de "décalageS" ( au pluriel) entre les nantis et ceux qui le sont pas du tout, entre les discours différents que l'on tient en fonction de son " public"...
Néanmoins, ceux sur qui tu es tombée lors cette réunion des entrepreneurs sont loin d'être les plus "dégoulinants"...Leur actions de prêt s'accompagnent souvent de programmes d'initiation à la comptabilité, d'activités culturelles pour les femmes qui n'auraient jamais pu y avoir accés ou encore de conseils personnalisés qui aident les micro-entrepreneurs à progresser.
Bien que le micro-crédit soit une activité lucrative, les taux de réinvestissement des bénèfices sont conséquents...Tout ça pour dire, qu'on est loin de cette charité que tu décris parce que ces gens là même s'ils sont le parfait prototype du "bobo fassi francisé", ont comme même des idéaux et veulent apprendre à pêcher à ceux qui n'ont rien et non pas leur donner un poisson ( histoire de se donner bonne conscience, de se protéger du mauvais oeil ou que sais-je encore...)...

Bravo encore pour ce blog ! J'y retrouve un petit bout de ma Sarah que t'aime tant et avec laquelle les discussions dans le couloir en mode pyjama me manquent bezaf.

Sarah Z.

sarah ben a dit…

Contredis moi, contredis -moi!!! ça me manque aussi tout ça!
voilà ce que j'ai trouvé ce matin, ok, c'est bien ce qu'ils font, c'était juste sur la forme, pas sur le fond, que je contestais...

Quatre associations marocaines de micro-crédit ont été classées, par le magazine économique américain "Forbes", parmi les 50 meilleures institutions au niveau mondial dans le domaine de la micro-finance.
Il s'agit de la Fondation pour le développement local et le partenariat (FONDEP-microcrédit) qui a été classée au 5-ème rang mondial, de l'Association Al Amana à la 8-ème place, de la Fondation Banque Populaire pour les micro-crédits arrivée à la 12-ème place et la Fondation Zakoura à la 27-ème place, selon Forbes, qui a évalué les performances de 641 institutions de micro-crédits à travers le monde avant d'établir son classement, publié sur sonSite Internet.
Les critères retenus pour ce classement sont notamment la taille du portefeuille des prêts bruts et l'efficience qui prend en considération les charges de fonctionnement et le coût par bénéficiaire, exprimé en pourcentage du revenu national brut par habitant.
La première place de ce classement est revenue à l'Association "ASA" de Bangladesh, suivie de l'association Bandhan (Inde), de "Banco do Nordeste" (Brasil) et de la Fondation mondiale de la femme de Bucaramanga (Colombie).
Outre les quatre institutions marocaines, l'Afrique du Nord est représentée dans ce classement par l'association égyptienne, Dakahlya Businessmen's association for community development (28-ème) et l'association tunisienne "Enda Inter-arabe" (36-ème).
Avec 4,5 milliards de dirhams d'encours à fin septembre 2007, le secteur de la microfinance marocain représente plus de 50 pc des encours de la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, selon la Société financière international, filiale de la Banque mondiale spécialisée dans le secteur privé.