jeudi 10 janvier 2008

Identité(s) 5

« Il faudrait que l’effet pût devenir la cause, que l’esprit social qui doit être l’ouvrage de l’institution présidât à l’institution même que les hommes fussent avant les lois ce qu’ils doivent devenir par elles. »
Rousseau


Par ailleurs, pour se faire accepter, on nous demande en permanence de nous situer par rapport à une identité unique, clairement définie et définitive. Il faut savoir répondre vite et bien à la question, maintes fois posée : mais, en fait, tu es Française ou Marocaine ? Finalement, partager une même citoyenneté nous permet-il de conserver nos identités respectives, personnelles ? En a-t-on le droit ? Et cela peut-il apparaître légitime aux yeux de tous?
Face à la visibilité de cette synthèse innovante, on observe un double discours quant à l’apport supposé de l’immigration : certains évoquent un âge d’or arabe mais n’ayant que peu de liens avec les populations souvent rurales recrutées en France… d’autres, font preuve d’un rejet total de la culture de l’ «Autre », jugée moins évoluée, moins avancée… Ce qui ne fait pas de doute c’est qu’ on voit clairement se dessiner une nouvelle culture: métissage de la mode anglo-saxonne et américaine,de la culture française apprise à l’école et de celle des parents qui est dispensée à la maison ou dans le quartier et réappropriée, réinventée…
De nombreuses politiques sont menées, mais une interrogation s’impose cependant à moi : Je crois déceler un certain manque de cohérence dans ces décisions : comment tendre à élargir le champ de la citoyenneté à la Méditerranée, si l’on n’accepte pas déjà les représentants de cet espace méditerranéen ? Ceux que l’on a pu appeler les « couscous- pommes frites » sont le fruit du processus de Barcelone : stigmatisés en France, acceptés le temps d’un été dans le pays d’origine de leurs parents, vers lequel, souvent, ils n’espérent pas revenir, ils se trouvent dans la situation la plus cocasse qui soit : possesseurs de deux identités, parfois de deux nationalités ou plus, ils sont en quelque sorte « apatrides », habitants d’un « no man’s land » ! Créer une citoyenneté euro- méditerranéenne ne peut se faire qu’avec eux. Européens, ces enfants écartelés entre les deux rives de cette Méditerranée, sont peut-être les premiers citoyens euro- méditerranéens de fait…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

esselemou aleikom

je voulais juste te remercier pour ce blog qui me parle enormement.. je fais partie de ces enfants issus de l'immigration maghrebine (dans mon cas il s'agit de la tunisie) et nés en france et je me suis toujours posé beaucoup de question sur cette identité, c'est un sujet qui me tourmente, j'y ai beaucoup réflechi et j'ai l'impression que plus j'y pense moi je sais quoi en penser

depuis que je suis adolescent, depuis aussi longtemps que je me souvienne j'ai toujours envisagé et pensé le plus serieusement du monde à un retour au pays. je ne me suis jamais senti le moins du monde français et j'ai peut-etre ce que tu appelle cette vision "fantasmée" de mon pays d'origine.. mais maintenant que je suis enfin en situation de sauter le pas, que j'ai terminé mes etudes et que je n'ai plus d'excuses, je me pose pas mal de questions...

cette "double-identité" est surement une chance... mais c'est aussi (et je dirais même surtout?) une inépuisable source de questionnement, de doutes, de remise en cause...

si j'ai bien compris tu vas vivre une année au maroc.. je suis heureux de pouvoir lire ton ressenti sur cette experience, tes impressions, ce que tu en retient.. en tout cas ça se voit que tu aimes ton maroc (sans guillemets, c'est pas la peine ;-), tes ecrits respirent cet amour et je trouve ca tres beau.

avant de moi-même peut-être (qui sait?) sauter le pas, inchallah...

sarah ben a dit…

merci chams pour tout ce que tu dis et que je comprends tellement bien...
le prochain post est pour toi!
à très bientôt ;o)