jeudi 10 janvier 2008

Identité(s) 3

« Je suis un peu islamophobe, ça ne me gêne pas de le dire. J’ai le droit, je pense (et je ne suis pas le seul dans ce pays), à penser que l’islam - je dis bien l’islam, je ne parle même pas des islamistes -, en tant que religion, apporte une certaine débilité d’archaïsmes divers, apporte une manière de considérer la femme, de déclasser régulièrement la femme » et « en plus un souci de supplanter la loi des Etats par la loi du Coran, qui en effet me rend islamophobe. (...). Il n’y a aucune raison, sous le prétexte de la tolérance (...), de s’abaisser jusqu’à renier des convictions profondes. »
Claude Imbert, fondateur du Point, octobre 2003 sur LCI


De façon parallèle à la création de cette identité, on crée son altérité : le « bounty » est ainsi montré du doigt, Gaston Kellmann, évoque ce phénomène qui veut qu’on le considère comme un Noir à l’extérieur qui réfléchit à l’intérieur comme un Blanc, d’où la métaphore de la barre chocolatée « Bounty » ; de même, on voit de jeunes Français ayant grandi dans les banlieues se convertir à l’Islam et adopter un patronyme musulman, se fondant dans le groupe, avec sa nouvelle identité… D’autre part, on peut observer une ethnicisation des rapports sociaux, accompagnée et entraînée par un double verrouillage dans le rapport à l’Histoire. Fait-on le choix d’une vision essentialiste ou universaliste de l’Homme ou raisonne-t-on sur la base de la confession ? Les immigrations sont-elles alors toutes les mêmes ?
Ainsi, certains relents colonialistes touchent au débat déjà sensible et le rendent plus épidermique (juste un bref regard sur des écrits d’Oriana Fallaci : La rage et l'orgueil « qu’il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût », ou encore : « Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d'Allah] passent leur temps avec le derrière en l'air à prier cinq fois par jour ». Elle affirme enfin que les Arabes sous couvert de migrations envahissent l'Europe pour propager l'islam, « se multiplient comme des rats ».) Ces écrits simplement islamophobes et xénophobes sont défendus par Alain Finkielkraut ou Pierre-André Taguieff, entre autres, qui la remercient de « viser juste », hors du « mensonge vertueux »… D’autre part, la mémoire coloniale fait encore mal à de nombreux anciens « indigènes », certains sont tellement sensibles et sensibilisés qu’ils ont encore la sensation d’être régi par ce statut particulier. Cependant, force est de reconnaître que l’immigration post-coloniale est l’expression même de l’héritage de la colonisation.
De la France « black-blanc-beur », avec son équipe gagnante à la Marseillaise sifflée lors d’un match France-Algérie ; cette double identité se fait visible. Acceptée dans les grandes heures, cette part française semble rejetée à d’autres. Cependant, ce processus se fait dans les deux sens, accueillis à bras ouverts pour former une équipe gagnante, les jeunes « black – beur » sont souvent rejetés lorsqu’il est question de logement ou d’entretiens d’embauche, qui eux sont plutôt selon l’expression de Pocrain « white-white-white » – on estime que 50% des jeunes issus de l’immigration sont au chômage et qu’ils ont 6 fois moins de chances de décrocher un emploi suite au même entretien qu’un Français dit « de souche ». Yamina Benguigui, dans son documentaire Le Plafond de Verre met bien en évidence ce système à deux vitesses, qui en a poussé certains à se voiler la face en proposant la discrimination positive, notamment prônée par ceux qui ont initié la marche des Beurs. Et ces déçus, tel Azouz Begag se rallient à cette idée, alors que concomitamment les politiques amorcent une période où l’on assiste à la nomination du « premier préfet Musulman » Aïssa Darmouche. Cette dénomination même m’apparaît comme anti-républicaine. En effet, on ne peut être nommé aux emplois les plus hauts de la République sous prétexte de promotion d’une confession, d’un sexe ou d’une origine ! Ne devons-nous donc compter que sur le sport ou les quotas pour espérer trouver une place – qui nous est due, en tant que citoyens ?

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