jeudi 10 janvier 2008

Identité(s) 4

« Comment voulez-vous que le travailleur français qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ 15 000 F, et qui voit sur le palier à côté de son HLM, entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 000 F de prestations sociales, sans naturellement travailler… si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, eh bien, le travailleur français sur le palier, il devient fou. Et ce n’est pas être raciste que de dire cela. […] il faut enfin ouvrir le vrai débat moral qui s’impose dans notre pays, pour savoir si il est naturel que les étrangers puissent bénéficier au même titre que les Français d’une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu’ils ne paient pas d’impôts.»
Jacques C., Orléans, le 19 juin 1991


Depuis les bidonvilles des périphéries dans lesquels s’entassaient des familles dont le père pratiquait les travaux, délaissés par les Français « de souche », car dits travaux 3D « dirty, dangerous and difficult » aux difficultés actuelles, le problème ne semble guère se résoudre.
De la mémoire du 17 octobre 1961 à Mr Le Pen accédant au second tour des Présidentielles le 21 avril 2002, la haine et le rejet semblent perdurer. Cependant, « On ne fait pas reculer le racisme à coups de bons sentiments et d’antiracisme pur et dur. Disjoint de toute autre signification, l’antiracisme constitue une source d’exacerbation des problèmes qu’il entend combattre, bien plus qu’une réponse efficace; sur le terrain, il stigmatise et culpabilise les moins radicaux, sans résoudre les problèmes à partir desquels ils tendent au racisme, et renforce les plus résolus dans la conviction qu’ils ont d’être délaissés, incompris ou trahis. L’apport éthique et humaniste de l’antiracisme devrait rester indissociable d’une prise en charge des difficultés nées de la chute sociale, de la perte des repères et de l’exclusion. » (Michel Wieworka)
Mais, la question de l’immigration ne pourrait-elle pas être comprise à partir de l’apport des sciences sociales plutôt que d’être abordée systématiquement à travers le prisme d’une intégration dont on sacralise le sens tout en le vidant de son dynamisme existentiel ? L’Etat social et l’Etat légal doivent se compléter et non pas s’annuler l’un l’autre. On ne peut concevoir un système d’immigration basé sur le seul intérêt du pays qui accueille !
On pourrait ainsi évoquer le problème de l’urbanisme, des bidonvilles et cités de transit en passant par les foyers. On ne peut pas considérer que, bien que nombre de ces projets soient partis de bons sentiments, les résultats aient été réellement probants. De plus, dans ces lieux rejetés en périphérie, les acteurs sociaux se sentent souvent peu soutenus par leurs institutions de tutelle. Malgré cela, certains restent et persistent, telle Dounia Bouzar qui trouve chez les enfants d’immigrés les fondements de ce qu'elle appelle la “francité”. Une synthèse nouvelle qui crée une identité française sans renier les origines. “L'histoire de ces jeunes socialisés à l'école de France ne peut se réduire uniquement à l'histoire de leurs parents. A travers eux, une nouvelle histoire se construit. Ils ont un rapport particulier à l'Islam qu'ils refusent de laisser à la frontière. Ils en font une part du patrimoine national pour mieux se sentir français sans pour autant rompre avec les traditions des parents”.

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