dimanche 13 janvier 2008

« La vie est dure, manquerait plus qu’elle soit molle »

Des appels au secours comme ça, des gens qui te glissent des choses, des sous-entendus, des mots qui sortent, à peine retenus, des choses qui « échappent » pas franchement involontairement, des allusions… et nous qui tournons le dos !
Pour tous ceux que j’ai déçus, pour tous ceux à qui je n’ai pas su, pu ou même voulu tendre l’oreille et pour tous ceux qui m’ont rejetée ou n’ont simplement pas été là où je les attendais, qui n’ont pas répondu présents ou n’ont vraiment pas pu l’être… pour tout ceux-là, une pensée, même pas rancunière, juste une pensée qui en amène une autre et m’emmène encore loin au fil de mes idées (saugrenues, pour changer…) et de mes discussions (pour toi Ani, ma belle…)
C’est tellement facile de réfléchir, de chercher, de comprendre, même de s’imaginer à la place des kamikazes palestiniens ou des Tchétchènes, on trouve toujours plein de raisons sociologiques, économiques, anthropologiques, que sais-je encore ? Mais pourquoi est-ce si dur de comprendre pourquoi les petits arabes de l'autre côté du périph' ont la haine ? Pourquoi est-ce si facile de se pencher sur les problèmes sans se tourner vers ceux qui en souffrent ? Pourquoi les écouter, simplement entendre ce qu’ils ont dire nous est-il souvent impossible ?
En même temps, c'est aussi dur de parler, de dire que tu as vécu la pauvreté ou le racisme. C’est dur pour toi de le dire, de le dire avec les bons mots, de le formuler et de le sortir comme tu voudrais qu’il soit compris et comme tu voudrais toi-même le comprendre…Pour eux aussi, c’est dur : exprimer tout ça, c’est leur renvoyer une mauvaise image d'eux... C’est les forcer à voir en face et tes problèmes et les leur… C’est leur montrer tes failles et ils pourraient croire, que tu attends d’eux qu’ils dévoilent les leurs aussi… C’est pointer les faiblesses du système, les forcer à le regarder, à SE regarder, à ne pas accepter tous les cadres et à devoir se bouger pour les faire évoluer… C’est leur compliquer la vie, et ça, ils ne le veulent pas !
Alors on préfère nous dire qu’on s’en sert et qu’on doit pas construire sur la souffrance, que c’est pas ça qui nous donne des droits, que se plaindre ne fait rien avancer, qu’ « il n’y a pas de fumée sans feu » et toutes les autres conneries qu’on sort comme ça, machinalement, quand on est en pilotage automatique, qu’on veut pas s’impliquer, parce qu’on veut pas les suivre là-dedans, qu’on veut pas être subjectif et que « merde, tout le monde a ses problèmes, quoi ! »… Quand on veut pas se mouiller, pas se salir les mains et pas s’embarquer. Pour pas perdre son confort et pas mettre les mains dedans, pour rester dans l’analyse, froide, logique, universelle et rassurante, avec ses résultats, ses conclusions, ses « recommandations »…
Mais ils ont beau rationaliser à mort, trouver des raisons, bloquer ces grains de sable dans le rouage si parfait de notre si parfait petit monde créé de toute pièce, il y a toujours des choses que tu peux pas renier, que tu portes en toi et que tu dois sortir pour qu'on t'entendes, que tu puisses enfin parler pour dire autre chose, pour formuler enfin tes idées, sans aucun rapport, sans avoir besoin qu’elles aient un intérêt, sans avoir à en repasser par là pour réfléchir ou pour comprendre, pour que tu construises et qu’enfin tu vois les résultats de tout de ce que tu as fais, que tu arrêtes de te dénigrer… Pour que tu dépasses tout ce que tu portes, cette culpabilité, ce souvenir, cette honte, ces exploits et que tous les autres puissent eux aussi aller de l'avant, en bénéficier...
C’est aussi un peu pour ça que j'écris et que surtout je tiens à ce caractère immédiat, spontané, c'est sur le moment et comme ça sort que je veux que les gens le reçoivent, parce que c'est comme ça que ça prend sa vérité, que ça ressemble vraiment à ce que je ressens et que ça retranscrit à peu près ce qui se mélange et se cogne contre les parois de mon cerveau, toujours en mouvement, tout en se combinant différemment chaque jour...
En tout cas, dis-toi bien que toute cette souffrance, cette honte, cette galère, tout ce qui nous a forgés tels que nous sommes maintenant ne peut que se transformer en un magnifique élan, quelque chose de forcément positif, ne peut que nous servir car s'il devait nous desservir, il nous aurait déjà flingué. La société ne peut qu’avoir besoin de gens comme ça, de gens qui ont déjà mesuré leurs épaules, se sont frayé leur chemin et peuvent maintenant affronter des situations que tous ces fils à papa n'imaginent même pas dans leurs cauchemars...

Nous, on peut briller ; eux, peuvent réussir...
Nous, on peut éblouir et rendre fier ; eux vont simplement rentrer dans le cadre ou satisfaire...

7 commentaires:

Intishar a dit…

une ébullition et des idées en vrac, presque de l'écriture automatque, traduisant des mots longtemps retenus, et qui ne demandaient qu'à se libérer..
mes idées alors en vrac..
je m'y mets aussi..
du silence, des nons dits pour cause de dignité..
on se parle on communique sans pour autant être capable de communier..
on constate des faits, on explique, on réfléchit, on est pragmatique, cartésien, on sait, on s'est informé..et si dans tout ceci il suffisait juste d'un peu..d'empathie..
désolée pour ce com décousu..
très bonne nuit ma puce

Intishar a dit…

j'allais oublier, il s'agissait de pudeur aussi..:)

Anonyme a dit…

Alors la, meme longueur d'onde, meme impression dun deni quon timpose.
Cest dingue comment certains arrivent a etouffer avec complaisance des questions cruciales sous pretexte dethique...! ("Ne pas parler de racisme, sinon cest se croire enfermer ds une identite a priori determinee blablabla"..) Merde, quoi.

sarah ben a dit…

un bonheur de vous lire les filles, contente d'avoir déclenchée ça, et surtout bien intimidée, vous êtes trop fortes!

yeah, i think Intishar has the point: "on se parle on communique sans pour autant être capable de communier..
on constate des faits, on explique, on réfléchit, on est pragmatique, cartésien, on sait, on s'est informé..et si dans tout ceci il suffisait juste d'un peu..d'empathie.."

ani, comme d'hab, d'accord avec toi, merde à l'éthique et à la bienséance, merde à la "bien-pensance", merde à tous nos amis gauche caviard et merde, juste pour le dire!
ouaaaaaaaaaaaaaaah, ça fait du bien! (laisse moi en profiter, bientôt de retour à police-land sur les bancs de notre vénérable institution, où il ne faudrait surtout pas se faire remarquer, surtout quand on est une "islamo-gauchiste", peut-être aurais-je dû prévenir les lecteurs, je suis peut-être un danger pour la société...

re-merde, tiens! et celle-là c'est pour le moujahid Kep....

Anonyme a dit…

Je suis émotionnée et impréssionariée de lire ces BELLES choses, parce que je me dis dans chaque tristesse ou calamité se cachent des grains de joie et de béatitude, la preuve... la calamity jane de la stupidité marocaine que je suis, a lu Kamikaze Plasticiens.
Rien que pour ça, je me vaux bien (d'être passée par là cousine)...

sarah ben a dit…

Cousin(e) merciiiiiiiiiiiiii!
c'est moi qui suis chamboulationnée et a7marisée de mon visage devant tant de compliments, merci mille fois de tes visites...

ps: Kamikaze Plsticiens? qu'est-ce?
sarah, bloggeuse inculte mais reconnaissante ;o)

Anonyme a dit…

Merci d'avoir un blog interessant